Des familles auraient demandé aux ministres de rester à l’écart de Yom HaZikaron
Avec la réforme judiciaire controversée, des milliers de proches de soldats morts au combat ou de victimes du terrorisme craignent une exploitation politique des cérémonies
Des milliers de familles de soldats tués au combat ou de victimes du terrorisme ont appelé les ministres à se tenir à l’écart des cérémonies qui seront organisées lors de Yom HaZikaron, inquiètes à l’idée que ces événements puissent être exploités à des fins politiques, a fait savoir la chaîne Kan vendredi.
Selon le reportage de la chaîne, les familles ont soumis une demande allant dans ce sens auprès de Yad Labanim, la plus importante organisation de familles endeuillées de tout Israël, citant leur préoccupation face à d’éventuels discours et autres manifestations pour et contre la refonte du système judiciaire du pays.
Eli Ben-Shem, président de l’organisation, a organisé une réunion sur le sujet, mercredi, et il a proposé que les discours prononcés dans les cimetières soient assumés par des commandants de l’armée et non par des politiciens.
Les soldats tués au combat « sont morts dans le même char, au même avant-poste », aurait Ben-Shem, selon le reportage.
« Nous voulons prévenir des manifestations et des clivages dans l’enceinte des cimetières », a-t-il ajouté.
Yom HaZikaron, qui commencera dans la soirée du 24 avril, est l’occasion, pour un grand nombre d’Israéliens, de se rendre sur les tombes de leurs proches tués à l’armée ou lors d’attentats terroristes.
Les ministres prononcent habituellement des discours dans un grand nombre de cérémonies organisées dans les cimetières de tout le pays – si l’appel lancé par les familles devait être entendu, ce serait la première fois qu’il leur serait interdit de prendre la parole lors de ces événements.
Une pétition qui a été lancée par le député d’opposition Chili Tropper (HaMahane HaMamlahti) et qui aurait été signée par 90 parlementaires issus à la fois de la coalition et de l’opposition réclame que la politique soit laissée à l’écart à l’occasion de Yom HaZikaron.
La lettre écrite par Tropper appelle ainsi « toutes les factions » de la Knesset et « tout le peuple d’Israël » à « s’abstenir d’importer le débat dans les cimetières » et à « laisser Yom HaZikaron hors du conflit ».
Parmi les signataires de cette pétition, le leader de l’opposition Yair Lapid, le responsable du parti HaMahane HaMamlahti Benny Gantz, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, le ministre de la Justice Yariv Levin et les députés Simcha Rothman, Avigdor Liberman et d’autres, a fait savoir le site d’information Walla.
Toutefois, la ministre des Transports Miri Regev a refusé, de son côté, d’apposer sa signature à moins que la pétition concerne également les célébrations de Yom Haatzmaout et de Yom HaShoah. C’est Regev, législatrice du Likud, qui est chargée d’organiser les cérémonies nationales pour ces journées.
Lapid, pour sa part, n’a pas souhaité signer le document élargi de Regev, disant que le faire reviendrait « à prétendre » que la situation actuelle est acceptable.
« Nous n’allons pas prétendre que nous allons célébrer ensemble ces journées et que tout va bien au moment même où le gouvernement déchire la population d’Israël et efface la démocratie », a annoncé Lapid dans un communiqué.
« Nous n’allons pas rester à ne rien faire en regardant une nouvelle démonstration embarrassante de flatterie à l’égard de la famille Netanyahu », a-t-il ajouté.
Jeudi dernier, des dizaines de familles de soldats tués au combat avaient manifesté contre la réforme controversée du système judiciaire actuellement avancée par le gouvernement aux abords du ministère de la Défense à Tel Aviv dans le cadre d’une « journée nationale de paralysie » lancée par les leaders du mouvement de protestation.
Gavriella Zimmerman, dont le fils Amir avait été tué en 2006, avait déclaré qu’elle avait eu le sentiment qu’elle n’avait d’autre choix que celui de manifester.
« En tant que mère ayant perdu son fils, c’est difficile de brandir le drapeau mais j’ai réellement le sentiment d’avoir un pied dans l’abîme – un seul pas et nous allons tomber, dans l’incapacité totale de faire marche arrière », avait-elle confié à Walla.
« Ce n’est pas pour ça qu’Amir est mort, il n’est pas mort pour un pays en ruine », avait-elle ajouté.
Ash Obel a contribué à la rédaction de cet article.