Une ligne ferroviaire ottomane honorée par la Bibliothèque nationale d’Israël
Le chemin de fer de Hejaz, construit au début des années 1900, reliait Damas à la péninsule arabe, transportant des pèlerins se rendant au Hajj ou déplaçant des militaires
Des images rares montrant la construction d’une ligne ferroviaire qui traversait toute la région pour emmener des pèlerins au Hajj, à la Mecque et à Médine, ainsi que pour échapper aux épidémies, ont été rendues publiques par la Bibliothèque nationale d’Israël dans la journée de mardi.
Ces photos, qui n’avaient jamais été publiées auparavant, du chemin de fer ottoman de Hejaz ont été présentées alors que le monde se trouve en pleine saison du Hajj, et que le nombre de pèlerins devrait être réduit cette année en raison de la pandémie globale de coronavirus, a noté la Bibliothèque nationale dans un communiqué.
Les clichés montrent les travaux entrepris sur la ligne ferroviaire qui avait été construite entre 1900 et 1908 par l’empire Ottoman avec pour objectif de relier la région de Hejaz à la péninsule arabe, où sont situées les villes saintes de la Mecque et de Médine. Une section de la voie, qui traversait la Jordanie d’aujourd’hui, se rendait également à Haïfa.
Un album de 68 photos accompagnées de légendes écrites à la main est disponible sur internet. Les photos ont été prises par Karl Lorenz Auler, un général prussien qui avait été envoyé pour surveiller les progrès du projet et pour étudier la géographie et l’ethnographie locales.
« Ses clichés apportent un témoignage important des progrès de la construction en plus d’un témoignage sur la vie quotidienne dans la région », note le communiqué.
« La plus grande mobilité, au 19e siècle, avait directement contribué à l’essor des pandémies globales », commente Sam Thrope, expert à la Bibliothèque nationale d’Israël, dans le communiqué. « Le choléra, qui était apparu en Inde, avait été transporté jusqu’à la Mecque par un pèlerin qui se rendait au Hajj en 1863 et de là, il s’était propagé dans le monde entier. Alarmées, les puissances coloniales européennes avaient imposé des quarantaines strictes à ceux qui arrivaient et, en particulier, à tous ceux qui revenaient de la Mecque ».
Les profits économiques de cette ligne de chemin de fer avaient été négligeables. Mais elle avait été aussi construite – en plus du prestige – pour déplacer les troupes militaires et contourner les quarantaines, explique le communiqué.
Elle avait permis de « créer l’image du dirigeant ottoman Abdulhamid II en tant que leader panislamique par excellence de l’époque, une image encore davantage renforcée par le fait que le projet avait été entièrement financé par les musulmans », ajoute le communiqué.
Même si la ligne de chemin de fer avait été construite par les Ottomans, des ingénieurs et des conseillers allemands avaient joué un rôle important dans sa planification et lors des travaux, ce qui explique la raison pour laquelle Auler était parvenu à avoir cet aperçu de première main sur le projet.
D’autres clichés de la construction de la ligne de chemin de fer ont été publiés dans le passé, note la Bibliothèque, mais pas ceux qui ont été rendus publics mardi.
Ces images ont été données à la Bibliothèque par Gotthold Weil, « un érudit respecté de l’islam, un Juif allemand, et il est probable que l’ancien directeur de la Bibliothèque les aient reçues d’Auler lui-même », poursuit le communiqué.