Une commission de la Knesset s’achève sans nouveau cadre antisismique
Des centaines de milliers d'habitations et de bâtiments publics sont à risque mais aucun accord n'a été conclu par la commission chargée de leur sécurité face aux séismes
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans l'immobilier pour le Times of Israel.
La réunion d’une commission de la Knesset consacrée à l’état de préparation du pays face aux tremblements de terre s’est achevée sans qu’un accord soit conclu concernant un nouveau cadre qui viendrait renforcer des centaines de milliers de bâtiments qui seraient vulnérables face à un éventuel séisme.
Les instances gouvernementales chargées de la planification antisismique, aux côtés des représentants d’autres groupes impliqués dans la préparation d’Israël aux tremblements de terre, ont conclu qu’il n’y avait aucun plan plus satisfaisant actuellement que le plan TAMA-38 actuel, considéré comme insuffisant.
Les dispositions du plan TAMA 38, qui était entré pour la première fois en vigueur en 2005, avaient été créées pour inciter le secteur privé à moderniser les fondations des anciens bâtiments en échange de droits à la construction et d’une fiscalité plus avantageuse. Le programme est devenu très populaire à Tel Aviv et à Jérusalem où les prix du logement sont élevés. Mais il n’a été que peu performant dans des localités comme Beit Shean et Tibériade, qui sont situées le long de la ligne de faille la plus importante du pays. Les prix de l’immobilier dans ces secteurs ne sont pas suffisamment élevés pour que les entrepreneurs aient le sentiment que les projets du TAMA 38 engendreront les bénéfices qu’ils recherchent.
Le plan TAMA 38 devait se terminer l’année dernière. Le programme de construction avait été prolongé en raison du nombre de projets en préparation et de l’absence d’alternative, avec une fin programmée à l’automne 2023.
Malgré cette prolongation, le Conseil national de planification et de construction a fait partie des instances qui ont rejeté le programme TAMA 38 pour son incapacité à atteindre son objectif : augmenter le nombre d’habitations renforcées suffisamment pour résister à un éventuel séisme à l’est d’Israël, un secteur considéré à haut-risque car il se trouve sur la faille syro-africaine.
Amit Gottlieb, à la tête de la Commission du réaménagement urbain au sein de l’ACB (Association des constructeurs israéliens), a déclaré devant la Commission chargée de la préparation aux séismes que « le programme TAMA 38 ne doit pas être arrêté au mois d’octobre », notant que « il n’y a pas d’alternative viable ». L’ACB a aussi présenté des propositions de changement du régime fiscal lié à la modernisation des bâtiments de manière à rendre les projets situés dans les zones qui en ont le plus besoin plus attractifs aux yeux des constructeurs.
L’ancienne ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked, pendant son mandat au ministère, avait établi un cadre (amendement 136) qui avait été accepté il y a presque un an. Il tentait de remplacer le plan TAMA 38 par un partenariat entre les municipalités et les développeurs, un partenariat visant à encourager les travaux antisismiques dans les secteurs où les prix de l’immobilier sont moins chers. Mais, selon l’ACB, pas un seul projet n’a encore été soumis à l’approbation dans ce cadre, qui entraîne plus généralement le scepticisme.
Le président de la commission, Yaakov Asher, ancien maire de Bnei Brak, a déclaré lors de la Commission qu’il ne pensait pas pour sa part que le plan de Shaked soit efficace et qu’il puisse être facilement mis en place. Il a fait savoir qu’il soutenait, pour sa part, une nouvelle prolongation de TAMA 38 au-delà du mois d’octobre 2023.
Un représentant de l’Autorité fiscale a indiqué que cette dernière examinait actuellement un nouveau système de crédit d’impôt qui chercherait à faire le lien entre des taxes avantageuses sur le développement du plan TAMA 38 dans le centre d’Israël et les projets visant à renforcer les constructions dans la périphérie du pays.
C’est le ministère de l’Intérieur qui a la responsabilité de la préparation du pays aux tremblements de terre. Mais le ministre qui vient tout juste d’être nommé en remplacement d’Aryeh Deri du Shas, Michael Malkieli – il appartient au même parti – ne serait pas venu au ministère une seule fois dans les premières semaines qui ont suivi sa nomination, a indiqué la Douzième chaîne.
Des photos de quartiers entiers effondrés – notamment de bâtiments récents – en Turquie et en Syrie, en résultat du tremblement de terre de la semaine dernière, ont attiré l’attention sur la possibilité que l’État juif soit touché par un séisme. Les normes de construction obligatoires qui sont en vigueur depuis 1980 devaient garantir que tous les nouveaux bâtiments construits depuis cette date étaient résistants aux tremblements de terre. Toutefois, des milliers d’écoles et entre 600 000 et un million d’habitations sont antérieures à ces directives sur les construction et elles n’ont pas été renforcées.