3 experts indépendants mandatés par l’ONU accusent Israël de « domicide »
Selon ces rapporteurs spéciaux, les autorités israéliennes ont démoli en janvier 132 structures palestiniennes parmi 38 communautés de Cisjordanie

Trois rapporteurs spéciaux de l’ONU ont demandé lundi à ce qu’Israël soit tenu responsable pour la démolition des logements de Palestiniens en Cisjordanie, des actes qu’ils qualifient de « domicide ».
Dans un communiqué, ces trois experts indépendants, mandatés par le Conseil des droits de l’Homme mais ne s’expriment pas au nom des Nations unies, ont appelé la communauté internationale à prendre des mesures pour mettre fin « aux démolitions ou fermetures systématiques et délibérées de logements (…), aux déplacements arbitraires et aux expulsions forcées de Palestiniens en Cisjordanie ».
Selon les experts de l’ONU, les autorités israéliennes ont démoli en janvier 132 structures palestiniennes parmi 38 communautés de Cisjordanie, dont 34 structures résidentielles et 15 structures financées par des donateurs. Ce total représente une augmentation de 135 %, par rapport à la même période en 2022, et comprend cinq démolitions punitives, en référence aux destructions de maisons de terroristes palestiniens.
« La démolition systématique de maisons palestiniennes, l’érection de colonies israéliennes illégales [avant-poste] et le refus systématique de permis de construire pour les Palestiniens en Cisjordanie occupée s’apparentent à un ‘domicide’, » ont estimé les trois experts, parmi lesquels figure Balakrishnan Rajagopal, Rapporteur spécial sur le logement convenable.
Fin 2022, M. Rajagopal avait demandé que le « domicide » – la destruction à grande échelle ou systématique de logements civils durant les conflits – soit reconnu comme un crime distinct en droit pénal international.
« Les attaques directes contre les maisons, les écoles, les moyens de subsistance et les sources d’eau du peuple palestinien ne sont rien d’autre que des tentatives d’Israël de restreindre le droit à l’autodétermination des Palestiniens et de menacer leur existence même », ont encore jugé les experts dans le communiqué.
Ils ont réitéré leur préoccupation concernant la situation à Masafer Yatta, dans le sud de la Cisjordanie, « où plus de 1 100 résidents palestiniens restent exposés à un risque imminent d’expulsion forcée, de déplacement arbitraire et de démolition de leurs maisons, de leurs moyens de subsistance et de leurs structures d’approvisionnement en eau et d’assainissement ».

« Les tactiques israéliennes de déplacement forcé et d’expulsion de la population palestinienne semblent n’avoir aucune limite. A Jérusalem-Est, des dizaines de familles palestiniennes sont également confrontées au risque imminent d’expulsions et de déplacements forcés, en raison (…) de planifications discriminatoires qui favorisent l’expansion des colonies israéliennes », déclarent les experts.
Les implantations constituent un « acte illégal au regard du droit international et assimilable à un crime de guerre », affirment-ils.
Plus de 475 000 Israéliens résident dans des implantations en Cisjordanie, où vivent 2,8 millions de Palestiniens.
Le 12 février, le cabinet de sécurité israélien a annoncé qu’il allait autoriser neuf avant-postes en Cisjordanie, après une série d’attaques commises par des terroristes palestiniens à Jérusalem-Est, qui ont fait depuis le 27 janvier dernier 10 morts et une dizaine de blessés.