Appel au boycott du concert marocain d’Enrico Macias, la Licra remontée
Malgré les pressions pour l’empêcher de s'y rendre, le 14 février prochain, Enrico Macias promet d'arriver à l'aéroport de Casablanca pour donner un concert le soir-même
« Je me fous éperdument de cette menace de boycott, » tonnait le chanteur Enrico Macias sur RMC le 1er février dernier. « Car je vais aller au Maroc, je ne leur donnerai pas raison. Ma victoire sera d’aller chanter à Casablanca. Je connais le public marocain. C’est un pays de tolérance, ce n’est pas pour quelques individus que je vais changer ma vie ».
L’annonce du concert au Megarama à Casablanca le 14 février prochain a provoqué les levées de boucliers habituelles sur les réseaux sociaux de la part des personnes hostiles à la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, ou de la venue d’un chanteur juif dans un pays arabe.
« À l’origine de l’un des appels au boycott, détaille le HuffPost Maghreb, on retrouve le MACBI, une campagne fondée l’an dernier sur la base de l’appel des 95 (artistes et universitaires), et qui appelle au boycott académique et culture d’Israël ».
Enrico Macias a reçu également de nombreux soutiens, dont celui de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) : « Soutien total à Enrico Macias, victime d’une cabale immonde de la part d’obscurantistes patentés et de sycophantes activistes qui, toujours, sont du côté du boycott et de la censure, jamais du côté de la liberté et de la culture ».
Soutien total à Enrico Macias, victime d'une cabale immonde de la part d'obscurantistes patentés et de sycophantes activistes qui, toujours, sont du côté du boycott et de la censure, jamais du côté de la liberté et de la culture. pic.twitter.com/uJREYe3647
— Licra (@_LICRA_) February 3, 2019
Présent sur le même plateau de télévision, l’avocat Gilles-William Goldnadel rappelait le 1er février dernier que vouloir empêcher Enrico Macias de chanter au Maroc sous-prétexte de son soutien affiché à Israël est une « immense injustice ».
« Il faut savoir qu’il a été critiqué à l’intérieur même de la communauté juive pro-israélienne parce qu’il a toujours chanté la paix, il a même chanté pour Yasser Arafat ! Il s’est mouillé pour la paix israélo-arabe comme personne, » rappelle Goldnadel.
« Si on veut me faire quelque chose, qu’ils sachent que j’arrive à l’aéroport de Casablanca le 14 février, » conclut Enrico Macias.
Malgré une partie hostile de son opinion, de l’activisme du BDS et des partis politiques qui tentent de rendre illégale cette normalisation, le Maroc entretient d’intenses relations commerciales avec Israël.
« Bien que les autorités marocaines minimisent tout lien, les échanges commerciaux dans l’agriculture, le domaine militaire et la technologie existent depuis des décennies, de même que les liens culturels et humains » entre Israël et le Maroc, explique à Middle East Eye, Bruce Maddy-Weitzman, expert en relations israélo-marocaines à l’université de Tel Aviv, cité par le site marocain Tel Quel.
A noter que depuis 2000, les deux pays n’ont officiellement plus de relations diplomatiques.