Une piste d’atterrissage construite devant chez Liberman, après sa démission
Le projet devait permettre à l'ancien chef de la défense de voyager en hélicoptère sans encombre, il servira désormais à l'armée, assure le ministère
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
En décembre, le ministère de la Défense a achevé la construction d’une surface d’atterrissage pour hélicoptère dans l’implantation cisjordanienne de Nokdim, a appris le Times of Israël. Elle doit permettre à Avigdor Liberman de voyager sans encombre depuis sa maison pour accomplir ses missions de ministre de la Défense. Seul hic : Liberman a quitté le poste en novembre.
L’établissement de l’hélisurface avait été initialement approuvé en septembre 2017, soit à peu près un an et demi après la nomination du chef du parti Yisrael Beytenu au poste de ministre de la Défense. Le projet avait été présenté à l’époque comme une mesure de sécurité. Le ministère était en effet préoccupé par le fait que Liberman emprunte tous les jours la même route pour sortir de son implantation au sud-est de Bethléem et préférait qu’il dispose de plusieurs itinéraires.
En 2014 et 2018, le Shin Bet avait déjoué des projets du Hamas et du Djihad islamique palestinien de tendre une embuscade au convoi de Liberman en route vers Jérusalem.
Pour construire la piste d’atterrissage et une route reliée à la voie d’accès de l’implantation, l’armée israélienne a ainsi saisi 0,4 hectares de terrain devant la maison du résident de Nokdim.
Le ministère a confirmé au Times of Israël que le chantier s’était achevé après la démission du ministre le 14 novembre dernier, mais qu’il avait commencé avant son départ.
Néanmoins, un résident de l’implantation souhaitant rester anonyme, affirme que début novembre, « le chantier n’avait guère commencé ».
Le ministère explique qu’il a décidé de réaliser le projet après la démission de Liberman car la piste « sera utilisée par les forces de sécurité dans la région de Judée et Samarie (Cisjordanie). »
Réagissant aux déclarations du ministère, l’ONG de surveillance des implantations, Kerem Navot, affirme que la décision de mettre la piste au service de l’armée « était une nouvelle invention destinée à cacher le simple fait que la piste d’atterrissage a été construite aux dépens des contribuables, quelle qu’en soit la nécessité. »
« La preuve, c’est que des centaines de villes en Israël et en Cisjordanie n’ont pas de piste d’atterrissage pour hélicoptère, pourtant les hélicoptères n’ont aucun mal à y atterrir, » ajoute l’ONG de gauche.
Ce n’est pas la première fois qu’une nouvelle infrastructure de transport est soupçonnée de servir les intérêts de Liberman. En 2007, l’État hébreu avait inauguré la Route 398, qui relie le quartier de Har Homa à Jérusalem-Est à l’implantation de Tekoa, près de Bethléem. Les travaux avaient débuté alors que Liberman était ministre des Transports, d’où son surnom de « Route Liberman ».
Son cabinet a publié un communiqué affirmant que l’ancien ministre de la Défense « n’a jamais été impliqué dans cette décision, qui a été prise par de grands pontes de la défense professionnels. Liberman n’a pas demandé la construction d’une surface d’atterrissage et n’a pas donné de recommandations à ce sujet — que ce soit avant sa démission du poste ou après. »