Annexion d’une « partie » de Cisjordanie : Greenblatt se fait l’écho de Friedman
La Maison Blanche pourrait repousser la révélation du plan de paix très attendu au mois de novembre en raison de la situation politique agitée en Israël, a dit l'envoyé américain
L’envoyé spécial au Moyen-Orient du président américain Donald Trump, Jason Greenblatt, s’est fait l’écho de l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël David Friedman, qui avait affirmé que l’Etat juif avait le droit de conserver une partie de la Cisjordanie.
Greenblatt prenait part à la conférence annuelle organisée par le Jerusalem Post à New York, où il a été interrogé sur l’interview qu’avait accordé Friedman au New York Times et qui a été publiée le week-end dernier.
« Les propos de David parlent pour eux-mêmes », a répondu Greenblatt. « Je pense qu’il les a prononcés avec élégance et je les soutiens ».
Dans un entretien paru samedi dernier dans le New York Times, Friedman avait suggéré qu’une annexion – à un certain degré – de la Cisjordanie serait légitime.
« Sous certaines circonstances (…) je pense qu’Israël a le droit de conserver une partie, mais pas toute, de la Cisjordanie », avait déclaré l’ambassadeur.
Un responsable américain avait indiqué par la suite, sous couvert d’anonymat, que l’Etat juif n’avait présenté aucun plan d’annexion pour des secteurs de la Cisjordanie et qu’aucune initiative de ce type n’était discutée avec les Etats-Unis.
Greenblatt s’est exprimé quelques jours avant la révélation par les Etats-Unis du volet économique du plan de paix américain très attendu qui aura lieu le 25 et le 26 juin à Bahreïn, où les Etats du Golfe devraient s’engager à redynamiser l’économie palestinienne, qui se trouve dans une situation troublée.
En revanche, la date de la révélation des aspects politiques du plan – qui devrait laisser de côté la création d’un Etat palestinien – reste indéterminée.
Lors de la conférence de dimanche, Greenblatt a aussi signalé que la Maison Blanche pourrait retarder la publication de sa proposition de paix jusqu’au mois de novembre en raison de l’instabilité politiques en Israël, même s’il a précisé qu’aucune décision n’avait encore été prise.
« Nous discutons en ce moment d’un éventuel report au 6 novembre, il serait logique d’attendre qu’un nouveau gouvernement (israélien) soit formé, alors nous devons attendre potentiellement le 6 novembre », a affirmé M. Greenblatt lors d’une conférence organisée à New-York par le quotidien israélien Jerusalem Post.
« Mais nous déciderons de cela après Bahreïn », a-t-il ajouté.
Il a expliqué que l’administration aurait fait connaître le projet de son plan de paix dès cet été si Israël n’avait pas dissous le parlement, le mois dernier, et appelé à de nouvelles élections – c’est le second scrutin en un an – au mois de septembre 2019.
« Ce n’est pas un secret que les élections israéliennes ont changé la donne. S’il n’y avait pas eu de nouvelles élections, nous l’aurions peut-être présenté pendant l’été », a poursuivi Greenblatt, selon une vidéo de cette conférence diffusée sur internet.
« Les nouvelles élections nous ont déstabilisés », a continué Greenblatt.
La campagne de réélection de Trump à la Maison Blanche « ne devrait pas être un obstacle », a-t-il ajouté.
Dans ses propos, Greenblatt a aussi reconnu qu’il y avait des limites aux concessions faites par les Arabes à l’Etat juif.
« Il y a une limite à ce que consentiront les Arabes pour Israël : Ils ne veulent pas renier les Palestiniens », a-t-il noté. « Nous ne pousserons aucun pays à aller plus loin qu’il ne peut le faire sans en souffrir. »
Il a néanmoins averti qu’un « échec se ferait ressentir pendant longtemps » et qu’un tel développement « sera une tragédie pour les Palestiniens ».
Greenblatt a aussi souligné que Washington n’essayait pas de renverser les responsables actuels de l’Autorité palestinienne qui ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils rejetteraient le plan, ajoutant que l’administration espérait que les Palestiniens pourraient prendre eux-mêmes la décision de l’acceptation ou du rejet du plan de paix.
« Nous ne cherchons pas un changement de régime au sein de l’AP », a-t-il dit, avant d’ajouter qu’il était « indubitable » que les Palestiniens puissent avoir le droit de voir ce qu’offrira le plan avait de se prononcer.
Au cours de la campagne des élections générales du mois d’avril, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait promis d’annexer les implantations de Cisjordanie petit à petit, une initiative soutenue depuis longtemps par presque tous les députés de son alliance de partis religieux et de droite. Il avait ajouté qu’il espérait pouvoir le faire avec le soutien des Etats-Unis.
Friedman, dans l’interview du New York Times, avait refusé de dire comment les Etats-Unis pourraient répondre à une annexion unilatérale israélienne, affirmant que « nous ne saurions vraiment pas quoi répondre avant de comprendre de nombreuses choses : combien de parties de territoires, sur quels termes, pourquoi une telle démarche aurait du sens, pourquoi elle serait favorable pour Israël, pourquoi elle serait favorable pour la région… Pourquoi elle ne va pas créer davantage de problèmes qu’elle n’en résout…Ce sont des choses que nous voudrions pouvoir comprendre et je ne veux préjuger de rien. »
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