Une unité de renseignement militaire aurait mis en garde contre la réforme
La division de recherche aurait averti de menaces pour la sécurité et pour les capacités de dissuasion du pays, amenant Gallant à réclamer une pause du processus législatif
La principale division de recherche des renseignements militaires a mis en garde contre un affaiblissement de la position stratégique d’Israël, une position qui se serait détériorée ces derniers mois, dans le contexte du projet de refonte radicale du système judiciaire avancé par le gouvernement, selon un article publié mardi.
L’évaluation inquiétante faite par le département de recherche de l’administration des renseignements militaires avait été envoyée au Premier ministre Benjamin Netanyahu, au ministre de la Défense Yoav Gallant et au Conseiller à la sécurité nationale Tzachi Hanegbi, a ainsi noté le journal Israel Hayom.
Il est apparu que ce rapport a été à l’origine de la mise en garde lancée par le ministre de la Défense, la semaine dernière, qui avait déclaré que la réforme avait eu un impact sur les capacités opérationnelles de Tsahal et qui avait demandé à ce que le processus législatif en cours à la Knesset soit arrêté, selon l’article.
Le journal a ajouté que l’unité de recherche avait souligné le danger représenté par l’exposition des faiblesses d’Israël aux ennemis de la nation, une faiblesse apparaissant dans les divisions internes causées par le plan de refonte du système de la justice en Israël.
Le rapport a précisé qu’il s’inquiétait principalement de l’Iran, faisant remarquer que le chef du groupe terroriste du Hezbollah, Hassan Nasrallah – l’organisation est soutenue par Téhéran – avait rencontré, ces dernières semaines, les leaders des groupes terroristes du Hamas et du Jihad islamique palestinien dans le but de coordonner leurs positions.
L’article a aussi indiqué que Téhéran faisait des ouvertures directes à ses partenaires de la région, soulignant que l’attentat à la bombe récent qui avait été commis aux abords de Meggido, dans le nord d’Israël, et qui a fait un blessé grave, avait été perpétré par un terroriste présumé du Hezbollah qui avait franchi la frontière avec le Liban.
Le rapport aurait aussi noté le danger de tout dégât potentiel dans les relations établies avec les États-Unis, particulièrement au vu de la menace croissante de l’Iran. Ce rapport des renseignements aurait été rédigé avant la joute verbale publique entre Netanyahu et le président américain Joe Biden, des tensions qui se sont depuis calmées.
Cette querelle entre Washington et Jérusalem aurait aussi inquiété les alliés d’Israël dans la région – les pays du Golfe, l’Égypte et la Jordanie – dont les liens avec l’État juif ont été négociés par les États-Unis et qui se basent, au moins partiellement, sur l’idée que ces relations avec Jérusalem sont susceptibles d’améliorer celles qu’ils entretiennent avec les États-Unis. Selon l’article, les dangers s’illustrent aussi dans le récent rapprochement entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, Bahreïn et l’Égypte.
Israel Hayom a aussi fait savoir que la division de recherche avait déterminé que l’Autorité palestinienne utiliserait les divisions au sein de l’État juif pour encore faire avancer sa cause au sein des instances internationales et notamment à la Cour internationale de Justice de La Haye. Les réservistes de Tsahal ont averti que le projet de réforme du système judiciaire pourrait les exposer à des poursuites à La Haye si l’indépendance du système judiciaire israélien devait être malmenée.
Le journal a expliqué que l’évaluation avait amené Gallant à estimer lors d’un discours prononcé la semaine dernière que la refonte représentait « une menace claire, immédiate et tangible » pour la sécurité de l’État, appelant à ce que le processus d’adoption de l’enveloppe législative à la Knesset soit arrêté.
Vingt-quatre heures après cette allocution, le bureau de Netanyahu avait annoncé que le Premier ministre avait décidé de renvoyer Gallant, entraînant des manifestations spontanées réunissant des milliers de personnes qui étaient descendues dans les rues de tout le pays en signe de protestation.
Ce mouvement général de grogne avait été suivi par l’annonce d’une grève sans précédent par les plus grandes entreprises et par le syndicat de la Histadrout, avec l’immobilisation au sol des avions à l’aéroport Ben Gurion. Face à cette opposition, Netanyahu avait annoncé une pause temporaire du processus législatif en cours devant le parlement, affirmant qu’il voulait laisser une chance à des négociations.
Malgré l’annonce du renvoi de Gallant, Netanyahu n’a pas, pour le moment, fait parvenir de lettre au ministre de la Défense officialisant son départ et son bureau a fait savoir, lundi, que cette initiative était reportée.
Dans une déclaration faite lundi, le bureau du Premier ministre a indiqué que ce limogeage avait été ajourné pour des raisons de sécurité. Des informations ont toutefois laissé entendre que Netanyahu attendait que Gallant lui présente ses excuses et qu’il s’engageait à se soumettre à la volonté au Premier ministre.
Gallant et Netanyahu ont fait une apparition, côte à côte, lors de deux cérémonies lundi, qui étaient organisées à l’occasion de Pessah. Les deux hommes ont appelé le pays à montrer un front unifié.