Une Maison Blanche israélienne ? Inadaptée et hors de prix – Contrôleur d’Etat
Les concepteurs du projet de résidence du Premier ministre ont travaillé des années avec des informations dépassées ; les coûts estimés ont doublé, la faisabilité est douteuse
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Malgré des années de travail et des millions investis, le projet de création d’un nouveau bureau du Premier ministre et d’une résidence officielle n’a même pas dépassé le stade de la planification, et tout le concept est en suspens, selon un rapport du contrôleur de l’Etat publié lundi.
Le contrôleur de l’État, Matanyahu Englman, a constaté que le coût du projet dit de la Maison Blanche israélienne s’élevait désormais à 1,2 milliard de NIS (300 millions d’euros), tel qu’estimé en 2018, soit le double du chiffre de 650 millions de NIS (162,5 millions d’euros) avancé lorsque le projet a reçu le feu vert en 2009.
« La planification du projet n’est pas terminée, la construction n’a pas encore commencé et la faisabilité de sa réalisation est douteuse », a écrit Englman. « Ceci malgré la position claire des professionnels quant à la nécessité d’un avancement rapide du projet. »
« En conséquence, il y a un danger pour les principaux intérêts nationaux », a-t-il écrit.
La résidence du Premier ministre israélien, officiellement nommée Beit Aghion, est située dans un quartier résidentiel du centre de Jérusalem et n’est pas adjacente au Bureau du Premier ministre, qui se trouve dans le quartier gouvernemental près de l’entrée ouest de la ville.
En 2009, le gouvernement a approuvé un projet, finalement non mis en œuvre en raison de son coût excessif, visant à réunir la résidence et le bureau du Premier ministre dans un nouveau lieu au sein du quartier gouvernemental. En 2014, le gouvernement a décidé d’aller de l’avant avec ce projet, et en 2015, il a demandé qu’il soit achevé pour 2018.
Englman a adressé des critiques au service de sécurité du Shin Bet, qui, selon lui, avait passé des années à évaluer les exigences de sécurité du projet sur la base d’informations dépassées qui n’incluaient pas les changements significatifs apportés au système de circulation à l’entrée de la capitale, et la mise en service du tramway. Ce n’est qu’en 2018 que le Shin Bet a commencé à travailler avec des plans plus précis.
« Les retards dans la vérification des informations de planification ont entraîné une perte de temps précieux, de ressources financières et non financières qui se sont envolées », a écrit M. Englman.
Dans l’intervalle, le projet a de nouveau été mis en attente car le Shin Bet, travaillant à partir de plans plus précis, a conclu qu’il ne serait peut-être même pas possible d’installer le complexe sur le site prévu car cela nécessiterait d’importantes mesures de sécurité qui, selon Englman, contribuent grandement à l’augmentation du coût estimé. Il est maintenant envisagé de trouver un nouvel emplacement pour le bureau et la résidence.
M. Englman a constaté que 6,5 millions de NIS ont déjà été dépensés pour la planification architecturale, qui seront perdus si un nouveau site est choisi. Dans le même temps, la résidence de l’actuel Premier ministre doit faire l’objet d’un renforcement de la sécurité à hauteur de 50 millions de NIS.
Le contrôleur a également découvert qu’une commission spéciale de la Knesset créée en 2014 pour aider à aplanir les obstacles à la réalisation du projet n’avait pas tenu une seule réunion avant l’année dernière, lorsque l’évaluation du contrôleur a été réalisée.
Englman a conseillé qu’une décision gouvernementale soit prise sur l’avenir du projet « dès que possible ».
Le bureau du Premier ministre a répondu dans un communiqué, rapporté par Haaretz, qu’il « considère comme très important de faire avancer le projet ».
Le communiqué indique que, compte tenu des problèmes de sécurité qui n’ont été révélés « qu’au cours des dernières étapes » des travaux de planification, « il a été immédiatement décidé de suspendre le projet là où il se trouvait – une décision qui a permis d’économiser plusieurs millions ».
Avant même la publication du rapport du contrôleur de l’État, le bureau du Premier ministre avait commencé à étudier une « alternative efficace et fonctionnelle au projet, en mettant l’accent sur la réduction des coûts, la maximisation de l’efficacité et la minimisation de l’impact de la structure sur les personnes vivant à proximité ».
Le bureau du Premier ministre a noté que le renforcement de la sécurité à la résidence officielle actuelle n’avait pas encore commencé.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.