Washington offre de nouvelles récompenses dans son combat contre le Hezbollah
Les Etats-Unis ont promis lundi de nouvelles récompenses, pouvant atteindre dix millions de dollars, en échange d'informations pour "perturber" les réseaux financiers du mouvement
Les Etats-Unis ont promis lundi de nouvelles récompenses, pouvant atteindre dix millions de dollars, en échange d’informations pour « perturber » les réseaux financiers du mouvement terroriste libanais du Hezbollah.
Les paiements seront effectués par le biais du programme « Récompenses pour la justice » qui offre habituellement des liquidités pour les informations permettant de trouver des terroristes recherchés. C’est la toute première fois que le programme est utilisé pour cibler un réseau financier.
Depuis son lancement, en 1984, le programme a payé un montant de plus de 150 millions de dollars à plus de 150 personnes ayant fourni des renseignements sur des terroristes ou ayant aidé à prévenir des attentats.
Le département d’Etat américain a précisé rechercher des informations sur les sources de revenus du mouvement chiite, inscrit sur la liste noire américaine des « organisations terroristes » et allié de l’Iran, bête noire de Washington au Moyen-Orient. Il souhaite aussi identifier « ses mécanismes-clés de facilitation financière », ses « principaux donateurs », les « institutions financières » qui contribuent à ses transactions ou encore les sociétés contrôlées par le Hezbollah ou ses financiers.
« Le Hezbollah génère près d’un milliard de dollars par an grâce au soutien financier direct de l’Iran, à des échanges et investissements internationaux, à un réseau de donateurs et à des activités de blanchiment d’argent », a estimé la diplomatie américaine dans un communiqué.
Parmi les « financiers » présumés du Hezbollah sur lesquels Washington veut des informations, elle a cité Adham Tabaja, Mohammad Ibrahim Bazzi et Ali Youssef Charara, tous trois déjà sur la liste noire américaine des « terroristes internationaux ».
Financé et armé par Téhéran, le Hezbollah est à la tête de trois ministères dans le nouveau gouvernement libanais. Il est considéré par Washington et Londres comme une organisation « terroriste » dans son ensemble, tandis que d’autres pays, comme l’Union européenne dont la France fait partie, considèrent uniquement sa branche armée comme terroriste, et non sa branche politique.
Lors d’une conférence de presse en février dernier en compagnie du président irakien, Emmanuel Macron avait argumenté que « nous avons constamment distingué deux réalités du Hezbollah : d’une part, la branche militaire, que nous qualifions de terroriste, et d’autre part, le mouvement politique qui est représenté au Parlement, peut faire l’objet de contacts et avec qui nous pouvons échanger. Et nous continuerons à avoir ce distinguo, parce que c’est ce distinguo qui permet, d’une part, de lutter contre ceux qui ont une action justement militaire de type terroriste, et ce qui permet aussi de poursuivre cette politique dite de désassociation du Liban, c’est à dire d’éviter que le Liban ne soit, en quelque sorte, le théâtre importé de tous les conflits régionaux. Et donc il n’appartient pas à la France, comme à d’autres puissances extérieures, de savoir quelles forces politiques représentées au Liban seraient bonnes ou non. C’est au peuple libanais de le faire. »
La distinction entre les branches politique et armée est « artificielle, les deux étant contrôlées et soutenues par l’Iran », avait lui averti l’ambassadeur d’Israël aux Nations unies, Danny Danon. Cette distinction permet au Hezbollah « de lever des fonds sur le sol européen ».