Agression antisémite sur un serrurier : « C’était réellement visé contre les juifs »
« Je me dis 'est ce que je suis en train de vivre un cauchemar', » confesse le serrurier non-juif

Trois mineurs ont été placés sous contrôle judiciaire par le parquet de Meaux, mardi dernier, pour avoir agressé un serrurier fin novembre 2015, rapporte le Parisien.
Le motif de cette agression est clairement antisémite, les trois lycéens pensant que le serrurier était de confession juive.
Le serrurier a accepté de revenir sur son agression sur Europe 1.
Thomas explique ainsi que tout a commencé à la suite d’une promotion que son patron a effectuée sur une radio communautaire juive, Radio J.
Un devis a ainsi été réalisé et le serrurier s’est rendu sur place, à Bussy-Saint-Georges. Une fois en bas, les individus l’attendaient.
« Je suis de dos et ils viennent, ils m’attaquent avec un coup de pied, je tombe, ils me mettent un coup de bombe lacrymogène derrière la tête. Je suis roué de coups, je suis aspergé de bombe lacrymogène », déclare la victime de l’agression.
« Je me dis ‘est ce que je suis en train de vivre un cauchemar’, » confesse le serrurier.
« Je suis au sol, une fois qu’ils pensent qu’ils ont pris le dessus sur moi, ils me disent ‘on va te tuer sale juif’. Ils m’ont traité de sale juif, ils ont dit ‘on va te tuer si t’appelles la police, on va tuer ta femme, on sait où tu habites’ ».
Selon Thomas, les agresseurs se sont trompés de victime. Ils visaient son patron. « Pas une seconde je leur ai dit que je n’étais pas juif, ça m’aurait peut être aidé de dire que ce n’était pas moi. A quoi bon vous êtes en train de prendre des coups, » a indiqué le serrurier.
« C’était réellement visé contre les juifs, » conclut Thomas.
Hier, Raphaël Enthoven est revenu sur cette agression sur Europe 1.
« On ne sait même pas si la victime est effectivement juive, » a souligné le philosophe. « Il n’est pas nécessaire d’être juif pour être victime de l’antisémitisme. Il suffit d’être désigné comme tel en vertu de critères (…) qui sont eux-mêmes une invention de l’antisémite. »
Selon Raphaël Enthoven, l’antisémitisme n’a ainsi plus besoin du judaïsme pour passer à l’acte.
« Ce sont des passions autonomes, peu importe aux jeunes barbares de Bussy-Saint-Georges que leur victime soit réellement juive, l’essentiel est de lui taper dessus, à ce titre. Le réel ne les intéresse pas, les soupçons leur suffisent. »
« Ce n’est pas un geste idiot, c’est beaucoup plus grave que ça. C’est une imputation de judaïsme, en vertu de ce qu’on tient pour sa définition. Serait juive toute personne qui travaille dans une entreprise dont le nom sonne juif. »
La morale de l’info de Raphaël repose sur une phrase de Jean-Paul Sartre. « Si le juif n’existait pas, l’antisémite l’inventerait ».