Shlomo Karhi : « La radiodiffusion publique n’a pas sa place en Israël »
Le ministre des Communications a dit que la chaîne publique israélienne Kan devait être supprimée et que la radio de l'armée devait être privatisée, les jugeant "trop à gauche"
Le nouveau ministre des Communications, Shlomo Karhi, a déclaré lundi qu’il n’y avait aucune raison de soutenir le système de radiodiffusion publique en Israël et il a indiqué qu’il avait l’intention de fermer la chaîne publique israélienne Kan ainsi que d’autres organismes de régulation de la transmission télévisée et radiophonique.
S’exprimant lors de la conférence sur le journalisme numérique DIGIT 2023 à l’université Reichman de Herzliya, Karhi a déclaré que la politique de son parti, le Likud, était de « supprimer les obstacles et de supprimer la réglementation » dans le secteur afin de permettre au marché libre de prévaloir.
La chaîne publique israélienne Kan fait partie des organismes qui « contrôlent le débat, qui coupent la connexion entre le public et les médias », a affirmé Karhi.
« À mon avis, il n’y a plus de place à notre époque pour un radiodiffuseur public alors qu’il existe un large éventail de chaînes », a-t-il ajouté, expliquant pourquoi il pensait que Kan et la radio de l’armée, qui est exploitée par Tsahal, étaient superflus.
Le Likud, dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, est depuis longtemps accusé de chercher à fermer Kan, une chaîne critique du gouvernement qui reçoit des fonds publics.
« Je considère que les médias sont trop orientés vers la gauche, et peut-être ai-je tort. Mais laissons le public en décider », a déclaré Karhi.
Concernant la radio de l’armée, Karhi a déclaré qu’il proposerait de privatiser la station.
Il s’en est également pris à deux organismes publics qui supervisent la radiodiffusion commerciale, le Conseil de la radiodiffusion par câble et satellite et l’Autorité de radiodiffusion d’Israël, qui auraient » réglementé le discours » dans les médias.
Khari a déclaré qu’il présenterait ses plans pour le marché des communications dans quelques semaines et qu’ils seraient inclus dans le prochain budget. « Il y aura beaucoup de changements », a-t-il promis.
Pendant son discours, Karhi a été chahuté par un membre du public qui aurait crié « il n’y a pas de démocratie sans diffusion publique », avant d’être expulsé de la salle.
En novembre, au cours des négociations de coalition, un reportage non-sourcé de la Douzième chaîne a annoncé que le Likud chercherait à fermer le département des informations de Kan mais qu’il laisserait intacts les départements qui créent des programmes scénarisés et des documentaires.
En réponse, le Likud a insisté sur le fait que la question n’avait pas été soulevée lors des négociations de coalition. À l’époque, Karhi avait écrit sur Twitter qu’il n’était pas au courant d’un tel plan, mais qu’il soutenait cette initiative.
« Il n’y a aucune raison de continuer à financer une chaîne publique à hauteur de près d’un milliard de shekels par an », avait-il écrit. « Fermer Kan n’est qu’un début, avant de s’occuper de la radio de l’armée. »
La chaîne publique israélienne Kan a débarqué sur les ondes en 2017 après une longue bataille législative pour fermer et remplacer son prédécesseur, l’Autorité de radiodiffusion d’Israël.
À l’époque, le Premier ministre Netanyahu – qui a également occupé pendant des années le poste de ministre des Communications – s’était fortement opposé à la création de Kan, prétendant qu’elle était trop orientée à gauche et trop difficile à contrôler.
Un désaccord interne sur la question avait failli faire tomber la coalition en 2017. Toutefois, si le département de l’information de la chaîne devait être fermé aujourd’hui, il est peu probable que le gouvernement actuel de Netanyahu, de droite et religieux, s’y oppose.