Yaalon : Après Obama, la construction en Cisjordanie décuplera
Dans un huis clos, le ministre de la Défense affirme que les implantations restent dynamiques, malgré les entraves américaines
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Devant des élèves israéliens, le ministre de la Défense Moshe Yaalon a affirmé mardi que, malgré les efforts américains de freiner la construction dans les implantations, la population juive de Cisjordanie a rapidement augmenté, et connaîtrait une plus grande expansion encore sous une nouvelle administration américaine.
« J’espère que c’est temporaire, car pour l’instant il y a un certain gouvernement aux États-Unis, et ce sont les États-Unis qui établissent les règles » de la construction en Cisjordanie, a déclaré Yaalon dans un enregistrement obtenu par la radio de l’armée. « Cette administration ne restera pas éternellement. »
Yaalon a fait ces commentaires lors d’une réunion à huis clos avec des élèves du lycée-yeshiva de Makor Haim en Cisjordanie.
Il n’était apparemment pas au courant que la réunion était enregistrée. Il a eu plusieurs altercations avec l’administration Obama au cours des années et a été froidement accueilli par plusieurs hauts responsables lors d’une récente visite à Washington.
Interrogé par les élèves sur la raison pour laquelle Israël a ralenti ses constructions dans les implantations, Yaalon leur a assuré que la Cisjordanie enregistrait la croissance démographique la plus rapide d’Israël.
« Je connais les chiffres. Cette dernière année, la population des implantations de Cisjordanie a augmenté de 20 000 âmes ; aucune région dans le pays ne connaît une telle croissance », a-t-il dit.
Le gouvernement américain n’a obtenu que l’arrêt de la publication de nouveaux appels d’offres, a poursuivi Yaalon, notant que les plans déjà approuvés devaient être mis en œuvre. Toutefois, au regard de sa position fragile au sein de la communauté internationale, Israël fait preuve de prudence dans sa politique d’implantation, a-t-il précisé.
« La publication de plans de construction, même à Jérusalem, suscite une réaction hostile de divers organismes, y compris parmi nos amis », a-t-il dit. « Je voudrais approuver ces plans et construire davantage […]. Mais nous prenons gare à ne pas pousser les choses trop loin. »
Suite à la publication des commentaires de Yaalon, son bureau a publié une déclaration disant que s’il existe des tensions avec les Etats-Unis sur certaines questions, les liens bilatéraux sur le plan de la défense restent forts.
« Les relations sécuritaires sans précédent avec les États-Unis mises à part, il y a un différend entre les deux gouvernements, qui n’est toutefois pas préjudiciable aux liens entre les deux pays », indique le communiqué, selon la Deuxième chaîne.
En octobre, Yaalon avait fustigé la mauvaise gestion de l’administration Obama au Moyen-Orient lors d’un entretien avec le Washington Post, à la fin d’un voyage aux États-Unis.
Yaalon a critiqué la « mauvaise interprétation » – notamment du secrétaire d’Etat américain John Kerry – selon laquelle l’échec à résoudre le conflit israélo-palestinien engendrait de l’extrémisme ailleurs dans la région.
Il a également rejeté l’idée – au cœur des efforts de paix avortés de Kerry – que des concessions territoriales par Israël résoudraient le conflit, la qualifiant d’ « irrationnelle ». Et celle – exprimée par plusieurs administrations américaines – que le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas est un partenaire de paix.