Acclamé par LFI, Médine s’est défendu de nouveau de tout antisémitisme
Deux jours après avoir été applaudi aux universités d'EELV, le rappeur est revenu sur cette polémique qu'il a jugé "horrible"
Le rappeur Médine, dont un tweet jugé antisémite avait fait polémique pendant l’été, s’est à nouveau défendu samedi de toute haine lors d’un débat organisé aux journées d’été de LFI où il a été chaleureusement accueilli par les militants insoumis.
Deux jours après avoir été applaudi aux universités d’EELV – une invitation qui avait pourtant déchiré le parti –, le rappeur originaire du Havre est revenu lors d’un débat avec la cheffe des députés LFI, Mathilde Panot, sur cette polémique qu’il a jugé « horrible ».
« Non seulement je ne suis pas antisémite mais en plus je lutte contre l’antisémitisme depuis 20 ans au plus près, sur le terrain », a-t-il répété.
« Je compte bien ne pas attendre qu’on me distribue un permis de lutte contre l’antisémitisme », a-t-il ajouté.
Un message sur X (ex-Twitter) qualifiant l’essayiste Rachel Khan – juive et petite-fille de déporté – de « resKHANpée » avait provoqué la polémique avant sa venue chez EELV.
Interrogé par le public sur l’attitude « paternaliste » qu’auraient eu des responsables du parti écologiste à son égard, le rappeur a dénoncé « des attitudes déplacées de la part de gens qui (l)’ont invité » mais assure ne pas s’être « laissé intimider ».
Devant un auditoire acquis à sa cause, il est revenu sur son parcours politique, intrinsèquement lié à son rap, selon ses explications.
« Je suis de cette école de rappeurs qui ont porté une parole politique sans même en avoir l’ambition. C’est une parole politique qui est consubstantielle à cette musique, aux personnes qui viennent de quartiers populaires, car ils font face à des injustices sociales », a-t-il déroulé.
« Je n’ai pas d’agenda communautaire, je ne veux pas de repas spéciaux dans les communes, je veux une nourriture saine pour tous les enfants », a-t-il détaillé sous les applaudissements.
« La gauche a longtemps récupéré la parole artistique, ça a créé de la défiance », a encore considéré le chanteur, appelant à un « travail mutuel de déconstruction », entre le rap et la gauche.
Celui qui a dit avoir voté l’année dernière pour Jean-Luc Mélenchon lors de l’élection présidentielle a été acclamé à plusieurs reprises, notamment lorsqu’il a parlé des « causes des damnés de la terre », de sa lutte contre l’extrême droite ou des combats des « LBGTQIA+, des féministes et des mouvements sociaux ».
Médine a été taxé cet été d’homophobie et d’antisémitisme au vu de certaines interviews, chansons, ou prises de position passées : des photos du rappeur effectuant le geste antisémite de la quenelle, ou encore l’un de ses textes où il chante « Crucifions les laïcards comme à Golgotha ».
Dans une tribune au Monde, l’historien Sébastien Ledoux a jugé sévèrement le soutien apporté par des représentants politiques au rappeur Médine, dont les propos contribuent selon lui à nourrir un antisémitisme ambiant.
Rachel Khan est elle sortie du silence après les dires de Médine, et a également critiqué la gauche.
Ce lundi, dans une interview au Monde, elle a expliqué avoir jusqu’alors « laissé les autres prendre la parole pour moi. Je suis contente de voir les réactions qui ont traversé la sphère politique pour rappeler les valeurs de la République, jusqu’au sein même des Verts (la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian, et celui de Bordeaux, Pierre Hurmic, ne se sont pas rendus aux universités d’été en protestation contre la venue de Médine, NDLR) ».
« Médine est un multirécidiviste de paroles de haine. Il fait ses excuses et à chaque fois il revient avec un nouveau truc : la quenelle, les attaques homophobes et antisémites, la laïcité, et maintenant cette attaque sur mon nom. Il y a des mots qui sont des délits, ce n’est pas négociable », a-t-elle poursuivi.
Interrogée sur les « excuses » de Médine, elle a déclaré : « Il m’a attaquée de façon personnelle sur mon parcours, mes idées. Et s’excuse de manière générale. (…) Quand, à la sortie de Racée (son précédent livre, NDLR), l’extrême droite me lance ‘Khanania’ en référence à Banania , c’est comme ‘ResKHANpée’. De nouveau c’est avec mon nom qu’on joue. »
Alors que Médine a affirmé qu’il n’avait pas connaissance de l’ascendance juive de Khan, elle a répondu que son propos n’était « pas crédible ».
Née d’un père gambien d’origine musulmane et catholique et d’une mère juive franco-polonaise, elle explique que son nom « appartient à la grande histoire mondiale. (…) Je ne laisserai pas Médine et ses amis souiller une double mémoire ».
Elle a aussi vivement critiqué la gauche française.
« J’ai mal à cette gauche qui ne défend plus les principes républicains qui sont les siens (…) Si je m’exprime, c’est que je vois très bien que les gens, notamment à gauche, ont peur maintenant de dire les choses. Ils ont ce silence, le ‘pas de vagues’, et c’est ça qui est très dangereux », a-t-elle indiqué.
Le parti La France insoumise, fondateur de la Nupes, a lui à plusieurs reprises été accusé de laxisme face à l’antisémitisme, notamment après l’accueil à Paris de Jeremy Corbyn, ex-patron du Parti travailliste britannique exclu de son groupe parlementaire pour laxisme face à l’antisémitisme, par Danièle Obono et Danielle Simonnet, devenues députées.
Jean-Luc Mélenchon a lui aussi déjà été accusé d’accointances avec l’antisémitisme.