Allemagne : l’AfD embarrassée par les liens de cadres avec l’extrême droite
L'AfD rejette le qualificatif d'extrême droite, jugé infamant dans un pays hanté par son passé nazi

Le parti de droite populiste Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui enchaîne les succès électoraux depuis le début de l’année, était confronté jeudi à des accusations de liens de certains de ses cadres avec l’extrême droite.
Dernier épisode en date, un député élu sous l’étiquette AfD dimanche dernier lors des élections locales berlinoises, Kay Nerstheimer, a dû renoncer à intégrer le groupe AfD à l’assemblée de la capitale.
Ce dernier avait été membre en 2012 de la Ligue de défense allemande, un groupe d’extrême droite islamophobe et proche des néo-nazis qui fait l’objet d’une surveillance du renseignement intérieur allemand.
Nerstheimer a aussi été pointé du doigt par la presse pour ses dérapages répétés sur les réseaux sociaux, qualifiant les réfugiés de « vermine dégoûtante », justifiant des exécutions à l’époque nazie, et diffusant des théories sur un complot juif contre l’Allemagne.
« Si nous tolérons de telles idées dans le parti, nous avons un vrai problème de crédibilité », a déclaré Alice Weidel, membre du conseil fédéral de l’AfD, au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Pour l’instant, Kay Nerstheimer n’a toutefois pas été exclu du parti. L’AfD se penchera sur la question le mois prochain. Le mouvement a reconnu avoir été au courant du passif de son candidat.
Autre région, autre polémique : la justice a ouvert une enquête sur le principal candidat de l’AfD en Sarre (sud-ouest de l’Allemagne) pour les élections régionales de mars 2017, Rudolf Müller, soupçonné d’organiser un commerce d’objets nazis et notamment des décorations frappées de la croix gammée, chose interdite en Allemagne.
L’intéressé, un antiquaire, a assuré à l’agence DPA ne rien faire d’illégal car il décolle les croix gammées avant d’exposer les objets en vitrine.
L’AfD doit par ailleurs encore trancher sur l’avenir de la direction du parti dans la Sarre, car deux de ces dirigeants sont accusés d’avoir entretenu des liens étroits avec des groupes d’extrême droite.
Ces cas illustrent les divers courants qui continuent de s’affronter à l’intérieur du mouvement, entre personnalités proches des milieux d’extrême droite et tenants d’un profil plus modéré, alors que tout soupçon de penchants néo-nazis s’est avéré jusqu’ici rédhibitoire pour l’ancrage d’un parti sur la scène politique allemande.
L’AfD rejette le qualificatif d’extrême droite et la plupart des médias allemands ne l’ont pas jusqu’ici rangé dans cette catégorie, infamante dans un pays hanté par son passé nazi.
Porté par les inquiétudes nées de la crise migratoire et désormais présent dans dix des 16 parlements régionaux, l’AfD est en passe de briser un tabou dans le pays, à savoir ancrer pour la première fois depuis 1945 un parti de droite populiste dans l’opinion.