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Après un tollé, le rôle des Juifs dans Hollywood fera l’objet d’une expo permanente

L'Academy Museum of Motion Pictures, "radicalement inclusif", annonce cette addition sur fond de débat plus large sur la marginalisation des Juifs dans l'industrie

  • Hedy Lamarr dans le film de 1941 "Ziegfeld Girl". (Crédit : Autorisation Alexandra Dean)
    Hedy Lamarr dans le film de 1941 "Ziegfeld Girl". (Crédit : Autorisation Alexandra Dean)
  • L'extérieur de l'Academy Museum of Motion Pictures, à Los Angeles, le 21 septembre 2021. (Crédit : Richard Shotwell/Invision/AP)
    L'extérieur de l'Academy Museum of Motion Pictures, à Los Angeles, le 21 septembre 2021. (Crédit : Richard Shotwell/Invision/AP)
  • L'écrivain Paul Guimard, représentant spécial du président français François Mitterrand, remettant un trophée au réalisateur américain Billy Wilder (à droite) lors de la cérémonie de la soirée d'ouverture du 35e Festival international du film de Cannes, à Cannes, en France, le 14 mai 1982. (Crédit : AP)
    L'écrivain Paul Guimard, représentant spécial du président français François Mitterrand, remettant un trophée au réalisateur américain Billy Wilder (à droite) lors de la cérémonie de la soirée d'ouverture du 35e Festival international du film de Cannes, à Cannes, en France, le 14 mai 1982. (Crédit : AP)
  • Des invités prennant des photos dans l'exposition de costumes du musée de l'Académie à Los Angeles, le 30 septembre 2021. (Crédit: Al Seib/Los Angeles Times via Getty Images/ via JTA)
    Des invités prennant des photos dans l'exposition de costumes du musée de l'Académie à Los Angeles, le 30 septembre 2021. (Crédit: Al Seib/Los Angeles Times via Getty Images/ via JTA)
  • Un quintette de lauréats de "Casablanca" : un Michael Curtiz endormi, Jack Warner (qui parle, comme d'habitude), Hal Wallis (avec son prix Thalberg), l'un des animateurs de l'événement, Jack Benny, et le scénariste Howard Koch. (Crédit : collection de l'auteur)
    Un quintette de lauréats de "Casablanca" : un Michael Curtiz endormi, Jack Warner (qui parle, comme d'habitude), Hal Wallis (avec son prix Thalberg), l'un des animateurs de l'événement, Jack Benny, et le scénariste Howard Koch. (Crédit : collection de l'auteur)

JTA – Le nouveau musée consacré à l’histoire d’Hollywood aura une exposition permanente consacrée à la contribution des Juifs, suite aux nombreuses critiques exprimées à ce sujet.

Le changement a été annoncé au cours de la semaine précédant la cérémonie des Oscars de cette année, dont la liste des nominés a été plus diversifiée que par le passé. Il couronne une période d’intenses discussions sur la façon dont Hollywood inclut les Juifs – ou la façon dont elle ne les inclut pas.

Qu’il s’agisse de leur représentation à l’écran, des acteurs qui les incarnent ou de la reconnaissance de leur rôle historique dans l’établissement de l’industrie cinématographique, les Juifs ont fait part ces derniers mois de leur impression d’avoir été exclus du discours hollywoodien actuel.

Le musée de l’Académie du cinéma, qui a ouvert ses portes l’automne dernier à Los Angeles, est la pièce à conviction A de cet oubli. Supervisé par l’organe directeur des Oscars, qui décrit sa mission comme « radicalement inclusive », l’annonce par le musée de sa nouvelle exposition permanente consacrée aux Juifs n’est intervenue qu’après que l’Académie a admis avoir initialement mis de côté ou ignoré les importants fondateurs juifs d’Hollywood.

Haim Saban (Crédit : sa page Facebook)

Les visiteurs juifs qui ont assisté à l’inauguration de l’exposition, y compris d’importants donateurs du musée, tels que Haim Saban, ont exprimé publiquement leur inquiétude quant au fait que les histoires juives étaient négligées dans le récit historique de l’industrie.

Parmi les personnages qui ont été peu ou pas du tout mis en avant dans le récit du musée, on trouve des directeurs de studio juifs comme Louis B. Mayer et les frères Warner, des réalisateurs de premier plan comme Billy Wilder et Ernst Lubitsch, des stars comme Hedy Lamarr et des scénaristes comme Herman Mankiewicz (sujet du récent biopic « Mank », joué par Gary Oldman, non-juif).

Ces personnalités ont façonné les premières années d’Hollywood, tout en cachant leur judaïté au grand public, selon des historiens de l’époque comme Neal Gabler, dont le livre An Empire Of Their Own explore le rôle central des Juifs dans la création d’Hollywood.

Les premiers films de ces juifs ne traitaient que rarement, voire jamais, de personnages et de thèmes juifs. « Gentleman’s Agreement », un film historique de 1947 sur l’antisémitisme, n’était ni interprété, ni réalisé, ni produit par des Juifs (bien que le coscénariste Moss Hart et Laura Z. Hobson, dont le roman est inspiré, étaient eux, bien juifs). Certaines de ces légendes du showbiz étaient des réfugiés d’Europe, et le fait qu’elles aient échappé à un antisémitisme extrême (et qu’elles aient continué à le subir) a motivé leur désir de garder leur judaïsme secret.

L’omission initiale par l’Académie de ces personnalités juives, et leur effacement culturel auto-imposé, contrastait fortement avec l’accent mis par le musée sur les personnes de couleur et les femmes des débuts d’Hollywood. Un initié anonyme a déclaré au Hollywood Reporter que l’exclusion était un symptôme de « sur-correction dû à la culture woke ».

L’extérieur de l’Academy Museum of Motion Pictures, à Los Angeles, le 21 septembre 2021. (Crédit : Richard Shotwell/Invision/AP)

Les critiques sur le musée ont coïncidé avec d’autres débats en cours sur la représentation juive dans le Hollywood moderne. L’actrice juive Sarah Silverman a récemment popularisé le terme controversé Jewface, précédemment utilisé par les universitaires pour décrire les juifs laïques qui s’habillent comme des hassidiques dans le théâtre yiddish, afin de couvrir un phénomène différent : des acteurs non juifs jouant des rôles juifs, dans des œuvres populaires telles que « The Marvelous Mrs. Maisel » et le biopic de Ruth Bader Ginsburg « On The Basis of Sex« . Dans un prochain biopic sur la Première ministre israélienne Golda Meir, dont la sortie est prévue cette année, le rôle principal a été donné à une actrice non-Juive, Helen Mirren.

Cette semaine encore, un électeur anonyme des Oscars interrogé par le Hollywood Reporter a émis des doutes sur la diversité de Rachel Zegler, la star colombo-polonaise du remake de « West Side Story » de Steven Spielberg, en se basant uniquement sur son nom.

« Je sais qu’ils insistent sur le fait qu’ils ont choisi des acteurs latinos et latinas cette fois-ci, mais l’actrice qui joue Maria s’appelle Rachel Zegler, donc je pense que c’est un peu exagéré », a déclaré le membre de l’Académie pour justifier son refus de voter pour le film – dans ce qui pourrait être interprété comme une insinuation que Zegler est juive et ne compte donc pas parmi les diversités.

Zegler est Latina et n’est pas juive.

Allison Josephs, écrivain et militante qui dirige l’organisation médiatique axée sur l’orthodoxie Jew In The City, affirme que la façon dont les Juifs sont représentés à l’écran a des répercussions réelles sur la façon dont ils sont traités dans la vie courante.

Allison Josephs prend la parole lors d’un événement de Jew in the City à Manhattan, le 24 novembre 2013. (Crédit : Shmuel Lenchevsky/Vin News)

« Les juifs ne sont pas considérés comme une minorité à Hollywood. Nous sommes considérés comme des Blancs », a déclaré Josephs à la Jewish Telegraphic Agency, ajoutant que les représentations des juifs orthodoxes en particulier sont « bidimensionnelles. » Ses écrits sur ces représentations négatives ont suscité des excuses et des rétractations d’épisodes de la part de grands producteurs.

Josephs a annoncé que Jew in the City allait ouvrir un « bureau d’Hollywood », qui se veut le parallèle juif de la NAACP, du Muslim Public Affairs Council et de la Coalition of Asian Pacifics in Entertainment – des organisations existantes qui militent pour des représentations positives des Noirs, des musulmans et des Asiatiques à l’écran.

Le bureau défendrait les intérêts des juifs à Hollywood en aidant à placer des juifs pratiquants dans des rôles de production de divertissement, ainsi que par le biais de prix de représentation, d’une « étude d’impact sur les minorités » visant à déterminer si les représentations négatives des juifs à l’écran entraînent davantage d’incidents antisémites dans la vie réelle, et d’une consultation sur les médias. Josephs travaille également à la réalisation d’un documentaire sur la représentation des Juifs à Hollywood.

Avec la scénariste de télévision Yael Levy, Josephs a également inventé ce qu’ils appellent le « test de Josephs » pour juger de la représentation à l’écran d’un personnage orthodoxe, sur le modèle du test de Bechdel, un outil d’analyse populaire de la représentation des femmes à l’écran inventé par l’artiste de bande dessinée Allison Bechdel. (Il existe également le test de Kranjec, qui permet d’évaluer si l’étude de la Torah inclut des sources féminines.)

De gauche à droite : Jeff Wilbusch (Moishe) et Amit Rahav (Yanky) dans la série « Unorthodox » de Netflix (Crédit : Anika Molnar/Netflix)

Les critères du test de Bechdel exigent qu’un film mette en scène deux personnages féminins ayant une conversation sur un sujet autre qu’un homme. Le test de Joseph exige qu’un film ou une émission de télévision mette en scène des personnages orthodoxes qui « sont stables sur le plan émotionnel et psychologique » et qui peuvent « se réaliser sans abandonner leur judaïsme », contrairement aux émissions Netflix populaires « Unorthodox » et « My Unorthodox Life« , qui présentent toutes deux des protagonistes qui quittent le judaïsme orthodoxe.

« Pratiquement toutes les émissions et tous les films échouent au test de Josephs, à l’exception de [films et émissions de télévision israéliens] ‘Shtisel‘, ‘Fill the Void‘ [et] ‘Ushpizin‘, car ils ont tous été réalisés par ou avec de vrais juifs orthodoxes », a déclaré Josephs.

Un seul film sorti cette année avait une représentation suffisamment positive du judaïsme, aux yeux de Josephs, pour être éligible à un prix de représentation juive : le documentaire musical « Rock Camp : The Movie« , dont le sujet central est un agent artistique orthodoxe.

Josephs n’est pas la seule à souhaiter une meilleure représentation des Juifs à l’écran. Dans un éditorial publié l’année dernière, Malina Saval, rédactrice en chef de Variety et ancienne scénariste, déplorait ce qu’elle considérait comme « l’édulcoration de la représentation juive à la télévision et au cinéma », critiquant les « Juifs qui se détestent » à l’écran, comme Woody Allen et Larry David, qui, selon elle, contribuent à créer une distance psychologique de sécurité entre le public et une vision positive du judaïsme.

Mais l’Académie s’est engagée à rectifier le tir en ce qui concerne les Juifs, a écrit le directeur et président du musée, Bill Kramer, dans un éditorial conjoint cette semaine avec le PDG de l’Anti-Defamation League, Jonathan Greenblatt.

« En tant qu’institution culturelle qui cherche à mettre en valeur les histoires sous-représentées et non racontées de l’industrie cinématographique, le musée de l’Académie a la responsabilité d’examiner et d’explorer les expériences des groupes opprimés et marginalisés dans le cinéma, y compris la communauté juive », écrivent Kramer et Greenblatt, ajoutant que le musée et l’ADL s’associeront dans le cadre d’une programmation publique pour éduquer le public sur le rôle des Juifs à Hollywood et dans la lutte contre l’antisémitisme.

La nouvelle exposition permanente du musée de l’Académie consacrée aux Juifs, dont le titre provisoire est « Hollywoodland », ouvrira l’année prochaine. Entre-temps, les spectateurs juifs des Oscars ont encore de quoi se réjouir ce week-end : le réalisateur Steven Spielberg, l’acteur Andrew Garfield et la scénariste Maggie Gyllenhaal, entre autres Juifs, sont tous nominés pour un prix.

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