Agression d’un journaliste couvrant une cérémonie pro-LGBTQ d’une Druze tuée à Yarka
Ali Mugrabi, journaliste de la Treizième chaîne, affirme que des suspects ont cassé son téléphone et l'ont frappé ; le caméraman accuse les policiers d'avoir fermé les yeux
Un journaliste a été agressé samedi alors qu’il couvrait une cérémonie pro-LGBTQ organisée à la mémoire d’une femme tuée dans le nord d’Israël.
La cérémonie, qui s’est déroulée à un carrefour près de la ville druze de Yarka, commémorait Sarit Ahmad, 18 ans, qui est morte vendredi alors qu’elle était assise dans sa voiture. La police soupçonne son meurtre d’être lié à son orientation sexuelle. Elle était le 99e membre de la communauté arabe tué depuis le début de cette année, un bilan qui s’élève depuis à 102.
Ali Mugrabi, le journaliste de la Treizième chaîne, qui accompagnait le caméraman Gideon Lev Ari, a déclaré que les suspects s’étaient approchés d’eux lors de la dispersion de l’événement et qu’ils étaient furieux qu’ils couvrent un événement de la communauté LGBTQ. « Vous les couvrez et vous leur donnez une scène. En quoi êtes-vous différents d’eux ? », auraient-ils dit selon Mugrabi.
Le journaliste a tenté d’expliquer qu’ils ne participaient pas à la cérémonie et qu’ils faisaient leur travail en la couvrant. « Mais ils ont arraché mon téléphone, l’ont cassé et ont commencé à me frapper dans le dos et sur le bras jusqu’à ce que Gideon m’appelle pour que je monte dans la voiture. »
« Je ne sais pas comment nous avons pu nous en sortir sains et saufs et nous échapper de là », a ajouté Mugrabi, qui a été conduit à l’hôpital par précaution.
Lev Ari a déclaré qu’un grand nombre de policiers se trouvaient sur place et qu’il leur avait demandé d’intervenir. « Mais ils ont fait demi-tour et sont partis. »
ארגון העיתונאים והעיתונאיות דורש מהמשטרה לאתר ולהעמיד לדין את האחראים לתקיפת כתב חדשות 13 עלי מוגרבי והצלם גדעון לב ארי שהותקפו אתמול במהלך סיקור המחאה בכפר ירכא. אנו מזועזעים ועצובים מהפגיעה בעמיתינו ובחופש העיתונות.
מעדויות שהגיעו לידינו על אף שהיה כח משטרה בקרבת מקום, איש לא… pic.twitter.com/JRZ0NMzLqo
— ארגון העיתונאים והעיתונאיות בישראל (@itonaim) June 11, 2023
La police a semblé contester cette version, publiant une déclaration selon laquelle les agresseurs présumés ne sont arrivés « qu’après le départ des forces de l’ordre ». Elle a également indiqué que le téléphone de Mugrabi avait été cassé et que les drapeaux LGBTQ avaient été arrachés.
La police a déclaré qu’elle recherchait des suspects et qu’elle « considérait les actes de violence avec gravité ».
Dans un premier temps, la Treizième chaîne n’a pas semblé rendre compte de l’attaque, une séquence diffusée samedi soir montrant des images de la manifestation sans mentionner Mugrabi ou Lev Ari, mais elle a ensuite diffusé un reportage après que d’autres médias eurent repris l’information.
Le reportage disait que la chaîne « considère l’attaque avec gravité et attend de la police qu’elle traduise les accusés en justice ».
« Nous sommes choqués et attristés par l’atteinte portée à notre collègue et à la liberté d’expression », a déclaré l’Union des journalistes en Israël.
Les correspondants de la Treizième chaîne ont fait l’objet de plusieurs autres attaques sans lien avec le sujet au cours des derniers mois, notamment le mois dernier, lorsque deux journalistes ont été attaqués au gaz poivre dans le cadre d’une réaction de la droite contre la chaîne après qu’elle a semblé accuser le Premier ministre Benjamin Netanyahu d’avoir ordonné des frappes aériennes sur des femmes et des enfants à Gaza.
Fin avril, lors d’un grand rassemblement de la droite exhortant le gouvernement à reprendre le processus législatif de sa réforme largement controversée du système judiciaire, une bouteille en verre a été lancée sur les journalistes de la Treizième chaîne qui couvraient la manifestation, les manquant de peu.
Fin mars, avant un autre rassemblement de droite, une équipe de la Treizième chaîne a été attaquée par des membres du groupe d’extrême-droite La Familia, provoquant l’hospitalisation du journaliste Yossi Eli pour une côte cassée et des dommages à la rate, et blessant à la tête le caméraman Avi Cashman.
En janvier, une foule en colère a attaqué une équipe de la Treizième chaîne à Jérusalem, qualifiant les journalistes de « gauchistes » et leur demandant de quitter les lieux alors qu’ils couvraient un attentat terroriste perpétré la veille dans le quartier de Neve Yaakov, dans lequel sept personnes avaient été tuées.