Arrestation de 5 suspects pour le meurtre d’une femme LGBTQ le mois dernier
La police soupçonnait les frères de Sarit Ahmad, qui l'avaient menacée en raison de son orientation sexuelle, mais les détenus n'auraient aucun lien de parenté avec elle
Près d’un mois après le meurtre par balles d’une jeune femme druze à la suite de menaces de mort répétées de la part de ses frères en raison de son orientation sexuelle, la police a arrêté mardi cinq suspects dans le nord d’Israël, quatre d’entre eux ont été placés en détention provisoire mercredi.
Sarit Ahmad, 18 ans, a été tuée le 9 juin lors d’une fusillade que la police soupçonne d’être liée au fait qu’elle était lesbienne. Elle était alors la 99e victime appartenant à la communauté arabe à être victime d’un meurtre depuis le début de l’année 2023, un bilan qui est depuis passé à 114.
Un jour après le meurtre présumé, la police a déclaré qu’elle recherchait l’un des frères de la jeune femme, qui avait disparu après l’incident. Elle a affirmé détenir des éléments de preuve le reliant au meurtre. Les frères de la jeune femme avaient déjà été arrêtés et brièvement emprisonnés en 2021, après que la jeune femme eut déposé une plainte contre eux auprès de la police.
Les suspects qui viennent d’être arrêtés sont tous des hommes d’une trentaine d’années originaires du nord du pays et soupçonnés d’être impliqués dans le meurtre. D’autres détails font l’objet d’un embargo en vertu d’une ordonnance du tribunal, mais le site d’information Israel Hayom a rapporté qu’aucun des suspects ne faisait partie de la famille d’Ahmad et qu’aucun n’était résident de Kisra-Sumei, ville proche de l’endroit où le meurtre a été commis.
Mercredi, le tribunal de Nazareth a prolongé de huit jours la détention provisoire de quatre des suspects. On ignore si le cinquième suspect a été remis en liberté.
Selon la presse israélienne, Ahmad a été contrainte de se réfugier dans un foyer pour femmes où elle a vécu pendant un an après avoir été menacée par ses frères. En mai, elle avait déposé une nouvelle plainte auprès de la police après avoir reçu de nouvelles menaces de la part de son frère et a accepté de s’installer dans un refuge à Beer Sheva.
Elle avait toutefois regretté sa décision et est allée vivre avec sa sœur dans la ville de Sajur, dans le nord du pays.
Elle avait été abattue alors qu’elle était assise dans sa voiture à l’extérieur de la localité majoritairement druze de Kisra-Sumei, dans l’ouest de la région de Galilée.
Le mois dernier, un journaliste de télévision a été agressé alors qu’il couvrait un événement pro-LGBTQ à la mémoire de Sarit Ahmad.
Ali Mugrabi de la Treizième chaîne, qui accompagnait le caméraman Gideon Lev Ari, a déclaré que les suspects les avaient abordés à la fin de l’événement, furieux qu’ils soient venus couvrir la communauté LGBTQ.
Il y a trois ans, Ahmad a déposé plainte auprès de la police contre ses frères qui menaçaient de l’assassiner, l’un d’entre eux ayant offert 200 000 shekels pour son meurtre après la révélation par la jeune femme qu’elle entretenait une relation avec une autre femme.
« Le frère qui a découvert [la relation] a 30 ans. Il a pris mon téléphone et a menacé de payer quelqu’un pour me tuer. Il m’a menacée plusieurs fois en une journée », a déclaré Ahmad à la police en 2020.Elle avait alors 15 ans, selon les informations détaillées de la plainte diffusée le mois dernier sur la Douzième chaîne.
« J’ai parlé à mon père et je lui ai dit : ‘Je suis ta fille et tu dois m’accepter’. Je lui ai dit que j’étais lesbienne. Il a alors commencé à me dire : ‘Tu n’es pas comme ça et si tes frères l’entendent, ils te tueront' », a-t-elle déclaré.
Interrogée par la police sur la manière dont s’est terminée la conversation, Ahmad a déclaré que son père était convaincu qu’elle pouvait changer d’orientation sexuelle.
Elle a également déclaré que son autre frère avait menacé de la poignarder après l’avoir entendue parler de sa petite amie avec ses parents.
Ahmad aurait entendu son frère dire : « Je vais la poignarder dans l’estomac avec un couteau. Après cela, je boirai une bière, comme si de rien n’était ».