Visite d’Angela Merkel en Israël dans un contexte tendu
Alors que la relation israélo-germanique est au plus bas, la chancelière allemande et son gouvernement se rendent à Jérusalem pour participer à des consultations bilatérales historiques
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
La chancelière allemande Angela Merkel et son gouvernement sont attendus la semaine prochaine en Israël pour une visite de haut rang, au cours de laquelle auront lieu les plus importantes consultations bilatérales entre gouvernements de l’hstoire d’Israël.
Toutefois, une ombre plane au-dessus du voyage, qui doit officiellement donner le coup d’envoi du cinquantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre Israël et l’Allemagne : celle de la dégradation des liens diplomatiques entre les deux pays.
La chancelière arrivera lundi soir [24 février] en Israël et quittera le pays 24 heures plus tard. Son gouvernement, composé de 15 ministres fédéraux, l’accompagnera pour les consultations bilatérales qui auront lieu à Jérusalem.
« Cela montre l’engagement de la chancelière Merkel à maintenir des relations fortes et solides entre l’Allemagne et Israël. Nous apprécions son amitié », a déclaré mercredi un responsable gouvernemental israélien.
Au sujet des tensions croissantes entre Merkel et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le responsable affirme qu’il existe « des différences sur la question des implantations, cela se sait. Mais ça ne fait pas ombrage à ce qui, au bout du compte, reste une relation spéciale et unique. »
Durant la visite de Merkel, Israël et l’Allemagne lanceront officiellement les préparatifs du 50ème anniversaire de l’établissement de liens diplomatiques officiels, en 1965. Netanyahu et la chancelière allemande doivent dévoiler le logo officiel du jubilé.
La semaine dernière, le gouvernement israélien a décidé d’allouer 4 millions de shekels à l’organisation des événements et des activités de la célébration.
Il paraît cependant indéniable que la relation israélo-allemande a connu de meilleurs jours, malgré les discours et les déclarations qui affirmeront sans aucun doute l’engagement éternel de l’Allemagne envers la sécurité d’Israël et envers son droit d’exister comme Etat juif.
Merkel ne fait pas confiance à Netanyahu, en particulier au sujet de la solution à deux États
Selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, les relations diplomatiques ont même atteint leur point le plus critique.
« Au cours des dernières années, des tensions se sont manifestées à de multiples reprises entre l’Allemagne et Israël. [Merkel et Netanyahu] se sont même violemment disputés par téléphone lors de discussions sur la politique israélienne à l’égard des Palestiniens », écrit Ralf Neukirch dans Der Spiegel. « Mais jamais lors des trois mandats de Merkel, les relations n’ont été aussi compliquées qu’aujourd’hui. »
Même si l’Allemagne fait partie du groupe 5+1, qui négocie actuellement avec l’Iran sur son programme nucléaire, les points de désaccord portent essentiellement sur la politique israélienne vis-à-vis des Palestiniens.
Les relations entre Merkel et Netanyahu sont tendues depuis des années. Cela est dû en partie au fait que le Premier ministre israélien aurait fait fuiter aux médias le contenu d’une conversation privée. Mais de manière plus générale, Merkel ne fait pas confiance à Netanyahu, en particulier au sujet de la solution à deux États.
Certains des plus proches conseillers en politique étrangère de Merkel estiment que la participation de Jérusalem aux pourparlers de paix actuels avec les Palestiniens n’est que du bluff.
Ils sont complètement désabusés sur les espoirs de paix et se demandent même pourquoi les Palestiniens ont accepté de négocier, sachant pertinemment que le Premier ministre ne leur accordera jamais ce qu’ils attendent.
De leur côté, les dirigeants israéliens s’estiment trahis par Berlin qui n’a pas tenu sa promesse de soutenir Israël dans les forums internationaux.
Ils ont particulièrement mal vécu l’abstention de l’Allemagne lors du vote de l’Assemblée générale de l’ONU de novembre 2012, qui a permis à la « Palestine » de devenir un État observateur non-membre de l’institution.