Du personnel de la Treizième chaîne attaqué par des manifestants à Neve Yaakov
Des journalistes en reportage sur les lieux de l'attaque terroriste de la nuit dernière ont été traités de "gauchistes" par un groupe de manifestants ; Gantz a aussi été bousculé

Des journalistes, dont l’équipe de la Treizième chaîne en reportage samedi soir sur les lieux de l’attaque terroriste de vendredi soir dernier dans le quartier de Neve Yaakov à Jérusalem, ont été attaqués par un groupe de manifestants, les qualifiant de « gauchistes » et leur demandant de quitter la zone.
L’équipe de la Treizième chaîne diffusait des informations depuis le site d’une fusillade terroriste qui a tué sept personnes et en a blessé trois autres dans le quartier de Neve Yaakov, dans la capitale, vendredi soir.
La vidéo de la scène de samedi, montre la foule en train d’arracher les clôtures autour des journalistes tout en scandant « gauchistes, rentrez chez vous ! » et « mort aux terroristes ». Plusieurs hommes se sont approchés des journalistes, en criant et en faisant des gestes en leur direction. D’autres ont renversé des chaises à coups de pied et ont tenté de faire tomber du matériel d’éclairage.
Des images montrent la foule pousser les clôtures entourant l’espace réservé aux équipes de diffusion.
Un homme s’est approché de l’équipe de journalistes et a crié « nous ne voulons pas de vous ici. Vous voulez le chaos ? ».
Une section de la barrière de sécurité est tombée sur le journaliste de la Treizième chaîne, Udi Segal, a priori indemne.
Après l’incident, Segal a écrit sur Twitter « l’équipe de la Treizième chaîne et moi-même sommes peinés et pleurons la mort des personnes assassinées à Jérusalem. Nous sommes venus pour raconter leur histoire. Pour rapporter ».
« La violence et le racisme flagrant envers les journalistes n’étaient pas nécessaires. Cela ne nous dissuadera pas », a-t-il ajouté.
בהלם!!! זה עתה ההמון בנווה יעקב תקפו את אודי סגל שלנו ואת אלון בן דוד, הפילו גדרות על ראשם. וכל זה רק כי הם באו לעשות שידור מהשכונה לחזק את התושבים ביום כזה קשה! @usegal @alonbd אוהב אתכם pic.twitter.com/42dAdhsX9J
— Yossi Eli יוסי אלי (@Yossi_eli) January 28, 2023
La Treizième chaîne a publié une déclaration, qualifiant l’incident « d’attaque inacceptable ».
« C’est notre grande douleur qu’un reportage aussi important, complexe et douloureux se termine de cette façon », a déclaré la chaîne, ajoutant que l’équipe avait vu des membres de la foule agir de manière agressive envers des reporters d’autres organes de presse.
La Douzième chaîne a déclaré que certains de ses reporters ont été interrompus pendant une émission par des chants de la foule, notamment « menottez les policiers » et « mort aux terroristes ».
L’Union des journalistes en Israël a déclaré dans un communiqué que « l’incitation et les tentatives de nuire à la presse ont trouvé leur expression à Jérusalem ce soir. Cette fois, heureusement, cela s’est terminé sans que personne ne soit blessé, cependant les choses pourraient facilement se terminer différemment la prochaine fois ».
« Nous appelons le gouvernement et l’ensemble de l’establishment de la politique à prendre immédiatement des mesures pour faire baisser les flammes et le niveau de haine et d’incitation », a déclaré le syndicat.
Les Douzième et Treizième chaînes, ainsi que la chaîne publique israélienne Kan, sont les principaux réseaux d’information télévisés d’Israël. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et ses alliés politiques ont souvent attaqué les médias en les qualifiant de gauchistes. Netanyahu a affirmé que la presse avait joué un rôle dans les pressions exercées pour qu’il soit poursuivi dans son procès pour corruption.
Le ministre des Communications, Shlomo Karhi, membre du parti de Netanyahu, le Likud, a déclaré au début du mois qu’il avait l’intention de faire fermer Kan. Le Likud et Netanyahu sont depuis longtemps accusés de chercher à fermer la chaîne publique parce qu’elle critique le gouvernement tout en recevant des fonds publics.
« Je considère que les médias sont trop biaisés vers la gauche, et peut-être ai-je tort. Mais laissons le public décider », avait déclaré Karhi.
Le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a également été harcelé par des manifestants sur le site de l’attentat samedi soir. Gantz, un politicien centriste et ancien chef d’état-major de Tsahal, a dû être protégé par des agents de sécurité et par la police alors que la foule s’avançait et le bousculait, scandant des slogans de droite, a rapporté la Douzième chaîne.
Une vidéo de la scène montre un spectateur criant à Gantz « tu es un terroriste », disant que le sang des victimes du terrorisme « étaient sur ses mains » et l’accusant de collusion avec le terrorisme en raison de ses rencontres avec le dirigeant de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, alors que Gantz était ministre de la Défense dans le gouvernement précédent.
בני גנץ בא לרקוד על הדם הנרצחים ,
כאילו אנחנו לא יודעים שהוא תמך במחבלים העביר 500 מיליון ש"ח לאבו מאזן שהלכו לתשלום משכורות למחבלים שאירח את אבו מאזן אצלו בבית והוא י6דע שבכך הוא מעודד רצח של יהודים. pic.twitter.com/Z5Ks0XR8ZJ— הרצל חג'אג' (@herzelhajaj) January 28, 2023
En 2021, Gantz, alors ministre de la Défense, avait offert à l’AP un prêt de 500 millions de shekels pour éviter l’effondrement de l’AP, une décision profondément impopulaire auprès de la droite politique.
Au cours du précédent gouvernement, le chef de l’opposition de l’époque, Netanyahu, s’en était pris à plusieurs reprises à ses adversaires politiques, y compris Gantz, affirmant qu’ils soutenaient le terrorisme en raison de leurs relations avec l’AP et de l’inclusion du parti arabe Raam dans leur coalition. Lors de son précédent mandat de Premier ministre, Netanyahu a également coordonné ses activités avec les Palestiniens et a courtisé le soutien de Raam lors des négociations de coalition en 2021.
Certains manifestants dans la zone de l’attentat ont également critiqué la Procureure générale, Gali Baharav-Miara, pour avoir « empêché le mal contre le terrorisme », a rapporté la Douzième chaîne. Plus tôt dans la journée de samedi, le ministre d’extrême-droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s’en est pris à Baharav-Miara, l’accusant de ne pas avoir autorisé les forces de sécurité à sceller le domicile du terroriste palestinien qui a perpétré la fusillade de vendredi soir.
Baharav-Miara a rapidement démenti cette affirmation. Après la réunion du cabinet de sécurité de samedi soir, au cours de laquelle Baharav-Miara s’est exprimée sur la question, Netanyahu a déclaré que le domicile du terroriste serait immédiatement bouclé.

L’attaque terroriste de vendredi à Jérusalem, perpétrée près d’une synagogue pendant le Shabbat, est la plus meurtrière contre des Israéliens depuis plus d’une dizaine d’années et a fait monter en flèche les tensions déjà vives dans un contexte de violence continue entre Israël et les Palestiniens.
Le matin suivant l’attentat, un Palestinien de 13 ans a blessé par balle deux Israéliens dans la capitale. Plus tard samedi, un homme armé palestinien a ouvert le feu dans un restaurant de Cisjordanie, sans faire de blessés. Samedi soir, un garde de sécurité près d’une implantation de Cisjordanie a abattu un homme armé palestinien dans une autre tentative d’attentat présumée.
Cette série d’attaques fait suite à plusieurs jours de violence en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.
Les tensions se sont considérablement accrues depuis jeudi matin, lorsqu’un raid de Tsahal en Cisjordanie contre une cellule terroriste a fait neuf morts palestiniens, pour la plupart des hommes armés et des membres de la cellule terroriste, mais au moins un civil a également été tué.
Tsahal a déclaré que l’opération de jeudi dans le camp de réfugiés de Jénine était nécessaire pour déjouer les plans d’attaque imminents d’une cellule terroriste locale du Jihad islamique palestinien. Le groupe avait préparé des explosifs et des armes à feu, selon l’armée.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, des groupes terroristes palestiniens ont tiré des roquettes à Gaza et les Israéliens ont riposté par des frappes aériennes, bien que les deux parties semblent vouloir éviter une escalade dans une guerre à grande échelle.
Ash Obel a contribué à cet article.