A Jérusalem ou Hébron, la coïncidence de l’Aïd et Kippour met la police sur les dents
C'est la première fois que les dates concordent depuis 33 ans car juifs et musulmans observent des calendriers lunaires différents
Jérusalem, Hébron ou Acre seront sous haute surveillance à partir de vendredi par crainte de violences à l’occasion d’un évènement qui n’est pas arrivé depuis 33 ans : la concomitance de Yom Kippour et de l’Aïd al-Adha, deux fêtes importantes du judaïsme et de l’islam.
Dans un climat de tensions exacerbées ces derniers mois, les juifs entrent vendredi soir et jusqu’à samedi dans les célébrations du Grand pardon tandis que les musulmans commencent samedi et jusqu’à mardi la fête du sacrifice. Jeûne et expiation d’un côté, immolation de mouton et festivités de l’autre.
La grande inquiétude des autorités, surtout samedi, c’est que des membres de l’un ou l’autre des groupes ne se livrent à des provocations ou qu’ils ne ressentent comme telles certains agissements. A Jérusalem ou ailleurs, juifs et musulmans vont célébrer à peu de distance les uns des autres.
« La police israélienne est sur le qui-vive et prévoit un déploiement renforcé », a indiqué sa porte-parole Luba Samri à l’AFP.
Des incidents ont eu lieu par le passé lors de Kippour. Un automobiliste arabe avait provoqué plusieurs soirées consécutives de violences entre juifs et Arabes en 2008 à Saint-Jean-d’Acre en entrant en voiture et avec son autoradio à fond dans un quartier où cohabitent les deux communautés.
Les juifs avaient considéré son comportement comme une marque d’irrespect pour le caractère sacré de Yom Kippour.
Pas de voiture pendant Kippour
Leur religion interdit aux juifs de rouler en voiture pendant les 25 heures de jeûne de Yom Kippour (du coucher du soleil vendredi à la tombée de la nuit samedi), comme pendant le shabbat.
A Jérusalem-est, théâtre chronique de heurts encore plus nombreux cet été, la police concentrera ses efforts sur le site hautement sensible du mont du temple pour les juifs, troisième lieu saint de l’islam qui surplombe le mur Occidental, lieu le plus sacré du judaïsme, a indiqué Mme Samri.
Les musulmans auront le droit de se rendre à la mosquée Al-Aqsa, notamment pour la prière de l’aube, la plus importante de la journée de samedi, premier jour de l’Aïd. Des dizaines de milliers de fidèles sont attendus. Leur acheminement, passant près de quartiers juifs, est un défi organisationnel pour la police.
A Saint-Jean-d’Acre, un accord a été conclu entre les communautés pour éviter une répétition des incidents de 2008, a dit à l’AFP Abbas Zakour, dignitaire musulman.
Les célébrations musulmanes auront lieu dimanche, a indiqué Mme Samri, mais dès samedi, selon le cheikh Zakour, la municipalité mettra des voiturettes électriques (et donc silencieuses) à la disposition des musulmans pour qu’ils se rendent à la mosquée pour la prière de l’aube. La circulation sera interdite dans la Vieille Ville pour respecter le Grand pardon juif.
Hébron, autre lieu à hauts risques
A Hébron, où l’armée et la police maintiennent en permanence des dizaines de check-points et où des heurts opposent quasi-quotidiennement les Palestiniens aux résidents juifs et aux soldats israéliens, la situation est également à hauts risques.
Dans cette ville du sud de la Cisjordanie, musulmans et juifs viennent se recueillir sur le Caveau des patriarches.
Le monument est en général divisé en deux — une mosquée d’un côté, une synagogue de l’autre — depuis qu’un extrémiste juif a abattu 29 Palestiniens en prière en 1994.
Les musulmans n’y sont pas habituellement appelés à la prière le samedi, jour de culte pour les juifs, a dit Hijazi Abou Snina, responsable de la mosquée. Mais, « à l’occasion de l’Aïd, l’appel à la prière de l’aube (samedi) a été autorisé ». La totalité du tombeau sera réservée aux juifs vendredi soir ; il sera de nouveau partagé samedi avant de n’être ouvert qu’aux musulmans dimanche.
A Jaffa, dans l’agglomération de Tel Aviv, et dans d’autres villes où cohabitent les deux communautés, les défilés festifs des musulmans ont été repoussés à samedi soir, plutôt qu’en journée, selon Mme Samri.