50 survivants de la Shoah réclament l’arrêt de la refonte judiciaire
L'un des auteurs a fait le parallèle avec la destruction de la démocratie en Allemagne et aux Pays-Bas qui avait précédé la Shoah et la réforme en cours dans le pays
Plus de 50 survivants de la Shoah ont envoyé un courrier au gouvernement, dimanche, lui demandant d’arrêter un projet de réforme radicale du système judiciaire israélien qui, selon eux, brisera l’idéal d’un État juif et démocratique.
L’un des initiateurs de la lettre a précisé que la refonte lui rappelait les changements antidémocratiques en Europe qui avaient précédé la Shoah, où l’Allemagne nazie devait assassiner six millions de Juifs.
Les survivants du génocide – certains étaient arrivés, après la Seconde Guerre mondiale, pour aider à établir l’État d’Israël – bénéficient d’un statut particulier au sein de la société israélienne, à la fois comme rappel poignant et vivant du passé et incarnation de l’espoir offert par le pays d’un refuge sûr pour les Juifs – le refuge qui leur avait manqué dans le passé et qui avait manqué à toutes les victimes de la Shoah.
« Nous, les survivants de la Shoah qui sommes nés des cendres comme un phœnix », ont-ils écrit, « avons lutté pour établir un État juif doté de valeurs pour qu’il soit une lumière parmi les nations ».
Aujourd’hui, continuent-ils dans la missive, « nous assistons à la destruction, devant nos propres yeux, de cette même vision d’État juif et démocratique, de cet idéal de construction d’une société équitable et forte de réussites économiques, scientifiques, culturelles et sociales ».
« Cette destruction résulte des actions et des omissions du gouvernement israélien », poursuivent-ils. « Nous appelons le gouvernement d’Israël à mettre un terme à ce coup d’État et à préserver la nature juive et démocratique de notre pays ».
Notant leur âge avancé, ils indiquent que la société se rapproche du moment où « nos voix seront éteintes et où il n’y aura plus de témoin, sur la surface de la Terre, pour dire : ‘J’étais là !' »
« Nous lançons un appel au gouvernement d’Israël, celui d’abandonner cette réforme gouvernementale avant que nous ne touchions le fond du gouffre », ont-ils conclu.
Avraham Ruth, 95 ans, l’un des initiateurs de la lettre, a appelé les représentants du gouvernement à ne pas se rendre aux cérémonies organisées à l’occasion de Yom HaShoah.
« En tant que survivant de la Shoah, j’ai vu l’élimination progressive et totale de la démocratie en Allemagne, puis aux Pays-Bas et malheureusement, il est possible de faire des parallèles entre ce qui s’était passé alors et ce qui est en train de se passer maintenant. L’Histoire se répète et c’est très grave. Cela nous empêche de dormir la nuit », a-t-il confié à la Douzième chaîne.
« Les représentants du gouvernement n’ont pas leur place à ces cérémonies, ils n’y comprennent rien, ils n’ont aucune idée de ce qu’est une Shoah », a continué Ruth.
La journée de Yom HaShoah, en Israël, est marquée par des cérémonies officielles et notamment par deux minutes de silence en mémoire des victimes. Cette année, cette journée commencera dans la soirée du 17 avril et s’achèvera le lendemain dans la soirée.
Une semaine plus tard, Israël marquera la journée de commémoration des soldats tués au combat et des victimes du terrorisme, Yom HaZikaron.
La semaine dernière, des milliers de familles de soldats morts sur le front ou de victimes de terrorisme auraient appelé les ministre à ne pas prendre part aux événements officiels de la journée en signe de protestation contre les réformes du système de la justice.