Nice: Verdict attendu pour l’attaque devant un centre communautaire juif en 2015
A Nice, des militaires surveillaient l'accès à un centre abritant très discrètement le Consistoire israélite de Nice, Radio Shalom et une association juive
Moins d’un mois après les massacres de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher en janvier 2015, un délinquant radicalisé attaquait au couteau trois militaires en faction devant un centre communautaire juif à Nice : le procès de Moussa Coulibaly, 35 ans, s’ouvre lundi devant les assises de Paris.
L’attaque, le 3 février 2015 dans une artère commerciale très fréquentée de Nice, avait été entièrement filmée par les caméras de surveillance de la ville.
L’assaillant, originaire de Mantes-la-Jolie (Yvelines) et qui venait d’être refoulé de Turquie, avait blessé deux militaires avec un long couteau tandis qu’un troisième était parvenu à le maîtriser. En garde à vue, il avait exprimé sa haine de la France, de la police, des militaires et des juifs.
Avec les tueries jihadistes de janvier 2015, qui ont fait 17 morts, la France basculait dans une nouvelle ère. Le plan Vigipirate est alors porté à son niveau le plus élevé, l’armée déploie 10 000 hommes dans tout le pays pour protéger des sites sensibles avec l' »opération Sentinelle ».
A Nice, les trois militaires surveillaient l’accès à un centre communautaire abritant très discrètement, dans une cour en retrait de la rue, le Consistoire israélite de Nice, Radio Shalom et une association juive.
Selon la vidéosurveillance, Moussa Coulibaly passe trois fois tout près des soldats dans l’heure précédant l’agression, ce 3 février 2015. Peu après 14H00, il se dirige vers un premier militaire, fait tomber devant lui un sac contenant une bouteille d’eau pour faire diversion, se saisit du couteau dissimulé dans sa manche et lui porte un coup, le blessant à la lèvre et à l’avant-bras.
Il frappe au visage un deuxième militaire venu au soutien de son collègue, avant que le troisième soldat ne le fasse chuter au sol, permettant son interpellation.
Jusqu’à son passage à l’acte, Moussa Coulibaly – qui n’a pas de lien de parenté avec Amédy Coulibaly, auteur des attentats de Montrouge et de l’Hyper Cacher – était surtout connu pour des faits de droit commun, tous commis à Mulhouse entre avril 2006 et novembre 2009 : vol à l’étalage, violences, usage de stupéfiants, outrage à personnes dépositaires de la force publique.
Peu avant l’attaque, il avait toutefois été repéré par les services de police après un signalement car il faisait du « prosélytisme agressif » dans une salle de sports de Mantes-la-Jolie, dont il avait été expulsé, selon des sources concordantes.
Le 25 janvier 2015, il avait quitté, en toute discrétion, son domicile pour rejoindre Nice. Il était ensuite parti pour la Corse, où il ne restera qu’une nuit, avant de prendre un vol pour la Turquie – porte d’entrée de la route du jihad en Syrie – en passant par Rome.
Alertée, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) avait demandé aux autorités turques de le refouler, ce qu’elles avaient fait le 29 janvier.
A son retour en France, Moussa Coulibaly, entendu par la DGSI, avait nié vouloir se rendre en Syrie, affirmant qu’il faisait du tourisme. Surveillé par des policiers du renseignement, il avait été vu à Nice menant une vie de vagabond désœuvré dans les jours précédant l’attaque.
Selon les juges antiterroristes qui ont ordonné son renvoi devant une cour d’assises spéciale – uniquement composée de magistrats professionnels – il semble avoir évolué durant l’instruction, acceptant de se soumettre à une expertise psychiatrique et disant regretter ses actes.
Jugé pour « association de malfaiteurs terroriste » et « tentatives d’assassinats terroristes », Moussa Coulibaly encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Les trois militaires se sont constitués parties civiles. Toujours en exercice, ils « sont hélas retenus par leurs fonctions dans le cadre de missions impérieuses de défense nationale », a indiqué à l’AFP leur avocat Nicolas Gemsa. Leur présence au procès est donc « très peu probable », selon Me Gemsa.
Le verdict est attendu jeudi.