Une ex-otage du Hamas refuse de prêter son concours à une opération de relations publiques de Netanyahu
Margalit Moses, dont l'ex mari est toujours otage, déplore "une chaîne ininterrompue de négligences, depuis le 7 octobre" qui font que les otages reviennent dans des cercueils plutôt qu'en vie
Ex-otage de Gaza libérée en novembre dernier, Margalit Moses a déclaré jeudi qu’elle n’assisterait pas à la réunion prévue, vendredi, avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d’autres ex-otages.
« Merci pour l’invitation, mais je ne participerai pas à cette réunion destinée à prendre des photos et faire des relations publiques alors que mes compagnons souffrent dans les tunnels du Hamas à Gaza », a écrit Moses, âgée de 78 ans, dans une réponse adressée à Netanyahu, explique Ynet.
« Je les ai vus de mes propres yeux en vie, en captivité, et aujourd’hui, à cause de cette chaîne ininterrompue de négligences, depuis le 7 octobre, c’est dans des cercueils que nous les rapatrions », a-t-elle déploré.
Mardi, l’armée israélienne a en effet rapatrié la dépouille des otages Alex Dancyg, 75 ans, Yagev Buchshtav, 35 ans, Chaim Peri, 79 ans, Yoram Metzger, 80 ans, Nadav Popplewell, 51 ans, et Avraham Munder, 78 ans. Elle a confirmé jeudi que l’autopsie des corps avait révélé qu’ils avaient été tués par balles.
Moses a ajouté que son refus de déférer à cette invitation était liée aux nombreuses informations selon lesquelles le Premier ministre sabordait les négociations en vue d’un accord sur la libération des otages en échange d’un cessez-le-feu et de la libération de prisonniers de sécurité palestiniens incarcérés dans des prisons israéliennes.
« Je ne vois pas l’intérêt d’assister à une réunion avec la personne qui, par ses actes, prouve que la libération des otages n’est pas sa priorité et les laisse mourir », a écrit Moses, ajoutant qu’elle serait heureuse de voir Netanyahu « à la réception donnée pour le retour des 109 derniers otages ».
L’ex-mari de Margalit, Gadi, est toujours otage à Gaza.
Les négociations de libération des otages sont au point mort depuis maintenant des mois, les deux parties s’accusant mutuellement de saborder les pourparlers et de ne pas négocier sérieusement.
Netanyahu est par ailleurs accusé par des membres de l’équipe de négociation israélienne de nuire aux pourparlers à grands renforts d’exigences évolutives concernant le maintien des forces israéliennes dans les couloirs de Philadelphie et de Netzarim à Gaza.
Selon Ynet, neuf ex-otages ayant des proches otages à Gaza prendront elles part à la réunion : il s’agit de Yelena Trufanov, mère de Sasha Trufanov, d’Ilana Gritzewsky, petite amie de Matan Zangauker, de Raz et Ella Ben Ami, épouse et fille d’Ohad Ben Ami, d’Aviva et Shir Sigal, épouse et fille de Keith Sigal, de Yocheved Lifshitz, épouse d’Oded Lifshitz et enfin d’Adi Shoham, épouse de Tal Shoham.
Ils sont supposés faire une déclaration aux médias à 13 heures, après la réunion.
Margalit Moses a été prise en otage par le Hamas le 7 octobre en même temps que 250 autres personnes. Elle a expliqué à la Douzième chaîne avoir été détenue à l’intérieur d’un tunnel avec Yocheved et Nurit Cooper, elles aussi relâchées depuis, Amiram Cooper, dont le corps est toujours détenu à Gaza, et Munder.
Les terroristes lui ont, explique-t-elle, pris sa bouteille d’oxygène à son arrivée à Gaza, ce qui l’a empêchée de dormir pendant toute sa captivité.
Au deuxième jour de captivité, Moses dit avoir vu le chef du Hamas, Yahya Sinwar, qu’elle a décrit comme quelqu’un d’ « arrogant ».
On estime à 105 sur les 251 enlevés par le Hamas le 7 octobre le nombre d’otages encore à Gaza, parmi lesquels les corps de 34 personnes dont la mort a été confirmée par l’armée israélienne.
Le Hamas a libéré 105 civils à la faveur d’une trêve d’une semaine, fin novembre, auxquels s’ajoutent les quatre otages libérés un peu avant. Sept otages ont été secourus vivants par des soldats, et les corps de 30 otages ont été retrouvés, dont trois tués par erreur par l’armée alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.
Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza respectivement en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats de Tsahal tués en 2014.