ADL : le décret de Trump sur les soldats transgenres est « ouvertement discriminatoire »
Le groupe juif a jugé l'annonce du président "profondément inacceptable" et s'engage à se "battre contre ce décret anti-patriotique"
La Ligue Anti-Diffamation (ADL) a condamné mercredi la décision du président américain Donald Trump, qui a interdit aux personnes transgenres de servir dans l’armée, jugeant cette nouvelle politique « profondément inacceptable et ouvertement discriminatoire ».
« C’est un triste jour quand le président des États-Unis déclare que les Américains transgenres ne sont pas les bienvenus dans l’armée américaine », a déclaré Jonathan A. Greenblatt, le PDG de l’ADL dans un communiqué.
« Cette politique est profondément inacceptable – elle dévalorise les individus américains, et est ouvertement discriminatoire. Nous nous battrons contre ce décret anti-patriotique contre les soldats transgenres. Nous ne laisserons pas le sectarisme empêcher les américains de servir leur pays. »
Le président américain Donald Trump a annoncé sur Twitter mercredi que les personnes transgenres ne pourront servir dans « aucune capacité » dans l’armée américaine.
Donald Trump met en avant « le fardeau des coûts médicaux énormes » et « les perturbations que des personnes transgenres dans l’armée entraîneraient » pour justifier sa décision.
Cette décision intervient sous la pression des républicains chrétiens conservateurs qui veulent remettre en cause l’héritage de la précédente administration de Barack Obama en faveur des personnes transgenres, un sujet très polémique aux Etats-Unis, malgré le très petit nombre de personnes concernées.
« Après consultation de mes généraux et des experts militaires, soyez avisés que le gouvernement des Etats-Unis n’acceptera pas ou ne permettra pas aux personnes transgenres de servir dans aucune capacité dans l’armée américaine », a tweeté le président.
L’annonce de Trump ne donne pas d’informations sur ce qui arriverait aux personnes transgenres qui sont actuellement en service.
Le ministère de la Défense américain semble avoir été pris de court par cette annonce, alors que le ministre de la Défense Jim Mattis est en congé.
« Nous donnerons des instructions rapidement », a simplement commenté le porte-parole du Pentagone, le capitaine Jeff Davis, renvoyant toutes les questions vers la Maison Blanche.
La Maison Blanche n’a pas réagi aux demandes de commentaires.
Certains législateurs ont affirmé que ce n’était pas la meilleure manière de procéder pour un tel changement de politique.

Le sénateur républicain John McCain a vivement critiqué le président Donald Trump pour avoir annoncé un stupéfiant renversement de politique de l’armée américaine sur Twitter.
« Tout Américain qui répond aux standards en vigueur sur le plan médical et de la préparation doit pouvoir continuer à servir », a-t-il tonné, alors que l’impact de la décision surprise de Donald Trump sur les militaires transgenres en activité n’a pas été détaillé.
Le nombre de personnes transgenres dans l’armée varie selon les sources.
Selon le ministère de la Défense américain, il y aurait de 2 500 à 7 000 personnes transgenres sur les 1,3 million de militaires en activité.
Une étude de la Rand Corporation publiée en juin 2016 parle de 1 320 à 6630 personne sur les 1,3 million de militaires en exercice.
L’organisation de défense des droits Human Rights Campaign estime que le chiffre est plus proche des 15 000.
Cette étude souligne que seule une petite portion de militaires opte pour une transition sexuelle qui affecterait leur déployabilité ou les coûts liés à la santé, rajoutant entre 2,4 et 8,4 millions de dollars au large budget du Pentagone.
La question des droits des personnes transgenres a été au centre des débats ces derniers mois, notamment en raison de la façon dont certains États régulent l’usage des toilettes publics.
En février, le gouvernement de Donald Trump avait déjà mis fin à un dispositif de protection des droits des transgenres dans le système public de l’éducation. Les mesures supprimées, instaurées par la précédente administration, permettaient notamment aux écoliers et étudiants de se rendre dans les toilettes et les vestiaires du genre avec lequel ils s’identifient, et non pas celui qui est sur leur acte de naissance.