Approbation d’un plan ambitieux de nettoyage d’une partie du fleuve Jourdain
Le programme vise à mettre un terme à la pollution et à déverser plus d'eau douce dans la portion désignée du fleuve emblématique - pour le plus grand plaisir des nageurs
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Le gouvernement a approuvé un plan ambitieux de nettoyage d’une grande partie du fleuve Jourdain. Objectif : lui rendre son environnement naturel autrefois abondante et développer le tourisme sur ses berges.
La partie du fleuve qui sera réhabilitée et qui se trouve entièrement sur le territoire israélien s’étend du lac de Tibériade jusqu’au point où le ruisseau Bezeq rencontre le lac, à environ 37 kilomètres au sud. Le plan a été approuvé dimanche.
Le fleuve commence à délimiter la frontière avec la Jordanie au sud du ruisseau Bezeq.
La vallée du Jourdain – qui fait partie de la Vallée du Rift du Jourdain – était une autoroute majeure pour la migration des tous premiers humains entre l’Afrique, l’Europe et l’Asie, et elle est encore un itinéraire de migration majeur pour les animaux et en particulier pour les oiseaux.
De nombreuses histoires qui sont au cœur du judaïsme, du christianisme et de l’islam se déroulent avec les fleuve Jourdain en arrière-plan, et un grand nombre de traditions ont été inspirées par ce dernier.
Et pourtant, au sud du lac de Tibériade, le fleuve s’est réduit à un écoulement d’eau polluée, ses eaux abondantes, dans le passé, ayant été détournées pour répondre aux besoins des populations qui vivent à proximité.
La partie choisie pour être réhabilitée n’a pas seulement souffert de la diminution drastique de l’eau douce survenue dans le lac de Tibériade – le lac consiste actuellement en 30 millions de mètres-cubes d’eau seulement. Dans le passé, environ 1,2 milliard de mètres-cubes d’eau du lac affluaient vers le sud depuis le lac jusqu’à la construction d’un barrage par Israël à son extrémité méridionale, dans les années 1960.
Les eaux traitées conformément à des normes relativement laxistes affluent vers le lit du fleuve depuis une usine de traitement située à proximité et de l’eau salée est pompée à partir des ruisseaux qui se trouvent sous le lac de Tibériade, avec pour objectif d’éviter que l’eau du lac ne devienne trop saline.
Le plan mis au point par l’Autorité de l’eau, dans la région, a deux principales composantes.
La première est de stopper l’entrée des eaux usées et salées dans le lac et elle prévoit aussi le déversement graduel d’une plus grande quantité d’eau douce depuis le lac de Tibériade, jusqu’à un total de 70 millions de mètres-cubes annuels.
Ce qui permettra aux visiteurs de nager à nouveau en toute sécurité dans cette partie du fleuve et ce qui devrait aider à réhabiliter les écosystèmes à la fois dans le fleuve et sur ses berges.
La seconde composante du plan est de réutiliser et de redistribuer les eaux douces, salées et traitées aux agriculteurs de la vallée du Jourdain.
Les conditions climatiques et du sol, ainsi que les récoltes qui peuvent être cultivées et leurs besoins spécifiques en eau varient de manière très importante en s’éloignant vers le sud du lac de Tibériade.
Des cultures et plantations de fruits précises peuvent être privilégiées dans les secteurs plus proches du lac, certaines ayant besoin d’eau douce pour leur irrigation à la place de l’eau salée qui est naturellement disponible à proximité.
Et encore plus au sud, vers la mer Morte, l’agriculture se concentre davantage sur les palmiers-dattiers, qui s’épanouissent quand ils sont irrigués par de l’eau salée.
Selon le nouveau plan, l’eau douce qui se sera écoulée le long de la section du fleuve Jourdain qui va être réhabilitée sera pompée à différents endroits avant d’être vendue aux agriculteurs pour leurs cultures.
De plus, une nouvelle canalisation va être construite, parallèlement au fleuve Jourdain, et elle transportera les eaux usées traitées, l’eau salée des ruisseaux et environ sept millions de mètres-cubes d’eau dessalée chaque année qui serviront, là encore, aux récoltes.
Le travail de désalinisation sera mené dans une structure terrestre qui devrait ouvrir ses portes dans la vallée du Jourdain dans environ trois ans.
Le projet d’une deuxième usine de désalinisation plus proche de la mer Morte est actuellement examiné par les autorités de planification.
Les infrastructures pour ce nouveau système seront financées grâce aux charges payées par les agriculteurs pour l’utilisation de l’eau, a noté le plan.
Et d’autres ministères, comme les ministères de la Protection environnementale ou du Tourisme, paieront la facture de la réhabilitation des écosystèmes et de la création d’installations touristiques sur les berges.
Le plan avait été approuvé par l’Autorité de l’eau l’année dernière mais il a été annoncé cette semaine à l’initiative de Tamar Zandberg, ministre de la Protection environnementale, qui devrait quitter la politique au mois de novembre, au moment des élections.
Il a été signé par Zandberg, ainsi que par le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Yair Lapid, par le ministre de la Coopération régionale, Essawi Frej, par la ministre de l’Énergie Karin Elharrar et par l’Autorité de l’eau en partenariat avec l’Autorité de la nature et des parcs, les Autorités chargées du drainage dans le sud du fleuve Jourdain et à Kinneret, les conseils régionaux de la Vallée du Jourdain et de la Vallée des ruisseaux (Emek HaMaayanot), un groupe réunissant les autorités locales de Kinneret Emakim et l’ONG Ecopeace, qu se bat depuis des années pour que la Vallée du Jourdain soit réhabilitée.
Les eaux supplémentaires ne seront pas déversées dans la mer Morte, qui se situe à 60 kilomètres environ au sud. La mer Morte a vu son niveau baisser de moitié depuis le milieu des années 1970 en raison du manque d’eau affluant depuis le fleuve Jourdain et du pompage réalisé par les entreprises d’extraction de minéraux qui sont installées sur ses rives israélienne et jordanienne.
Elles n’atteindront pas non plus le site de Qasr al-Yahud, prisé par les chrétiens qui s’y font baptiser, où l’Autorité de l’eau espère trouver une solution spécifique pour faire s’élever le niveau de l’eau.