Violences en Inde : un mort dans la communauté Bnei Menashe, 2 synagogues incendiées
Les Affaires étrangères indiquent qu'Israël suit de près les affrontements ethniques qui ont éclaté à Manipur ; les députés demandent à la coalition leur aide

Les membres d’un petit groupe dont les origines remontent aux anciens Israélites et qui cherchent à émigrer en Israël se sont retrouvés pris dans de violents affrontements ethniques dans le nord-est de l’Inde cette semaine. Au moins un membre de la communauté a été tué, dix autres sont portés disparus et plus de 200 maisons ont été incendiées dans l’État de Manipur.
Un père de quatre enfants de la communauté des Bnei Menashe, qui compte 5 000 personnes, est mort et dix autres manquent à l’appel, a déclaré jeudi au Times of Israel une organisation juive composée de bénévoles locaux. Shavei Israel, dirigée par Michael Freund, est une organisation basée en Israël qui encourage les personnes d’origine juive à renforcer leur lien avec Israël et à immigrer.
Deux synagogues ont également été incendiées lors des affrontements et un rouleau de la Torah a été brûlé.
Selon Freund, au moins 210 maisons de Bnei Menashe auraient été réduites en cendres. Son organisation, active dans le nord-est de l’Inde dans le cadre de sa mission visant à ramener les Juifs « perdus » chez eux, collecte des fonds pour fournir une aide d’urgence à la communauté.
Les Bnei Menashe descendraient de la tribu biblique de Menashe, l’une des dix tribus perdues exilées de la Terre d’Israël il y a plus de 2 700 ans.
En 2005, le grand rabbin sépharade de l’époque, Shlomo Amar, avait reconnu la revendication d’ascendance juive des Bnei Menashe, mais leur avait néanmoins demandé de se convertir au judaïsme. Quelque 5 000 Bnei Menashe ont immigré en Israël ces dernières années, et 5 000 autres sont restés en Inde.
La victime des Bnei Menashe de cette semaine serait l’une des cinq autres personnes, au moins, tuées dans les violences qui ont éclaté à la suite des manifestations de plus de 50 000 Kukis et membres d’autres communautés tribales majoritairement chrétiennes à Churachandpur et dans les districts adjacents de l’État de Manipur, pour protester contre les demandes de la communauté ethnique non tribale des Meitei d’être incluse dans la catégorie des « tribus répertoriées » du gouvernement.
En vertu de la législation indienne, les membres de ces tribus bénéficient d’avantages tels des quotas dans les emplois publics et les admissions dans les universités. Cette mesure constitue une forme de discrimination positive destinée à lutter contre les inégalités structurelles et la discrimination.

Après une marche organisée mercredi par des étudiants de la communauté ethnique, des individus non-identifiés se sont mis à incendier des maisons, déclenchant ainsi une spirale de violence.
Les Bnei Menashe font partie de la tribu Kuki.
D’après Freund, les violences opposent principalement les Kuki et les Meitei, les Bnei Menashe n’étant pas spécifiquement visés.
« Il ne s’agit pas, ici, d’un antisémitisme traditionnel, dans la mesure où ils ne sont pas visés parce qu’ils sont juifs », a-t-il déclaré. Dans le même temps, Freund a déclaré qu’il avait reçu des témoignages du personnel sur le terrain indiquant que certains émeutiers Meitei leur auraient crié de « retourner en Israël, là où est votre place ».
Shmuel Suantek, un membre de la communauté vivant à Manipur, a déclaré à Ynet qu’il appelait Israël à l’aide. « Nous supplions le gouvernement israélien de nous ramener dans notre pays, en Israël », a-t-il déclaré.
Le ministère des Affaires étrangères a déclaré au Times of Israel qu’il examinait la question.
La législatrice de HaMahane HaMamlahti, Pnina Tamano-Shata, ancienne ministre de l’Immigration et de l’Intégration, qui dirige une organisation de Bnei Menashe à la Knesset, a déclaré à Ynet que la situation des Bnei Menashe au Manipur était « très inquiétante », sur la base de conversations avec des individus sur le terrain.

« Je suis en contact avec les représentants de la communauté en Israël et j’ai lancé un appel au ministre de l’Immigration et de l’Intégration Ofir Sofer [du parti HaTzionout HaDatit], au bureau du Premier ministre et à l’Agence juive pour qu’ils fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour aider et sauver sans délai les fils et les filles de la communauté », a-t-elle déclaré.
De hauts responsables du gouvernement ont déclaré qu’ils suivaient « de près les événements dans le nord-est de l’Inde » et que le ministère des Affaires étrangères était en contact avec les personnes compétentes.
« Il est important de souligner qu’il ne s’agit pas d’un incident antisémite. Nous devons faire preuve de beaucoup de sensibilité dans la manière dont nous traitons cette situation […], car ils pourraient en pâtir par la suite », ont déclaré les responsables anonymes, ajoutant qu’ils étaient en contact avec les chefs des plus grandes communautés de Bnei Menashe en Israël, notamment Akko, Nof HaGalil, et Kiryat Arba.
Jeudi, les autorités indiennes ont déployé des centaines de militaires dans le nord-est de l’État de Manipur, à la frontière avec le Myanmar, et ont coupé les services Internet.
« Le couvre-feu a été imposé… la situation est tendue mais est maintenant sous contrôle », a déclaré à l’AFP Awangbow Newmai, un ministre du gouvernement de Manipur. Il a confirmé le bilan de six morts.
Les services internet ont également été suspendus pour cinq jours pour empêcher les rumeurs de se propager sur les réseaux sociaux, d’après N. Biren Singh, chef du gouvernement de l’État du Manipur.
L’armée a déplacé près de 9 000 personnes des districts touchés par la violence vers d’autres zones après que les manifestants ont vandalisé magasins et établissements, dont des hôtels, et incendié certaines maisons, a déclaré un officier de l’armée sous couvert de l’anonymat car il n’était pas autorisé à parler aux journalistes.
Le gouverneur de l’État a donné jeudi aux autorités locales l’ordre de « tirer à vue dans les cas extrêmes », autorisant les magistrats de district à tirer sur les manifestants.