Victoire démocrate à une législative à NY contre une ancienne soldate de Tsahal
Mazi Pilip concède la course au siège laissé vacant par l'éviction de George Santos ; le discours de victoire de Tom Suozzi est interrompu par des manifestants anti-israéliens qui l'accusent de soutenir un "génocide".

Le Parti démocrate du président Joe Biden a remporté mardi soir un siège à la Chambre des représentants à Washington, remplaçant dans une circonscription de New York un républicain expulsé du Congrès pour mensonges en série.
Avec cette victoire du démocrate centriste Tom Suozzi contre la républicaine Mazi Pilip, selon les projections des télévisions CNN et NBC, les démocrates entament encore un peu plus la très mince majorité du Parti républicain de Donald Trump à la Chambre: jusqu’ici 219 sièges républicains contre 212 démocrates et quatre sièges vacants, à neuf mois des élections présidentielle et législatives pour renouveler en partie le Sénat et la Chambre.
Dans cette circonscription de New York, qui compte une partie de l’arrondissement de Queens et du comté de Nassau sur la péninsule de Long Island, Tom Suozzi, qui y était déjà le représentant de 2016 à 2022, va remplacer le républicain George Santos jusqu’au prochain scrutin de novembre.
« Dieu merci! », s’est exclamé le vainqueur depuis son fief de campagne en banlieue pendant que des manifestants pro-palestiniens criant « génocide » occupaient brièvement la tribune.
« Il y a des divisions dans notre pays où les gens ne peuvent même pas se parler. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est crier et hurler les uns contre les autres », a-t-il déclaré à l’adresse des manifestants. « Ce n’est pas la réponse aux problèmes auxquels nous sommes confrontés dans notre pays. La réponse est d’essayer de rassembler les gens pour trouver un terrain d’entente ».
« La façon de rendre notre pays meilleur est d’essayer de trouver un terrain d’entente. Ce n’est pas facile à faire. C’est difficile », a déclaré Suozzi à ses partisans lors de sa soirée électorale à Woodbury.
Tonight, we helped Palestine take center stage by interrupting Democrat Tom Suozzi's victory speech. In the House and on the campaign trail, Suozzi has made his support for Israel's genocide clear.
No celebrations while Gaza burns. #CEASEFIRE NOW! @MFP_NY pic.twitter.com/tKKEZUcN7o
— Long Island DSA (@LongIslandDSA) February 14, 2024
« Coups tordus »
L’élu de 61 ans, politicien expérimenté, s’est réjoui d’avoir « gagné » malgré une campagne de « coups tordus » et de « mensonges » notamment sur la crise migratoire qui déstabilise New York depuis près de deux ans.
Eric Adams, le maire démocrate à poigne de la mégapole de 8,5 millions d’âmes – qui a accueilli depuis avril 2022 plus de 165.000 migrants et demandeurs d’asile d’Amérique latine et d’Afrique de l’Ouest – a salué une « bonne nouvelle pour New York ».
Mme Pilip a dit avoir concédé sa victoire en appelant son concurrent pour le féliciter.
M. Suozzi a peut-être bénéficié d’une faible participation ce mardi en raison d’une tempête de neige qui a paralysé la ville et son agglomération et après que nombre d’électeurs, notamment démocrates, avaient déjà voté ces derniers jours.

Répliquant les thèmes de campagne de la présidentielle qui s’annonce entre MM. Trump et Biden, Mme Pilip et M. Suozzi se sont disputés sur l’immigration et l’avortement.
Mazi Pilip a un parcours singulier : juive orthodoxe, mère de sept enfants, elle est née en Ethiopie en 1978 ou 1979, avant d’émigrer en Israël en 1991 avec une communauté de 14 500 juifs orthodoxes noirs qui ont été transportés par avion en Israël pour échapper à la guerre civile et à la famine en 1991, de servir dans l’armée israélienne puis d’émigrer aux Etats-Unis et d’en acquérir la nationalité.

Si l’élection avait une résonance nationale, elle s’est tenue aussi après l’expulsion historique de la Chambre des représentants de l’élu républicain sortant de cette circonscription new-yorkaise, George Santos.
Le trentenaire s’était illustré par ses mensonges répétés et a été inculpé de délits financiers, avant d’être destitué par le Congrès le 1er décembre. Une centaine de républicains et plus de 200 démocrates avaient voté pour l’évincer, une telle sanction n’ayant été utilisée que cinq fois dans l’histoire du Congrès.
A la suite de révélations du New York Times, George Santos avait dû admettre avoir menti sur des pans entiers de sa vie pour embellir son CV. Il n’avait en fait jamais travaillé pour les banques américaines Goldman Sachs ou Citigroup, ni détenu de diplôme de la New York University (NYU).
Il a également été inculpé d’escroquerie envers ses donateurs ainsi que de blanchiment et fraude, chefs d’accusation pour lesquels il a plaidé non coupable.