Une cour d’appel intervient dans l’expulsion des Hébreux Israélites de Dimona
Le juge a demandé au gouvernement de ne pas les expulser, rappelant que l'État a dit et répété aux membres de la communauté qu'ils obtiendraient la citoyenneté dans le futur
Une cour d’appel de Beer Sheva a demandé au gouvernement de réexaminer son ordonnance prônant l’expulsion de dizaines de membres de la communauté des Hébreux israélites de Dimona.
Dans une décision qui a été annoncée jeudi – et rendue publique vendredi par le quotidien Haaretz – le juge a écrit au ministre de l’Intérieur en titre, Michael Malkieli, en lui disant que l’État avait donné l’assurance aux membres de la communauté – et ce, de manière répétée – que leur demande de citoyenneté serait traitée de manière favorable.
« Même si je suppose que les membres de la communauté n’ont jamais eu la promesse du gouvernement que la question du statut de tous ses membres dans leur intégralité serait réglée, les nombreuses réunions enregistrées dans les retranscriptions ainsi que les nombreuses déclarations faites, au fil des ans, par les responsables – qui ont dit que les cas des membres de la communauté devaient être étudiés avec compassion – ont pu très certainement amener les membres de la communauté à penser que leur cas serait réglé favorablement », a écrit le juge Michael Zilberschmidt.
Zilberschmidt a ajouté que le ministre actuel n’était pas tenu de respecter la décision d’expulsion qui avait été prise par son prédécesseur, Ayelet Shaked.
Après le jugement, des représentants de la communauté ont confié à Haaretz qu’ils étaient déçus que le magistrat ait renvoyé la balle au ministère de l’Intérieur et qu’il n’ait pas tout simplement annulé l’ordonnance d’expulsion.
Environ 50 membres de la communauté des Hébreux israélites de Dimona, une ville du sud d’Israël, avaient été sommés de quitter le pays en 2021 – sous peine d’une expulsion forcée par la police de l’immigration – parce qu’ils n’avaient aucun statut légal.
Environ 3 000 Hébreux israélites vivent à Dimona.
En réponse aux appels émanant des membres de la communauté qui réclamaient de pouvoir rester dans le pays, l’Autorité de la population et de l’immigration au sein du ministère de l’Intérieur avait écrit à chaque famille en affirmant que ni une résidence pendant une longue période de temps dans le pays, ni l’occupation d’un emploi n’étaient suffisants pour justifier un changement de statut.
Un grand nombre des Hébreux israélites sommés de quitter le pays sont nés en Israël et ils ont fait leur service militaire.
La communauté, qui pense être la descendante d’une tribu israélienne antique, avait commencé à arriver au sein de l’État juif en 1969 à la suite de feu Ben Carter, un métallurgiste originaire de Chicago qui s’était donné le nom de Ben Ammi Ben Israel en affirmant être le représentant de Dieu sur terre.
Selon son site internet, la communauté – qui autorise la polygamie – ne souscrit à aucune religion, « la religion n’ayant fait que diviser les Hommes ». Elle respecte toutefois le Shabbat et les fêtes juives mentionnées dans la Torah ; elle circoncit les petits garçons huit jours après la naissance et elle exige que les femmes respectent les lois bibliques sur la pureté.
Elle n’est pas reconnue comme Juive par les autorités religieuses israéliennes.
De nombreux membres de la communauté avaient obtenu un statut de résident permanent en 2003 et ses jeunes avaient commencé à servir dans l’armée en 2004. Ceux qui font leur service militaire dans son intégralité ont le droit de réclamer la citoyenneté et la majeure partie des demandes est approuvée.
En 2014, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Gideon Saar, avait annoncé que les résidents permanents pouvaient obtenir la citoyenneté s’ils abandonnaient par ailleurs la nationalité américaine (à l’exception des anciens soldats qui avaient le droit de conserver leur passeport américain).