Une pétition devant la Haute cour demande de protéger les Palestiniens de Cisjordanie
Les attaques présumées des résidents d'implantation et des réservistes auraient entraîné le déplacement de plus d'un millier de Palestiniens depuis le 7 octobre
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Une requête qui a été déposée devant la Haute cour au nom de cinq villages palestiniens de la Zone C, en Cisjordanie, demande à l’armée, à la police et aux autres agences d’État israéliennes de se mobiliser pour protéger les résidents face au harcèlement et aux agressions des extrémistes du mouvement pro-implantation et des soldats réservistes rebelles – des pratiques qui ont entraîné des déplacements de population, avec des Palestiniens qui ont fini par abandonner les villages où ils habitaient.
La pétition, qui a été déposée la semaine dernière par l’organisation Haqel: In Defense of Human Rights organization, survient dans un contexte de hausse massive des plaintes portant sur des violences anti-palestiniennes qui ont été perpétrées par des résidents d’implantation à l’encontre de civils et suite au déplacement présumé de plus d’un millier de Palestiniens qui vivaient dans quinze communautés de la Cisjordanie depuis le 7 octobre – date de l’assaut atroce commis par les hommes du Hamas dans le sud d’Israël, une attaque qui a entraîné la guerre que mène actuellement l’État juif dans la bande de Gaza. Les chiffres des déplacés ont été avancés par le Bureau de coordination des Affaires humanitaires des Nations unies.
La pétition a été déposée au nom de 26 résidents des villages de Susya, Waad Jahish, Zanuta, Shaab el Botum, Thala et Guvais, dans le sud des collines de Hébron.
« Les résidents de ces communauté ont la peur au ventre et l’inquiétude chevillée au corps actuellement, craignant qu’à n’importe quel moment, des partisans du mouvement pro-implantation et des soldats s’introduisent de force dans leurs habitations, qu’ils les attaquent avec violence comme c’est arrivé dans toutes les communautés qui ont été expulsées de chez elles et à qui il avait été ordonné de partir », indique la pétition.
De nombreux civils palestiniens qui vivent dans des villages ruraux de la Zone C de la Cisjordanie – et particulièrement dans le sud des collines de Hébron et dans la vallée du Jourdain – ont signalé des attaques violentes de la part des résidents d’implantation et des réservistes qui s’en sont pris à leurs biens, y-compris à des infrastructures déterminantes comme des citernes permettant de stocker l’eau ou des panneaux solaires, mais aussi à leurs équipements agricoles, à leurs troupeaux ou à leurs produits. Ils ont aussi raconté avoir été agressés physiquement ou menacés de mort s’ils n’acceptaient pas de quitter les terres occupées par leurs différentes communautés.
La formation d’une nouvelle réserve de l’armée – qui porte le nom de « Bataillons régionaux de défense », qui comprennent dans leurs rangs des résidents des implantations de Cisjordanie – serait, selon plusieurs groupes de défense des droits de l’Homme, l’une des raisons expliquant cette recrudescence des violences à l’encontre des civils palestiniens.
« L’expulsion des communautés s’effectue, dans la plupart des cas, sur la base d’un modus operandi qui reste le même – des partisans extrémistes du mouvement pro-implantation et des soldats armés viennent presque quotidiennement dans les habitations des résidents ; ils sèment la désolation et ils détruisent le village, en particulier des infrastructures vitales ; ils bloquent les routes d’accès permettant de venir et de partir du village ; ils agressent les résidents, parfois à l’arme à feu ; ils leur interdisent de prendre des photos, leur prenant même leur téléphone et le détruisant pour les empêcher d’avoir des preuves de l’incident et, enfin, ils donnent aux villageois un ultimatum, leur disant que s’ils ne quittent pas leurs habitations dans un temps imparti, ils reviendront et ils leur porteront gravement atteinte », note Hagel dans sa pétition.
L’organisation a demandé l’émission, par la Haute-cour, d’une ordonnance intermédiaire en direction du commandant des forces de Tsahal en Cisjordanie, de la police israélienne et du chef de l’Administration civile en Cisjordanie – une ordonnance les sommant d’utiliser leur pouvoir pour mettre un terme à ces attaques et de protéger les plaignants et leurs biens en déployant les services de sécurité nécessaires.
La pétition comprend les témoignages de nombreux résidents de cinq villages, qui racontent les attaques répétées commises à leur encontre. Dans certains cas, ces témoignages sont accompagnés de photos montrant les dégâts essuyés dans les communautés, des photos montrant les auteurs présumés des attaques et les certificats médicaux de certains Palestiniens qui ont dû être pris en charge à l’hôpital après avoir été agressés.
Haqel établit dans sa requête que selon les témoignages qui ont été collectés par l’organisation, la police et les militaires ont été dans l’incapacité d’intervenir même lorsqu’ils avaient été contactés au moment où se déroulait l’incident.
La police aurait ainsi répondu que c’était l’armée qui était responsable d’intervenir dans l’attaque ou elle aurait demandé aux victimes de venir porter plainte en personne au commissariat de Kiryat Arba, alors que l’agression était encore en cours.
Les responsables du Bureau de coordination de district au sein du Bureau du Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT), un département du ministère de la Défense responsable des Affaires civiles en Cisjordanie, a, semble-t-il, peu répondu au téléphone lorsqu’il a été contacté par les Palestiniens pendant une attaque et il n’a envoyé que rarement des soldats pour prendre en charge les incidents, selon la pétition.
Haqel a affirmé que l’armée et la police israélienne avaient l’obligation, comme le stipule la loi israélienne, comme des jurisprudences l’ont établi et comme l’exige aussi le droit humanitaire international, d’assurer la protection des résidents palestiniens de la Zone C de la Cisjordanie qui est placée entièrement sous le contrôle civil et sécuritaire israélien.
« Sur la base de leur conduite, les personnes mises en cause ont renoncé à assumer leurs obligations telles qu’elles sont définies dans la loi internationale et dans le droit administratif israélien… et elles ont ainsi placé les plaignants dans une situation de danger immédiat d’être expulsés et même dans une situation où leur vie a été mise en danger », affirme l’organisation Hagel.
Après le dépôt de la requête, la semaine dernière, les juges avaient demandé à l’État d’apporter une réponse déjà jeudi dernier – mais l’échéance accordée au gouvernement a été repoussée d’une semaine.