À peine nommée ministre, May Golan a été expulsée de la Knesset
Bientôt à la tête du ministère de la Promotion de la condition féminine, la députée a été expulsée pour avoir traité une députée de l’opposition de « dépravée et [de] menteuse »
La Knesset a donné, lundi, son approbation à la nomination de la députée du Likud, May Golan, au poste de ministre de la Promotion de la condition féminine.
Le mois dernier, la tentative de la faire nommer consule générale d’Israël à New York avait déclenché un tonnerre de protestations.
Les organisations juives américaines et l’administration Biden s’étaient opposées à ce que Golan soit nommée à ce poste diplomatique important en raison de ses provocations passées.
La députée d’extrême droite est en effet connue pour son style impétueux et ses déclarations scandaleuses. C’est elle qui avait qualifié l’ex-Premier ministre, Naftali Bennett, de « kamikaze ».
Les députés ont approuvé la nomination de Golan comme ministre par une majorité de 38 voix contre 23, et créé le nouveau ministère, au lendemain de l’ouverture de la session d’été de la Knesset.
Quelques minutes après le vote, Golan a apostrophé une députée de l’opposition, ce qui lui a valu de se faire sortir du plénum.
La députée de l’opposition Merav Ben-Ari, du parti Yesh Atid, s’était adressée à la Knesset et avait reproché à Golan d’avoir « séché » le service militaire, pourtant obligatoire. Golan avait donné des explications contradictoires sur ce point.
Golan s’est offusquée de ces propos et s’est emportée contre Ben-Ari, la traitant de « femme misérable, hypocrite, dépravée et menteuse ».
Ben-Ari a répondu que Golan était une « honte pour la Knesset ».
Elle a ajouté qu’elle déposerait une plainte contre Golan auprès de la Commission d’éthique de la Knesset.
Furieuse, Golan a crié : « Vous êtes une hypocrite et une menteuse. Vous l’êtes aujourd’hui et le serez toute votre vie. »
Le vice-président de la Knesset, Nissim Vaturi, qui présidait la réunion, a ordonné que Golan quitte la salle.
La ministre nouvellement installée a refusé d’obtempérer et il a fallu quatre huissiers de la Knesset, dont une femme qui retenait physiquement la députée, pour l’amener à sortir.
מהרגעים המכוערים של הכנסת. מאי גולן, דקה אחרי שמונתה לשרה, באוצר מילים קשה לשמיעה: ״עלובה, מנוולת, שקרנית, צבועה״.
איזה חוסר כבוד בעיקר לעצמה pic.twitter.com/SDA1mOlGr5
— יקי אדמקר (@YakiAdamker) May 1, 2023
Le ministère de Golan est créé par un transfert de certaines attributions du ministère de l’Égalité sociale, dirigé par le député Amichai Chikli.
Avant le vote d’approbation qui la concerne, Golan s’était adressée au plénum et avait reproché aux députés et organisations de gauche de ne pas s’exprimer sur le cas des migrants illégaux accusés de viol et d’agressions violentes de femmes à Tel Aviv parce que, selon elle, être hostile aux migrants les desservirait.
Golan, qui habite Tel Aviv et milite depuis longtemps contre la présence de migrants illégaux dans cette ville, a déclaré savoir « ce qu’il se passe dans le sud de Tel Aviv : j’y ai rencontré des femmes qui ont été violées et battues » par des migrants.
« Ce ne sont clairement pas les priorités de la gauche » qui « fait comme si de rien n’était et ne dit rien sur la question », a-t-elle déclaré.
Golan s’est fait un nom en politique en faisant campagne pour l’expulsion des demandeurs d’asile africains, question qu’elle a continué à défendre malgré les accusations de racisme qui l’ont frappée.
En 2012, elle avait déclaré sur un sarcastique, lors d’une manifestation dans le sud de Tel Aviv, que si ses propos – selon lesquels les migrants violaient et tuaient des Israéliens – étaient racistes, alors « [elle était] fière de l’être ».
En 2013, Golan s’était présentée aux élections avec le parti radical Otzma L’Yisrael, qui n’avait pas réussi à remporter suffisamment de voix pour entrer à la Knesset.
Ce parti était un précurseur du parti d’extrême droite Otzma Yehudit, aujourd’hui dirigé par le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir.
Golan a récemment rejoint les rangs du Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, siégeant brièvement à la Knesset en 2019 avant d’y revenir en 2020, jusqu’à aujourd’hui.
Elle se présente elle-même, depuis toujours, comme une agitatrice d’extrême droite qui refuse d’être réduite au silence.
En 2021, elle déclarait au quotidien Israel Hayom qu’elle n’avait pas l’intention de modérer son discours parce qu’elle était députée et qu’elle était la « mère du politiquement incorrect ».
Golan s’était vu promettre le poste de ministre de la promotion des femmes dans la société, mais le vote de confirmation de la Knesset, le mois dernier, avait été retiré de l’ordre du jour à la dernière minute.
Selon plusieurs sources d’information dans les médias israéliens, le premier vote aurait été annulé car Netanyahu tentait alors de persuader Golan de renoncer à ce poste au profit de celui de consule générale à New York.
Face au tollé causé par la perspective de sa nomination au poste de consul, de hauts responsables du gouvernement témoignant sous couvert d’anonymat auprès des médias israéliens ont déclaré que les services du Premier ministre avaient fini par comprendre que la nomination était inappropriée et que Golan ne souhaitait pas accepter le poste.