Une nouvelle route au sud de Netanya mettrait en danger la faune et les oiseaux
Le marais de Poleg, deuxième en taille après celui de la vallée de Hula dans le nord, serait essentiel au développement harmonieux de la faune, y compris les oiseaux migrateurs
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
L’Autorité israélienne de la nature et des parcs (INPA) et des groupes environnementaux espèrent susciter suffisamment d’opposition publique pour arrêter la construction d’une route qui, selon eux, sonnera le glas de la deuxième plus grande zone humide du pays, le marais de Poleg, au sud de Netanya, dans le centre d’Israël.
Le plan de la route a été déposé au Comité national de l’infrastructure.
Ce mardi est le dernier jour pour que le public et les groupes environnementaux enregistrent leurs objections avant que le projet ne soit approuvé.
Le marais fait partie de la plaine inondable de la rivière Poleg et abrite des centaines d’espèces d’animaux et de plantes, dont certaines sont en danger d’extinction.
Situé à l’est du kibboutz Yakum, c’est le seul vestige d’une zone humide qui s’étendait autrefois sur plusieurs centaines d’hectares, et constitue une zone de repos vitale pour les oiseaux migrateurs. Poumon vert très rare dans cette zone très urbanisée, il est également très apprécié par les milliers d’Israéliens, qui s’y rendent chaque week-end.
Les plans sont publics depuis des années pour augmenter de deux à quatre les lignes de chemin de fer traversant déjà le marais, entre la ville de Haïfa située plus au nord, et le kibboutz Shefayim sur la côte centrale israélienne.
Deux lignes supplémentaires seront ajoutées pour circuler localement entre Netanya et Shefayim. Les organisations environnementales ne s’y sont pas opposées parce qu’elles estiment que les transports publics doivent être développés pour réduire la pollution créée par les automobiles.
Mais l’idée d’une nouvelle route de 60 mètres de large qui desservirait uniquement les transports en commun entre Netanya et Shefayim n’a émergé qu’il y a quelques années lorsque le Comité national des infrastructures, un organisme mis en place pour accélérer la planification, a modifié le dépôt du plan ferroviaire.
Selon Roei Shtrauss, directeur de l’INPA pour le district de Sharon, les planificateurs n’ont pas réalisé l’étude appropriée relative à l’impact environnemental qu’aurait une telle route, comme l’exige la loi, ni étudié d’alternatives.
Yariv Malichi, écologiste du district central de l’INPA, a noté qu’Israël avait autrefois 25 000 hectares de zones humides qui ont été réduites pour s’étendre à présent sur environ 800 hectares seulement.
Ces zones se trouvent principalement dans des réserves naturelles, parmi lesquelles dans la vallée de Hula, au nord d’Israël, le site de la plus grande zone humide du pays.
Le marais de Poleg revêt une importance vitale, car c’est le seul de la région, a expliqué Malichi.
Il attire des oiseaux du monde entier, ainsi que des prédateurs locaux de toutes tailles, parmi lesquels des chats des marais en voie de disparition.
Les zones humides sont également reconnues pour leur capacité à absorber des quantités massives de dioxyde de carbone qui sont présentes dans l’air ambiant.
Une route bruyante et éclairée menacerait la nidification en perturbant la communication entre les oiseaux, a averti Malichi.
« La vie ne pourra pas continuer ici », a-t-il ajouté si le plan routier venait à aller de l’avant.
Selon un avis professionnel obtenu par l’INPA du professeur émérite Abishai Polus, du Technion – Institut israélien de technologie, il n’y a pas de routes interurbaines réservées uniquement aux transports publics, nulle part en Israël ou dans le monde.
Ce projet particulier, pour accueillir un nombre relativement restreint d’autobus, n’est pas nécessaire, a-t-il conclu. Les modifications apportées à la route côtière (route 2) pour permettre plus de transports publics répondraient aux besoins du pays pour au moins les 20 prochaines années, a déclaré le professeur Polus.
La Société pour la protection de la nature en Israël (SPNI) est également impliquée dans la lutte, notant qu’une route apportera de la pollution au marais, et détruira la zone qui fait partie d’un important corridor écologique local et national, à travers lequel les animaux peuvent se déplacer entre les zones bâties.
Toute la région est soumise à une immense pression pour le développement de constructions.
Au nord-ouest, là où la rivière Poleg se jette dans la mer Méditerranée, les résidents se battent contre les plans de construction d’un grand hôtel et d’un complexe commercial près de la plage, à la limite sud de Netanya. Ils estiment que cela portera atteinte aux écosystèmes, et privera le public d’un espace naturel très apprécié.
Le Comité national de l’infrastructure a déclaré qu’il ne pouvait pas commenter les objections relatives à la construction de la route. Comme toutes les objections au plan, celle-ci sera également prise en compte et étudiée, et la décision sera rendue par le Comité.