Washington salue l’extension par Israël de la coopération avec les banques palestiniennes
Cette extension a été approuvée jeudi lors d'une réunion du cabinet de sécurité israélien, après des pressions américaines, entre autres
Les Etats-Unis ont salué lundi la prolongation, pour un an, de la dérogation permettant aux banques israéliennes de coopérer avec les banques palestiniennes, après des menaces formulées par un ministre israélien d’extrême droite de couper ce canal bancaire vital.
Washington avait fait pression sur son allié israélien pour renouveler cette dérogation, craignant, dans le cas contraire, des conséquences dramatiques pour l’économie de la Cisjordanie, territoire sous contrôle Israélien depuis 1967.
« La stabilité économique en Cisjordanie est indispensable pour la sécurité des Israéliens et des Palestiniens, et la correspondance bancaire est un pilier essentiel de cette stabilité économique », ont indiqué, dans un communiqué commun lundi, le département d’État et le Trésor américain.
« Les Etats-Unis apprécient l’engagement continu sur ce sujet entre le gouvernement d’Israël et l’Autorité monétaire de la Palestine », ajoute le communiqué.
Cette extension a été approuvée jeudi lors d’une réunion du cabinet de sécurité israélien.Le porte-parole du Département d’Etat américain, Matthew Miller, a fait part de la frustration de l’administration Biden quant au fait qu’il ait fallu d’intenses négociations avec le gouvernement israélien pour convaincre Jérusalem d’accorder une prolongation d’un an à l’accord bancaire correspondant, qui accorde une indemnité aux banques israéliennes pour effectuer des transactions avec les banques palestiniennes.
« Il est incroyablement frustrant qu’il ait fallu autant de temps pour que le gouvernement israélien prolonge cet accord d’un an – qu’il fasse maintenant quelque chose qu’il aurait dû faire dans le cours normal des affaires », a déclaré Miller lors d’un point de presse, arguant que l’absence de prolongation de l’accord aurait risqué d’entraîner l’effondrement de l’économie palestinienne, ce qui n’aurait manifestement pas été dans l’intérêt d’Israël, car cela aurait déstabilisé la Cisjordanie.
En mai, le ministre ultra-nationaliste des Finances, Bezalel Smotrich, partisan de l’annexion complète de la Cisjordanie, avait menacé de couper ce canal entre Israël et les banques palestiniennes siégeant à Ramallah, en réponse à la reconnaissance par trois pays européens de l’État de Palestine.
Le fonctionnement du système financier, et donc la vie quotidienne des Palestiniens de Cisjordanie, est tributaire du renouvellement de cette garantie de l’État israélien.
Elle était traditionnellement renouvelée chaque année avant le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël ayant déclenché la guerre en cours à Gaza.
En échange de concessions sur l’extension des implantations en Cisjordanie, Smotrich avait finalement accepté de prolonger la garantie de quelques mois seulement.
Depuis le 30 juin, la garantie a été renouvelée à plusieurs reprises, pour des durées variables, et la dernière fois pour un mois, jusqu’au 30 novembre.
Smotrich avait jusque-là évoqué des craintes sur le financement de groupes terroristes palestiniens via les banques palestiniennes pour justifier cette extension par à-coups.
Aux Etats-Unis, la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, avait averti que « couper les banques palestiniennes de leurs homologues israéliennes créerait une crise humanitaire » puis fait part, en octobre, de sa déception face à une extension limitée alors à 30 jours.
Quelques jours avant l’expiration de l’accord bancaire, Smotrich a déclaré qu’il acceptait de soutenir une prolongation d’un an, après avoir obtenu l’engagement de l’administration Biden de ne pas permettre l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies reconnaissant l’existence d’un État palestinien. Des fonctionnaires américains ont déclaré au Times of Israel qu’une telle idée aurait été contraire à la politique de longue date de l’administration et qu’ils n’avaient aucun problème à offrir de telles garanties, étant donné que l’idée n’a jamais été dans les cartons.
À la question de savoir si une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU a déjà fait partie des négociations que les États-Unis ont eues avec Israël, M. Miller répond : « Nous continuerons à examiner chaque résolution soumise au Conseil de sécurité des Nations unies et à juger si le fait de voter oui, de voter non ou de s’abstenir est dans l’intérêt des États-Unis, et nous prendrons nos décisions en fonction de cela et de rien d’autre.