À travers le pays, des manifestants réclament un accord pour les otages
Un homme est arrêté pour avoir bloqué le carrefour de Karkur ; une mère d'otage accuse Benjamin Netanyahu "d'avoir besoin que la guerre continue pour pouvoir éviter le procès"
Des centaines de manifestants ont défilé samedi soir dans le centre-ville de Jérusalem, rejoignant les milliers d’autres qui s’étaient rendus dans différents endroits d’Israël pour exiger que le gouvernement signe un accord de « trêve contre libération d’otages » détenus par le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023.
Certains manifestants ont fait retentir des tambours, tandis que d’autres portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « La guerre est finie, ramenez-les à la maison ! » et « Ramenez-les de l’enfer ».
Au carrefour de Karkur, dans la région de Sharon, les manifestants anti-gouvernement ont déclaré qu’un militant avait été arrêté pour avoir bloqué la route.
Parallèlement au rassemblement principal à Tel Aviv de samedi soir, des manifestations plus restreintes ont également eu lieu dans des villes et des villages, notamment Beer Sheva, Modiin, Haïfa et Rehovot.

Un groupe qui fournit une représentation juridique aux manifestants anti-gouvernement a déclaré qu’une personne a été arrêtée alors qu’elle manifestait devant le domicile du ministre du Néguev et de la Galilée, Yitzhak Wasserlauf, dans le sud de Tel Aviv.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent une cinquantaine de personnes devant le domicile du ministre, la police poussant certains manifestants derrière un périmètre de sécurité.
Dans le centre-ville de Tel Aviv, des centaines de manifestants anti-gouvernement ont scandé des slogans demandant la fin de la guerre à Gaza et un accord pour la libération des otages, devant l’entrée des quartiers généraux de l’armée de la Kirya, à Tel Aviv située sur la route Begin.
De part et d’autre des manifestants, des groupes anti-gouvernement vendaient des marchandises et tentaient de rallier des militants à leur cause.
הפגנה סוערת אצל וסרלאוף עכשיו השוטרים מונעים מהמפגינים להפגין pic.twitter.com/q5ra3BqPvY
— לירי בורק שביט (@lirishavit) November 23, 2024
L’un d’entre eux prône la « désobéissance civile », c’est-à-dire le refus d’aller travailler ou d’envoyer les enfants à l’école, que l’organisation syndicale de la Histadrout déclare ou non une grève.
La page de collecte de fonds de ce groupe montre qu’il est affilié au « Front », une coalition de groupes réclamant la libération des otages et la destitution du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
À une rue de là, sur la Place des Otages, le Forum des familles des otages et disparus a tenu son principal rassemblement. Le maire de Tel Aviv, Ron Huldaï, était présent dans l’assistance.
Einav Zangauker, dont le fils Matan Zangauker est retenu en otage par le Hamas à Gaza depuis le 7 octobre 2023, a accusé Netanyahu « d’avoir besoin que la guerre continue pour pouvoir éviter le procès ».
Le Premier ministre commencera à témoigner dans le cadre de son procès pénal le mois prochain, quelques semaines après qu’un tribunal a rejeté sa demande de report en raison des contraintes de temps liées à la gestion du conflit actuel, qui se déroule sur plusieurs fronts.
« Le prix est payé par 101 personnes kidnappées », a déclaré Zangauker lors de la conférence de presse hebdomadaire des familles d’otages à l’extérieur des quartiers généraux de l’armée de la Kirya, à Tel Aviv, avant le principal rassemblement anti-gouvernement sur la route Begin.
Yifat Calderon, dont le cousin Ofer Calderon est également détenu à Gaza depuis 414 jours, a affirmé que la récompense de 5 millions de dollars pour toute personne pouvant contribuer à la libération des otages israéliens, annoncée par Netanyahu au début du mois, met en fait « en danger la vie des captifs » en déclenchant une « guerre des gangs à leurs dépens ».
"העם מבין שדם החטופים על ידיו של נתניהו, שהוא לא רוצה להחזיר את כל החטופים ולסיים את המלחמה. הוא צריך שהמלחמה תימשך כדי שיוכל להתחמק מהמשפט! את המחיר משלמים מתן שלי ועוד מאה ישראלים וישראליות".
עינב צנגאוקר, אימו של מתן החטוף בעזה כבר 414 ימים, בהצהרת המשפחות בשער בגין.
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— כולנו חטופים (@Kulanu_Hatufim) November 23, 2024
Elle a demandé au gouvernement de conclure un accord en une seule phase pour libérer les 97 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre et qui se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps d’au moins 34 personnes dont la mort a été confirmée par l’armée israélienne.
Jon Polin et Rachel Goldberg-Polin, parents de l’otage tué Hersh Goldberg-Polin, ont promis aux autres familles d’otages qu’ils resteraient avec eux jusqu’à ce que tous les captifs reviennent.
Tous deux ont déclaré qu’ils ne faisaient pas de déclaration politique, mais qu’ils plaident en faveur des 101 otages restants.
Dans des sermons jumelés en anglais et en hébreu, ils ont parlé de la portion hebdomadaire de la Torah, Hayei Sarah, dans laquelle la matriarche éponyme meurt à l’âge de 127 ans, laissant la foule de plusieurs centaines de personnes sur la Place des Otages de Tel Aviv subjuguée.

Jon Polin, en hébreu, a décrit le nouveau veuf, Abraham, à 137 ans : avec un fils sans enfant et l’autre éloigné, il est loin de la promesse de Dieu selon laquelle il engendrera une grande nation.
« Abraham s’attend-il à des miracles ? Non », a demandé Polin.
« Il passe à l’action, en achetant un lieu de sépulture et en envoyant son serviteur chercher une femme pour son fils Isaac. »
« Je lance un appel à tous les décideurs : soyez comme Abraham dans la portion hebdomadaire de la Torah », a déclaré Polin.
"My name is Rachel, and I will always be the mother of Hersh Goldberg-Polin"
Hostages Square, October 414 ????️#BringThemHomeNow #TurnTheHorrorIntoHope pic.twitter.com/jMSVLKmka9
— Bring Them Home Now (@bringhomenow) November 23, 2024
« Concentrez-vous sur la mission la plus importante. Ramenez les otages à la maison », a-t-il ajouté.
« N’accusez pas, ne montrez pas du doigt. Soyez des êtres humains. »
Rachel Goldberg, en anglais, a noté que l’opinion traditionnelle de « nos commentateurs bibliques, nos meforshim », était que Sarah était morte lorsqu’elle avait appris que son fils unique Isaac avait été sacrifié.
Un silence s’est installé dans la foule tandis que Goldberg prononçait lentement les mots.

« Nous avons perdu trop d’âmes chères », a-t-elle déclaré.
« Il y a trop de parents comme nous qui ont perdu leurs enfants. »
S’adressant aux otages, elle dit : « Tout le monde ici vous aime. »
« Restez forts. Survivez », a-t-elle ajouté comme elle avait l’habitude de le faire à l’adresse de son fils avant qu’il ne soit exécuté par le Hamas.
Le Hamas avait relâché 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine fin novembre. Quatre captives avaient été remises en liberté précédemment. Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 37 otages ont été récupérées, notamment celles de trois Israéliens qui ont été tués accidentellement par l’armée.
Le groupe terroriste palestinien détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats tués en 2014.