Abbas tient Washington pour responsable du « retour à la politique d’incursion » d’Israël
Le chef de l'AP demande une intervention américaine pour mettre fin aux raids militaires et soumet à Blinken des concessions dans le cadre d'un éventuel pacte israélo-saoudien
Le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, a déclaré mardi qu’il tenait les États-Unis pour responsables du retour présumé d’Israël à sa politique « d’assassinats et d’incursions dans les villes, les villages et les camps de réfugiés palestiniens ».
La déclaration d’Abbas, publiée par le porte-parole officiel de la présidence de l’AP, Nabil Abu Rudeineh, et rapportée par l’agence de presse palestinienne officielle Wafa, était une réaction à une incursion militaire israélienne mardi matin dans le camp de réfugiés de Nur Shams, dans la ville de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie.
L’AP a appelé à une « intervention immédiate des États-Unis pour mettre fin à l’agression israélienne » au-delà de la politique américaine consistant à « faire des déclarations qui ne changent rien sur le terrain », ajoutant que « la situation est sur le point d’exploser » et que les attaques israéliennes auront « des répercussions très dangereuses pour tout le monde ».
L’armée israélienne a déclaré que les troupes étaient entrées dans le camp de réfugiés pour s’occuper d’un dépôt d’engins explosifs, qui a été dûment détruit par les troupes d’ingénierie de combat. Les affrontements ont causé la mort d’un Palestinien de 21 ans, Ayed Samih Abu Harb, et d’importants dégâts matériels et d’infrastructure.
Cette déclaration intervient au lendemain d’une conversation téléphonique entre Abbas et le secrétaire d’État américain Antony Blinken, au cours de laquelle Abbas a dénoncé le « terrorisme » des résidents d’implantations israéliens.
Abbas a également exhorté les États-Unis à contraindre Israël à mettre fin à ses « pratiques agressives », à respecter les accords signés et à se concentrer sur « l’horizon politique » d’une solution négociée pour mettre fin au conflit.
Selon Wafa, Abbas a présenté à Blinken quatre demandes visant à faire avancer la solution des deux États : Les efforts des États-Unis pour accorder à l’AP le statut de membre à part entière de l’ONU par une décision du Conseil de sécurité ; la fin de « toutes les sanctions imposées aux Palestiniens en raison des lois américaines », en référence à la législation du Congrès qui qualifie l’AP d’organisation terroriste ; l’établissement de « relations normales » entre l’administration américaine et l’État de Palestine, y compris la réouverture du consulat américain à Jérusalem et d’un bureau pour la Palestine à Washington ; et le rétablissement du programme américain d’aide directe.
Cette conversation a eu lieu alors que des responsables américains et palestiniens devaient se rendre à Ryad cette semaine pour rencontrer séparément leurs homologues saoudiens. La délégation américaine, dirigée par l’envoyé de la Maison Blanche pour le Moyen-Orient, Brett McGurk, et la secrétaire d’État adjointe pour les affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf, doit discuter d’un accord de normalisation potentiel entre le royaume du Golfe et Israël, tandis que les Palestiniens, dirigés par le secrétaire général du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine, Hussein al-Sheikh, seront à Ryad pour discuter de ce que Ramallah espère obtenir d’un accord de normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël.
Des sources diplomatiques palestiniennes ont révélé que la délégation chercherait à obtenir des concessions « irréversibles » de la part d’Israël afin de faire avancer la candidature de l’Autorité palestinienne à la création d’un État.