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Yair Netanyahu perd son procès pour diffamation face à l’ex-députée Stav Shaffir

La Cour a condamné le fils du Premier ministre à payer des dommages et intérêts ; l'ancienne élue d'Avoda donnera l'argent à une association de lutte contre les incitations

A gauche, Yair Netanyahu et l'ancienne députée Stav Shafir, à droite, lors d'une audience de la Cour de Tel Aviv, le 29 novembre 2022. (Crédit :  Avshalom Sassoni/Flash90)
A gauche, Yair Netanyahu et l'ancienne députée Stav Shafir, à droite, lors d'une audience de la Cour de Tel Aviv, le 29 novembre 2022. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Yair Netanyahu, le fils du Premier ministre, a été condamné jeudi par une Cour de Tel Aviv à payer des dommages et intérêts à l’ancienne députée d’Avoda Stav Shaffir après avoir perdu un procès pour diffamation qui avait suivi une série de publications offensives sur Twitter.

Shaffir avait porté plainte contre Netanyahu pour des posts écrits à son sujet sur le réseau social. Le fils du Premier ministre avait contre-attaqué, poursuivant en justice Shaffir pour ses propres publications – une plainte qui a été rejetée par le tribunal, jeudi.

Netanyahu versera à Shaffir le montant de 70 000 shekels – 40 000 shekels pour les écrits diffamatoires, 20 000 shekels en frais de justice et d’avocat et 10 000 shekels pour ses dépenses faites dans le cadre de la plainte qui avait été déposée par ses soins et qui vient d’être rejetée.

Répondant au verdict, Shaffir a écrit sur Twitter qu’elle allait donner l’argent versé par Netanyahu pour « son harcèlement et ses mensonges » aux organisations qui luttent contre les incitations et contre les violences faites aux femmes.

« Peut-être va-t-il enfin apprendre que son comportement méprisable a un prix », a indiqué Shaffir. « Nous allons nous assurer que des gens comme Yair ne parviendront pas à décourager qui que ce soit de se battre pour ce qui est juste ».

Netanyahu est très connu pour ses points de vue d’extrême-droite et pour une présence combative sur les réseaux sociaux – ce qui lui a valu des apparitions devant le tribunal à un certain nombre d’occasions. Il occupe un rôle de plus en plus important sur la scène publique alors que des informations ont largement fait entendre qu’il avait une influence particulière sur les politiques mises en place par son père – ce qui aurait été particulièrement le cas concernant le plan controversé de réforme judiciaire actuellement promu par la coalition au pouvoir.

Shaffir avait demandé des dommages et intérêts à hauteur de 263 000 shekels pour les posts écrits par Netanyahu en 2020. Elle avait fait savoir qu’ils étaient mensongers, diffamatoires et dégradants au niveau sexuel.

Yair Netanyahu, fils du Premier ministre désigné Benjamin Netanyahu, arrive pour une audience au tribunal dans le cadre du procès en diffamation intenté par l’ancienne députée Stav Shaffir à Tel Aviv, le 29 novembre 2022. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Netanyahu, de son côté, réclamait dans sa plainte la somme de 300 000 shekels en raison de propos qu’elle aurait tenus à l’époque en réponse à ses publications et en raison de posts écrits antérieurement sur les réseaux sociaux.

L’audience d’ouverture de la phase de preuves dans les poursuites mutuelles avait été marquée par une séance houleuse au tribunal au cours de laquelle Netanyahu avait été expulsé de la salle d’audience en raison de débordements répétés, après notamment avoir traité la députée d’Avoda de « salope ».

Les plaintes réciproques avaient suivi un échange entre Netanyahu et Shaffir qui avait eu lieu au mois d’avril 2020, alors que le pays était soumis à un confinement strict pour cause de pandémie de COVID-19. Benjamin Netanyahu, à l’époque Premier ministre, avait publié sur son compte Facebook une photo de sa famille célébrant ensemble la fête, y compris son autre fils, Avner Netanyahu, qui ne vivait pas avec lui, suscitant des critiques qui avaient fustigé une violation des lois de quarantaine.

Shaffir avait écrit sur Twitter qu’elle était déçue par le comportement du Premier ministre.

Yair Netanyahu avait répondu en critiquant l’ancienne députée et en faisant référence à sa candidature à la Knesset aux côtés d’Ehud Barak au sein du parti du Camp démocratique. Barak avait été lié au financier américain Jeffrey Epstein après la révélation d’une photographie qui le montrait en train de visiter la maison de ce dernier à New York.

« Vous êtes sûre d’avoir envie de parler de moralité après le projet raté que vous avez essayé de mettre en place avec un amateur de pédophilie, un visiteur fréquent de l’île de ce pédophile d’Epstein ? ».

Yair Netanyahu avait ensuite ajouté à l’intention de Shaffir : « Tu es laide à l’intérieur et à l’extérieur. Trouve-toi donc un mari arabe qui ne te foutra pas dehors, casse-toi dans un village, deviens musulmane et laisse-nous tranquilles ».

En réponse, Shaffir avait écrit que sa famille lui avait manqué pendant les vacances.

« Et maintenant, en lisant ce qu’a écrit le fils du Premier ministre, qui a été éduqué par lui et qui vit de son argent, ils me manquent encore plus », avait-elle ajouté. « Vous êtes un menteur, un harceleur, vous êtes malveillant et raciste ».

« La bouche de l’enfant est l’héritage du père », avait-elle continué.

Stav Shaffir, députée du parti travailliste. (Crédit : Flash90)

« Communiste, idiote, adepte de la pédophilie, gardez les noms désobligeants que vous m’avez donnés pour Epstein, Barak et vos autres amis. Je ne prends pas un shekel de l’État », avait répliqué Netanyahu. « Vous, par contre, vous devez aux contribuables 8 millions de shekels ».

Le fils du Premier ministre faisait probablement référence ici aux huit millions de shekels que Shaffir et Barak avaient empruntés auprès de la Knesset pour leur liste électorale conjointe en 2019, une somme qu’ils n’avaient pas remboursée après la dissolution de la Knesset et l’organisation immédiate d’élections consécutives.

Lors d’une audience, l’avocat de Netanyahu, Yariv Lankri, avait laissé entendre que Shaffir avait porté plainte contre son client dans le seul but de s’inscrire encore dans le paysage politique israélien après avoir quitté la Knesset.

« Êtes-vous en train de dire qu’on pourrait volontairement inviter autrui, d’une certaine manière, à se livrer à une agression verbale à connotation sexuelle à votre encontre ? », avait riposté Shaffir. « C’est du victim-blaming. »

« Netanyahu, en tant que personnalité publique – même s’il n’a pas été élu par le public – a utilisé la violence sexuelle comme stratégie, il a essayé de m’attribuer une trahison relative à la sécurité de l’État », avait-elle ajouté.

« Quelle absurdité, vous aviez un petit ami arabe. Qu’est-ce que vous voulez, enfin ? », lui avait rétorqué Netanyahu à voix forte.

« C’est un mensonge total, il n’y a rien de mal à avoir un partenaire arabe, et si j’en avais un, je le dirais », avait répliqué Shaffir.

Shaffir est mariée à Amit Stibbe, fils du milliardaire Eytan Stibbe.

Ehud Barak (à gauche), président du Parti démocrate israélien, Stav Shaffir, députée travailliste (au centre), et Nitzan Horowitz, président du Meretz, le 25 juillet 2019. (Autorisation)

Netanyahu a été impliqué de manière répétée dans des altercations verbales.

Au début du mois, il était apparu devant le tribunal dans le cadre d’une plainte en diffamation déposée par une jeune femme qui avait affirmé avoir subi un véritable harcèlement sexuel après la publication sur Twitter, par le fils du Premier ministre, d’un post où il laissait entendre qu’elle était la maîtresse du leader de HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz.

Il a par ailleurs comparé les manifestants dénonçant le projet de refonte judiciaire du gouvernement à l’unité paramilitaire Sturmabteilung, les SA, et il a affirmé que les États-Unis finançaient le mouvement de protestation – une accusation qui a été démentie avec force par Washington.

En décembre dernier, Benjamin Netanyahu avait été sommé de rejeter les appels lancés par son fils qui réclamait que les procureurs de l’État soient jugés pour haute trahison, après que Yair a laissé entendre qu’ils méritaient la peine de mort.

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