Une Jordanienne détenue sans procès en Israël hospitalisée
Des informations ont fait savoir que la santé de Hiba al-Labadi s'était détériorée après 36 jours de grève de la faim visant à protester contre sa détention administrative
Une citoyenne jordanienne, en grève de la faim depuis un mois pour protester contre sa détention sans procès en Israël, a été hospitalisée à deux reprises, ces derniers jours, en raison de son état de santé.
Hiba al-Labadi, d’origine palestinienne, a été admise à l’hôpital Bnei Zion de Haïfa, lundi, selon des informations. Elle a quitté l’établissement mardi.
Elle a été perfusée et renvoyée à la prison Kishon, située dans le nord d’Israël, où elle est incarcérée. Selon le quotidien Haaretz, son état de santé est contrôlé par les médecins du centre de détention.
Cette Jordanienne de 32 ans avait été arrêtée le 20 août dernier au poste-frontière du pont d’Allenby, en Cisjordanie, soupçonnée d’être impliquée dans de graves infractions sécuritaires, selon les services du Shin Bet.
Elle se trouve actuellement en détention administrative, une mesure israélienne qui permet la détention d’individus, pendant des mois – sans que des accusations n’aient été officiellement formulées. Les autorités clament que cette mesure est utilisée lorsque la divulgation des accusations risque de mettre en péril la sécurité du pays et les services de renseignement.
La semaine dernière, son avocat Raslan Mahajna a déclaré à Haaretz que l’arrestation était liée à des rencontres de la jeune femme, au Liban, avec des personnes affiliées au groupe terroriste du Hezbollah. Mahajna a précisé que lorsqu’elle s’était rendue récemment chez sa sœur à Beyrouth, Al-Labadi s’était entretenue avec un présentateur de la station de radio Al-Nour, un média du Hezbollah.
Haaretz a fait savoir que les responsables israéliens estimaient qu’Al-Labadi avait été probablement envoyée en Cisjordanie pour y recruter des agents pour le groupe terroriste basé au Liban.
L’intéressée nie ces accusations et a entamé, il y a 36 jours, une grève de la faim pour protester contre son arrestation et ses conditions de détention.
D’après sa famille, la jeune femme n’est pas une militante politique. Elle a ajouté qu’elle avait été torturée par le Shin Bet au cours de son interrogatoire.
Son avocat affirme qu’elle est isolée, maltraitée, agressée verbalement et incarcérée dans des conditions brutales. Il ajoute que ses interrogateurs l’ont menacée d’une longue peine de prison et d’une interdiction de retourner en Jordanie.
ברגעים אלו בכיכר הבימה בתל אביב יפו, ולמשך 24 שעות נשב אזוקות, מכוסות עיניים ובתוך "צינוק" שקוף. 'עצורה' מביאה את סיפורן…
Posted by חופש להיבה الحريّة لهبة FreeHiba on Sunday, October 27, 2019
Le ministère des Affaires étrangères jordanien a envoyé, il y a deux semaines, une lettre ferme à l’ambassade israélienne à Amman, réclamant la libération immédiate d’Al-Labadi.
Samedi, des douzaines de Palestiniens se sont rassemblés à Jérusalem-Est pour protester contre l’incarcération de la jeune femme par Israël. Selon des informations, les forces de sécurité israéliennes ont dispersé la manifestation, affrontant les personnes présentes. Il y aurait eu plusieurs arrestations.
Dimanche, ce sont des militants de la gauche israélienne qui ont manifesté dans le centre de Tel Aviv pour protester contre la détention d’Al-Labadi. Ce mouvement de protestation organisé place Habima, qui a duré 30 heures, a eu pour objectif d’attirer l’attention du public israélien sur les conditions d’emprisonnement des prisonniers sécuritaires, en mettant en scène des femmes assises dans une boîte transparente, menottées et aveuglées.
Les militants ont aussi lancé une page en hébreu sur Facebook appelée « FreeHiba » [Libérez Hiba] avec des informations sur l’affaire. Elle a obtenu plus de 2 000 metions « J’aime » en quelques jours.
Lundi, la cour militaire d’Ofer a entendu un appel des avocats d’Al-Labadi, qui réclament sa libération. Des douzaines de militants se sont réunis aux abords du tribunal, en Cisjordanie, pour faire part de leur soutien à la jeune détenue.
« L’armée doit immédiatement libérer Hiba qui ne sait même pas ce dont on l’accuse », a déclaré aux journalistes la députée Aida Touma-Suleiman, de la Liste arabe unie, à l’extérieur de la salle d’audience.
« La détention administrative est un crime », a-t-elle ajouté.
Après l’audience, Mahajna a confié à Haaretz qu’il avait offert au juge un accord qui permettrait de libérer Al-Labadi et Abdelrahman Maree – un autre citoyen jordanien également placé en détention administrative – contre l’engagement que tous les deux n’entreraient pas en Israël ou en Cisjordanie pendant une période de 18 mois.
Mahajna a expliqué que les magistrats prendraient une décision après consultation avec le Shin Bet.
Les autorités israéliennes n’ont pas encore réagi publiquement sur l’affaire Al-Labadi.