Une lettre d’Einstein datant de 1939 vendue 134 000 dollars aux enchères
Vingt-trois acquéreurs ont renchéri sans discontinuer ; le physicien légendaire avait rédigé cette missive appelant à l'unité juive à la veille de la Seconde Guerre mondiale
LOS ANGELES – « Nous n’avons aucun autre moyen d’auto-défense que notre solidarité et que notre conscience de ce que la cause pour laquelle nous souffrons est une cause capitale et sacrée, » avait écrit Albert Einstein en 1939.
Cette lettre avait été rédigée peu avant l’invasion de la Pologne par Hitler, qui marqua le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah. Ce cri de ralliement a eu un écho suffisamment puissant en 2019 pour atteindre la somme de 134 343 dollars (soit 119 598 euros) lors de la vente aux enchères de la missive originale, organisée le 29 mars.
Les enchères conduites par Nate D. Sanders Auctions, à Los Angeles, ont ouvert à 12 000 dollars (10 700 euros), mais se sont élevées sans discontinuer, mettant en exergue la concurrence intense entre les 23 acquéreurs déterminés à l’emporter.
Le prix final a largement dépassé celui le plus élevé auquel avait été vendu un courrier du scientifique de renom – 53 504 dollars (47646 euros), selon le porte-parole de l’entreprise Samuel Heller. Le commissaire-priseur américain en a présenté 20 aux enchères depuis 2017.
Même l’original du cliché emblématique d’Einstein tirant la langue aux photographes qui le poursuivaient n’arrive que deuxième, à 125 000 dollars.
Conformément à la politique appliquée par l’entreprise, Nate D. Sanders n’a pas révélé le nom des vendeurs et des acheteurs.
Albert Einstein avait envoyé ce courrier le 10 juin 1939 depuis Princeton, dans le New Jersey, alors que les Juifs fuyaient l’Allemagne nazie, et que Hitler se préparait à lancer la Seconde Guerre mondiale.
Il était adressé au docteur Maurice Lenz de New York, un militant juif qui s’efforçait alors de permettre aux réfugiés d’entrer aux Etats-Unis. La missive commençait ainsi : « Le pouvoir de résistance qui a permis aux Juifs de survivre pendant des milliers d’années a été fondé en large partie sur des traditions d’entraide mutuelle. »
Le physicien concluait sa lettre en disant : « Cela doit être pour vous une source de profonde satisfaction d’apporter une contribution si importante au sauvetage d’un péril catastrophique de nos coreligionnaires juifs persécutés, en les amenant vers un avenir meilleur. »