Après l’explosion des missiles, les bénévoles de One Heart aident les habitants à ramasser les débris
Équipés de casques, de gants, de bâches en plastique, des milliers de citoyens sont venus nettoyer les maisons endommagées par les tirs de missiles iraniens, aidant également les personnes déplacées

Un groupe d’adolescents vêtus de blanc s’est dispersé dans un quartier de Haïfa pour venir en aide aux habitants, dans les premières heures qui ont suivi la troisième attaque aux missiles qui a visé la ville en l’espace de huit jours.
Dans ce cadre, Eyal Meidan, qui est âgé de 18 ans, retire avec soin les éclats de verre de la fenêtre de la minuscule cuisine de Rivka Aronbayuv, sous le regard émerveillé de trois de ses cinq garçons. A côté de ses frères, une toute petite fille pleure, quémandant l’attention de sa mère.
Le petit appartement où vivent les deux parents, leurs six enfants et une tante donne directement sur une petite place où un missile iranien s’est abattu. Deux immeubles résidentiels ont été très endommagés dans cette frappe.
Trois personnes ont été légèrement blessées, dont une qui se trouvait à une proximité relative du lieu de l’impact.
Il n’y a pas d’abris antiaériens dans la majorité des vieux bâtiments de ce quartier délabré de la ville, où vivent des Juifs ultra-orthodoxes, des immigrants venus de l’ex-Union soviétique et des travailleurs étrangers.
Dimanche, les habitants n’ont pas reçu l’alerte habituelle les sommant de se mettre à l’abri pour cause d’attaque imminente. Un manquement qui a été expliqué par l’armée israélienne dans la journée de lundi : elle a indiqué que le missile balistique n’avait pas été correctement détecté par les systèmes de défense antiaérienne.

« Nous n’avons pas d’abri antiaérien. Nous nous réfugions généralement dans la cage d’escalier », raconte Aronbayuv.
« Heureusement que nous ne l’avons pas fait cette fois-ci, car l’onde de choc a brisé toutes les vitres de la fenêtre de la cage d’escalier », s’exclame-t-elle.
« Après l’explosion, je suis restée paralysée pendant une heure », a-t-elle ajouté. Elle regarde ensuite les bénévoles, qu’elle qualifie de « champions ».
Meidan et ses amis Ray Margolin et May Esher, tous les deux âgés de 18 ans, ont terminé leurs études secondaires dans cette ville du nord vendredi dernier seulement.

« Si nous ne nous portons pas volontaires pour faire ce travail, qui le fera ? », s’exclame Meidan, qui sera bientôt enrôlé au sein de Tsahal. Esher, qui prévoit, de son côté, d’effectuer une année de service pré-militaire, renchérit : « C’est très gratifiant. C’est toujours bien d’être du côté de ceux qui donnent ». Pour sa part, Margolin, qui s’apprête à passer un an dans une académie pré-militaire à proximité de la frontière israélo-libanaise, déclare que sa maîtrise du russe lui a été particulièrement utile ici, compte-tenu du nombre important de russophones dans le quartier.
Ces trois jeunes font partie des plus de 8 000 Israéliens âgés de 16 ans et plus qui ont été déployés sur les sites touchés par les missiles iraniens par One Heart, une organisation issue de la société civile qui mobilise des centaines de milliers de bénévoles en cas d’urgence et dans les périodes de crise.

Depuis le début de la guerre menée par Israël contre le Hamas à Gaza, au mois d’octobre 2023, l’organisation a mobilisé 90 000 volontaires dans tout le pays, selon son directeur, Tomer Dror.
En collaboration avec les autorités, ils ont géré des cellules de crise pour aider les familles évacuées. Ils ont travaillé avec les agriculteurs dont les ouvriers étrangers avaient été rapatriés dans leur pays d’origine et ils ont soutenu – et ils continuent de soutenir – les familles des otages.
Ils aident les conjoints et les familles des soldats et des réservistes rappelés sous les drapeaux, ils se rendent dans les hôpitaux et dans les centres de rééducation pour déterminer les besoins des blessés et ils ont créé des centres communautaires pour occuper les jeunes évacués arrachés à leurs foyers et à leurs amis, les aidant notamment à lutter contre l’attrait de l’alcool et de la drogue.
Le 15 juin, l’organisation devait recevoir le Prix du Président. Toutefois, deux jours auparavant, l’armée israélienne a lancé une attaque-surprise à l’encontre de l’Iran, et Téhéran a riposté en lançant une pluie de missiles balistiques sur le territoire israélien. Toutes les cérémonies ont été reportées. Les écoles et la majorité des lieux de travail ont été fermés.
« Nous avons une armée qui est responsable du front – le Commandement du front intérieur, qui sauve immédiatement les vies – et nous avons One Heart qui s’occupe de la résilience civile », dit Dror. « Pour aider à faire face aux attaques aux missiles iraniens, nous avons besoin d’un plus grand nombre de bénévoles et nous avons besoin de davantage d’argent ».
En deuxième ligne après les premiers secours
Les bénévoles de One Heart se sont rassemblés à proximité d’un site où un missile iranien – ou était-ce un intercepteur ? – est retombé, peu après l’arrivée des autorités locales et des services d’urgence.
Le Commandement intérieur attribue un code couleur aux bâtiments situés à proximité immédiate pour des raisons de sécurité. De leur côté, les bénévoles commencent à frapper aux portes des habitations où ils sont autorisés à entrer sans accompagnement.

Ils prennent des nouvelles des habitants et ils leur demandent ce dont ils ont besoin. Ils appellent ceux qui déménagent à dresser une liste des articles de première nécessité qui leur manquent – des articles de toilette, par exemple – et ils transmettent ces listes à l’entrepôt de One Heart à Tel Aviv, où les produits recherchés seront rapidement expédiés. Ils aident les résidents à emballer leurs objets de valeur ; ils les aident à déterminer où ils vont se rendre et ils leur proposent un moyen de transport, des denrées alimentaires et une aide pour les enfants.
Les bénévoles effectuent des réparations de base dans les appartements, ils retirent les vitres brisées des fenêtres, ils recouvrent les cadres avec du plastique et ils font du nettoyage. Ils doivent attendre que les inspecteurs chargés par l’État des indemnisations des biens aient quitté les lieux avant de pouvoir entreprendre des travaux – retirer, par exemple, les morceaux de métal tordus des stores des balcons.
Les volontaires se rendent également dans les centres d’accueil, où les familles se voient attribuer des chambres d’hôtel. D’autres accueillent les évacués dans ces derniers, leur fournissant des articles de première nécessité et ils s’occupent des enfants.
Dimanche, à Haïfa, où les dégâts matériels ont été nettement moins importants que dans le centre d’Israël, les bénévoles de One Heart ont tenu un stand dans le quartier sinistré.
Un homme ultra-orthodoxe est venu leur demander s’il était possible de réparer les dégâts causés par l’onde de choc dans l’appartement qu’il loue à un travailleur érythréen.
« Le locataire est parti travailler à 6 heures du matin et il vient tout juste de rentrer », explique l’individu. « Il ne pourra pas dormir là ce soir ».
Yossef Maman, qui vend des livres et des objets religieux, indique que les autorités locales sont à court de bâches et de plaques de plâtre. Il a demandé aux jeunes s’ils pouvaient l’aider à colmater la vitrine de son magasin, dont les vitres ont volé en éclats.

Yonatan Amoruv, 17 ans, et Guy Dehary, 18 ans, deux habitants de Haïfa, se précipitent pour accrocher un vieux couvre-lit après avoir entendu parler des possibilités de bénévolat offertes par One Heart ce jour-là via un groupe WhatsApp. Yonatan Amoruv est également pompier volontaire.
C’est Dar Raz, qui est le responsable des opérations de One Heart à Haïfa depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, qui supervise l’ensemble des opérations. Le meurtre de deux de ses amis, lors du pogrom commis par le Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre 2023, l’a poussé à agir.
« Je ne pouvais plus dormir », dit-il.
Parmi les centaines de personnes, principalement des jeunes, qui avaient été assassinées par des hommes armés du Hamas lors du festival de musique électronique Nova, organisé aux abords du kibboutz Reim, dans le sud d’Israël, figuraient Inbar Haiman, 27 ans, qui avait été kidnappée puis assassinée – son corps sans vie est toujours retenu en otage à Gaza – et Eden Ben Rubi, tuée alors qu’elle se cachait dans un abri antiaérien situé au bord de la route, près du site de l’événement.
Lundi, à Haïfa, un flux constant de personnes vient demander de l’aide.
L’une de ces personnes explique que son toit a été endommagé par des éclats d’obus, qui se sont incrustés dans ce dernier. Une autre, qui raconte qu’elle était partie voir sa voiture, a découvert que la vitre arrière a été cassée. Rivka Aronbayuv a, de son côté, fait un signe de la main depuis une fenêtre, à l’étage, au moment où trois autres volontaires âgés de 18 ans se dirigeaient vers un autre bâtiment.
C’est Shir Alsace, 21 ans, coordinatrice de terrain pour One Heart, qui répond aux appels téléphoniques et qui donne des instructions aux jeunes. Au cours des dix derniers jours, elle a aidé à mettre en place des postes opérationnels dans sept villes, notamment à Haïfa.

Son « travail quotidien » au sein de l’organisation caritative consiste à soutenir la réhabilitation des communautés du nord d’Israël après des mois d’attaques menées par l’organisation terroriste libanaise du Hezbollah, des frappes qui ont pris fin avec un cessez-le-feu qui a été signé au mois de novembre dernier.
« Le jour où nous avons attaqué l’Iran, j’ai compris que One Heart serait impliqué aux côtés des civils », s’exclame Shir, qui a terminé son service au sein de l’armée israélienne l’année dernière.
« Chaque jour, je me rends dans une région différente pour mieux comprendre les besoins spécifiques à chacune d’entre elles », ajoute-t-elle.
« Il y a relativement peu de dégâts à Haïfa », continue-t-elle tout en balayant les éclats de verre éparpillés sur le sol d’une chambre à coucher, dans le logement de la famille Aronbayuv. « D’habitude, je n’ai pas le temps de faire ça. Je suis trop occupée à coordonner les opérations. Aujourd’hui, il y avait 20 bénévoles à Haïfa. Dans certains endroits, nous sommes entre 60 et 100, et nous intervenons dans des centaines d’appartements ».

« Les bénévoles sont des habitants de la région – des Juifs religieux et laïques, des Druzes – ainsi que des personnes extérieures qui ont entendu parler des dégâts et qui veulent s’impliquer », poursuit-elle.
Elle fait remarquer que de nombreux jeunes sont venus soit de leur propre initiative, soit dans le cadre d’académies pré-militaires et de programmes de yeshiva.
« Il est très important que les gens voient ce que nous faisons afin qu’ils puissent nous aider en faisant eux aussi du bénévolat, en parlant de nous autour d’eux, en faisant des dons », explique Alsace. « Nous sommes heureux de ne pas rester chez nous. Je pense que tout le monde ressent le désir de se sentir impliqué d’une manière ou d’une autre dans ce moment historique ».
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