Uruguay : les clients israéliens ne sont « pas les bienvenus » dans un hôtel
Le propriétaire de l'établissement a annulé la réservation d'un couple, disant que ses visions politiques sont "contraires aux politiques de votre pays"
RIO DE JANEIRO — Un hôtelier uruguayen a rejeté la réservation d’un couple israélien, disant qu’il est en désaccord avec la politique israélienne.
Amit Bradush, 22 ans, et sa conjointe ont reçu un message personnalisé de la part de l’hôtelier via la plateforme Booking.com expliquant que leur réservation avait été annulée parce que la vision politique du propriétaire de l’établissement était « complètement à l’opposé des politiques de votre pays », a rapporté le site d’informations El Pais.
« Je n’avais pas vu qu’ils étaient originaires d’Israël et je m’oppose fortement aux politiques de leur pays, ils ne sont pas les bienvenus chez moi », a commenté le propriétaire de l’hôtel écologique Buena Vista, Mauricio Pinero, expliquant qu’il a remboursé les arrhes qui avaient été versées. Il a ajouté que les jeunes couples israéliens qui effectuent leurs voyages après leur service militaire sont particulièrement difficiles.
« Je ne fais pas de discrimination et je ne suis pas antisémite. Les gosses qui viennent après avoir terminé leur service militaire en Israël sont des fêtards, ils sont arrogants et font des choses qui ne sont pas bonnes. Nous travaillons avec un autre type de public. Ce n’est pas un problème avec qui que ce soit en particulier », a-t-il ajouté.
Les responsables juifs et israéliens ont critiqué cette action qui a été couverte de manière importante par les médias en Uruguay.
« Nous dénonçons ce qui est survenu à deux jeunes Juifs qui n’ont pas été acceptés dans un hôtel de Barra de Valizas parce qu’ils venaient d’Israël », a commenté le Comite Central Israelita, l’organisation-cadre des Juifs en Uruguay. « Notre société est pluraliste et diverse. Nous ne devons pas permettre à des actes isolés de distiller la malveillance, de laisser se propager les préjugés et les mauvaises intentions ».
La ministre du Tourisme uruguayen Liliam Kechichian a déclaré que cet incident était « totalement inadmissible » et qu’une enquête sera ouverte. « En Uruguay, il est absolument inacceptable de faire des discriminations sur la base des religions. Nous espérons que les touristes israéliens continueront à visiter l’Uruguay et à profiter de la beauté du pays », a-t-elle dit.
« C’est un cas déplaisant de discrimination contre des citoyens israéliens sur la seule base de leur identité. Il ne s’est pas basé sur l’opinion des touristes, le propriétaire de l’hôtel ne connaissait même pas le couple et cela ressemble à un cas de préjugé aveugle. J’espère que c’est un cas isolé », a dit l’ambassadeur israélien Nina Ben Ami en évoquant l’incident.
Sur la page Facebook de l’hôtel, l’hôtelier a déclaré qu’il prévoit de « continuer à maintenir » sa politique « de ne pas accepter les jeunes israéliens qui viennent de quitter le service militaire », a fait savoir El Pais.
« Il y a deux ou trois ans, un gosse qui venait de quitter le service militaire a séjourné [dans mon hôtel]. Un soir, alors qu’on parlait de politique internationale et que nous divergions, il m’a répondu qu’il avait été formé pour me tuer en 15 secondes », a-t-il écrit.
« Nous nous opposons fermement à cette attitude, à sa pseudo-explication et à son arrogance qui l’amène à disqualifier un peuple entier parce qu’il n’aime pas son gouvernement », a déclaré dans un communiqué l’organisation Bnai Brith.
Le mois dernier, le gouvernement de l’Uruguay avait critiqué l’ambassadeur israélien qui avait utilisé les réseaux sociaux pour s’opposer à une déclaration faite par le chancelier du pays qui avait qualifié Tel Aviv de capitale de l’Etat juif.
L’Uruguay accueille environ 12 000 Juifs, selon le Congrès juif latino-américain. Il a été le premier pays d’Amérique du sud à reconnaître officiellement Israël.