Une délégation de 173 femmes françaises en visite à Auschwitz
Le voyage, rassemblant des femmes aux horizons très variés, a été organisé par l’association Langage de femmes, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah
Un groupe de 173 femmes françaises, aux horizons très variés, ont visité ce mois-ci le camp d’extermination et mémorial d’Auschwitz, en Pologne. Le voyage était organisé par l’association Langage de femmes, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah. Un avion a été spécialement affrété pour l’occasion.
Langage de femmes, créé en 2017, vise à mettre les femmes au cœur de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.
Tous les profils étaient représentés dans le voyage, a rapporté Libération, qui a couvert la visite : cadres, DRH et directrice de la communication, présentatrice télé (Karine Le Marchand, accompagnée de sa mère), coiffeuse, nounou, agente d’entretien, ados, quadras, retraitées, juives, musulmanes, catholiques, agnostiques…
Beate Klarsfeld, Isabelle Rome, ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes et à la Diversité, ou encore Elise Fajgeles, secrétaire générale de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), étaient elles aussi du voyage.
Le groupe a visité le camp de nuit, après s’être vu accorder une dérogation, alors que ces femmes sont arrivées après la fermeture habituelle des lieux en raison d’un avion qui a atterri en retard.
« Dans le froid et sous la neige, nous avons parcouru l’itinéraire entre Auschwitz et Birkenau, ‘l’usine de la mort’ où les chambres à gaz et les crématoires ont mis en œuvre la ‘solution finale’. Nous avons éclaté en sanglots devant les montagnes de cheveux humains, d’objets du quotidien ou de chaussures ayant appartenu aux victimes », a écrit l’association sur Facebook après le voyage.
Le but de celui-ci était de permettre ensuite à ces femmes de relayer et raconter à ceux qui n’ont pas l’opportunité de se rendre en Pologne la réalité de la Shoah.
« On crée une communauté unie et indivisible pour passer une journée, se recueillir, se souvenir, comprendre et pouvoir transmettre à notre retour », a expliqué au journal français Samia Essabaa, cofondatrice de l’association. « Le fait de réunir des femmes qui ne pourraient jamais se rencontrer en dehors de cette occasion, c’est formidable. »
« Pour être armée avec les connaissances nécessaires pour pouvoir lutter contre le racisme, l’antisémitisme et toutes les discriminations, il faut apprendre », a-t-elle ajouté.
Professeure d’anglais en lycée professionnel en Seine-Saint-Denis, elle explique que son engagement associatif a pris forme quand elle a été confrontée à des théories du complot exprimées par des élèves après les attentats du 11 septembre 2001.
« Rester entre les quatre murs d’une classe, ça ne marche pas : il faut du concret. Il y a des gamins tellement sceptiques qu’il faut leur montrer. Quand ils voient les vitrines de cheveux, les layettes de bébés, les fours, les chambres à gaz, ça change la donne », a-t-elle indiqué.
Elle voit ainsi Auschwitz comme « le lieu qui symbolise le mieux ce que l’homme peut transmettre par la parole et ensuite par un geste physique. Tous les préjugés qu’on peut avoir commencent par des mots et ça se termine par des actes. C’est ce que je veux montrer sur place. »
À l’issue de la visite, des bougies ont été allumées et le groupe a entonné le Chant des partisans. Devant elles, la mezzo-soprano Sofia Falkovitch a aussi entonné le Maale Rahamim et le Kaddish.
Prochainement, à Paris, le groupe se réunira à nouveau pour revenir sur ce voyage et partager leurs souvenirs.
Avant la visite à Auschwitz, l’association Langage de femmes avait organisé une rencontre avec Esther Senot et Ginette Kolinka, survivantes de la Shoah.