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Une secte juive extrémiste recherche une nouvelle maison au Guatemala

Chassés d’un village local sur fond d’allégation d’antisémitisme, les membres de Lev Tahor veulent rester dans le pays

Des enfants de la secte Lev Tahor étudient dans une chambre d'hôtel dans l'Ontario (Crédit : capture d'écran YouTube)
Des enfants de la secte Lev Tahor étudient dans une chambre d'hôtel dans l'Ontario (Crédit : capture d'écran YouTube)

Ils ne passent pas inaperçu dans la chaleur humide de la capitale agitée du Guatemala : 230 Juifs orthodoxes dont certains parlent un espagnol approximatif et tentant de survivre dans un immeuble décrépit qu’ils ont transformé en abri de fortune.

Les disciples de cette interprétation particulièrement stricte de la loi juive résidaient dans un village Maya jusqu’à la semaine dernière, jour où on les a chassé en raison d’un différend culturel et religieux.

Maintenant, ces personnes de la secte Lev Tahor, qui sont originaires de différents pays comme les Etats-Unis, Israël, la Grande Bretagne et la Russie, recherchent un nouvel endroit où s’installer. Mais ils veulent rester dans cette nation d’Amérique centrale.

« Nous resterons au Guatemala parce que graine est féconde et doit germer », explique Rabbi Uriel Goldman du hall d’entrée de l’immeuble qu’il appelle aujourd’hui la maison.

Autour de lui, il y a deux lits, un sac de linge sale et une vieille machine à laver.

Le départ de la trentaine de familles du village indien de San Juan La Laguna, qui se situe à 200 km à l’ouest de la capitale où ils vivaient depuis six ans, les a obligé à élire domicile dans un immeuble sinistré de six étages qui n’est pas adapté pour les besoins de la vie quotidienne.

« Ce n’est pas un immeuble fonctionnel, surtout pour les femmes et les enfants, parce qu’il a été construit pour accueillir des bureaux, pas pour y vivre », décrit Goldman, un homme, grand et robuste avec une barbe épaisse, vêtu d’un costume noir et d’une chemise blanche.

Pour éviter que les personnes de sa communauté aient à sortir pour aller acheter des vivres – car certains ne parlent pas bien espagnol – la communauté a mis en place une petite épicerie de fortune au premier étage de l’immeuble.

Assis sur un banc en bois, le rabbin du groupe explique qu’ils passeront environ six mois à Guatemala City. Le contraste est saisissant entre la violence et les crimes omniprésents de cette ville à la vie paisible qu’ils ont connu dans le village au bord du lac.

« Nous allons rechercher un endroit où nous pourrions construire des maisons pour la communauté », explique Goldman dans un espagnol fluide. Il est né en Israël mais a la nationalité américaine et parle quatre langues.

Il explique les personnes de sa communauté reçoit de l’aide des communautés juives d’autres pays mais refuse de préciser lesquelles.

« Ici, personne ne possède pas plus qu’un autre. Nous sommes tous sur un pied d’égalité, et les jours de repos, nous mangeons les même choses », raconte Israel Abraham, un guatémaltèque qui s’est converti au judaïsme 12 ans auparavant.

Une nouveauté pour les guatémaltèques

Pour les habitants locaux, ces personnes juives sont quelque chose d’étrange. Certains passants s’arrêtent et les observent, alors que d’autres les saluent.

Vêtus de noirs, les femmes portent des voiles et les hommes ont des barbes et des bouclettes qu’ont les juifs ultra-orthodoxes.

Les familles sont nombreuses et les enfants sont instruits à la maison par les enseignants de la communauté.

Le groupe est souvent critiqué sur la manière dont il éduque les enfants. Pour prouver que leur méthode marche, Abraham appelle son fils de 6 ans Akiva et le fait lire – en hébreu puis ensuite en espagnol.

« L’éducation est fondamentale pour l’âme », explique un autre membre de la communauté, Misael Santos, alors que son portable sonne. C’est l’un des seuls gadgets que la communauté autorise. Ils ne regardent pas la télé.

Goldman a 10 enfants et 3 petits-enfants. Santos en a 4 et Abraham en a 3 et un autre en route.

La secte Lev Tahor a été éclaboussée par des accusations de maltraitance sur des enfants et elle a aussi eu des problèmes avec l’immigration canadienne.

En août, beaucoup de membres de la secte ont fui la branche de la communauté qu’ils avaient établie à Chatham en Ontario pour rejoindre les membres guatémaltèques quand les autorités ont commencé à enquêter sur le bien-être des enfants.

Les 200 membres de Lev Tahor s’étaient installés à Chatham en novembre 2013 après que le service de protections de la jeunesse ait lancé une procédure pour retirer 14 enfants de la secte.

Les fonctionnaires du service de protection de la jeunesse ont affirmé que les enfants étaient battus, avaient de mauvaises conditions de d’hygiène, qu’on leur donnait de force de médicaments. Ils suspectaient que les enfants étaient soumis à des mariages forcés et qu’ils ne suivaient pas le programme scolaire de la province.

Le groupe Lev Tahor a vigoureusement nié toutes ces accusations et affirment que les membres canadiens étaient victimes d’acharnement religieux.

En avril 2014, trois membres de la secte ultra-orthodoxe ont fait l’objet d’une ordonnance d’expulsion vers Israël.

Ces trois membres ont déjà été soumis à des ordonnances d’expulsions par le passé, mais ils les ont ignorés, indique le Toronto Sun.

Les accusations lancées de part et d’autre

S’exprimant avec une voix calme, Golman explique que lui et ses gens n’ont aucune rancune envers le Conseil des Aînés autochtones et les fonctionnaires municipaux qui les ont expulsés du village. Mais ils ne veulent plus y retourner.

Les dirigeants autochtones ont accusé le groupe juif de ne pas respecter la culture, de ne pas être aimable avec les guatémaltèques locaux et de ne pas croire en Jésus ou la Vierge Marie.

Les membres du groupe se seraient aussi baignés nus dans le lac Atitlan faisant fuir les touristes. Mais goldman nie cette accusation.

« Pour nous, le corps est sacré et les femmes ne révèlent que leur visage. Comment pourrions-nous nous baigner nus ? Cela va à l’encontre de nos croyance », explique-t-il.

Il raconte que tout a commencé par un conflit religieux qui est devenu politique quand le maire du village a offert son soutien au Conseil des Aînés autochtones pour pouvoir gagner les voix des électeurs pour les élections l’année prochaine.

Santos indique qu’un petit groupe de Juifs se sont installées à San Juan La Laguna parce que c’était paisible. Mais les choses ont changé quand les membres sont arrivés de Grande Bretagne, du Canada, d’Israël, de Russie et des Etats-Unis.

Goldman suspecte que les dirigeants de la communauté autochtones voyaient la présence juive comme une menace pour leur culture et leur tradition.

Le sociologue Marco Garobito explique qu’un des facteurs qui a influencé l’expulsion est le fait que le peuple autochtone – 42 % de la population du pays qui compte 15 millions de personnes, même si les autochtones insistent qu’ils représentent 60 % – a été marginalisé.

JTA a contribué à cet article.

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