Appel à l’action après l’agression par l’extrême droite d’une équipe de TV et d’Arabes
Deux journalistes de la Treizième chaîne blessés ; Lapid accuse Netanyahu et Ben Gvir ; Gantz exhorte le Premier ministre à condamner sans équivoque ces attaques
Les dirigeants de l’opposition ont exhorté mardi le gouvernement et la police israélienne à sévir contre les violences commises par les partisans du gouvernement après les attaques contre une équipe de journalistes de la télévision ainsi que plusieurs passants arabes lors d’une manifestation de soutien à la réforme radicale du système judiciaire prévue par la coalition.
Le journaliste de la Treizième chaîne, Yossi Eli, a été hospitalisé lundi en fin de journée avec une côte cassée et une probable lésion de la rate.
Le caméraman Avi Cashman souffre d’un traumatisme crânien.
Eli a remercié, mardi sur Twitter, la police de l’avoir sauvé d’un « groupe d’émeutiers et de membres de La Familia qui bloquaient une route à Jérusalem, nous ont craché dessus, ont jeté sur nous des objets et ont frappé notre photographe Cashman à la tête avec un bâton ».
Lors d’un autre incident, Tamer Alkilani, reporter pour MaKan 33, la chaîne publique Kan en langue arabe, a été harcelé par des partisans du gouvernement lors d’une manifestation à Jérusalem, alors qu’il tentait de rendre compte de la situation en direct.
D’autres incidents ont été signalés, au cours desquels des militants d’extrême droite ont attaqué des manifestants antigouvernementaux ainsi que des Arabes et des policiers qui passaient par là.
בושה-בושה-בושה: עיתונאי חדשות 13 @Yossi_eli וצוותו נדחפו בגסות בהפגנה בירושלים על ידי מפגינים בעד הרפורמה המשפטית, בהם אנשי לה פמיליה. ״ירקו עלינו, זרקו חפצים ותקפו את הצלם שלנו עם מקל בראש. משטרת ירושלים הצילה אותנו מחבורה של פורעים״ pic.twitter.com/fXAUurVeFq
— Raz Shechnik (@RazShechnik) March 27, 2023
Le conducteur a tenté de s’enfuir par une station-service voisine, mais il a alors été « sauvagement attaqué par les émeutiers qui l’ont poursuivi et ont lourdement endommagé sa voiture », a déclaré la police dans un communiqué.
נהג מונית ערבי הותקף בתחנת דלק על ידי מפגיני ימין בשדרות בן צבי בירושלים – ונמלט | עדכונים שוטפים >>> https://t.co/6cYRR0SaP4@SuleimanMas1 pic.twitter.com/JSnvU694kH
— כאן חדשות (@kann_news) March 27, 2023
La police a déclaré qu’une enquête sur l’incident avait été ouverte et que trois arrestations avaient eu lieu.
Le député Yair Lapid, chef de l’opposition et du parti Yesh Atid, a imputé dans un communiqué la responsabilité des incidents au Premier ministre Benjamin Netanyahu et au ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir.
Lapid a déclaré dans une publication sur Twitter que les partisans du gouvernement étaient coupables de « violences endémiques, odieuses et dangereuses ».
« Voilà à quoi ressemble la violence, M. Netanyahu, et ce sont les résultats de votre incitation à la violence et de celle du clown de Tiktok [Ben Gvir] qui veut transformer sa milice de voyous en une ‘garde nationale’ qui sèmera la terreur et la violence à travers le pays entier », a écrit Lapid, en référence à l’exigence de Ben Gvir de lui fournir une nouvelle force de sécurité qui sera sous son contrôle et que ses détracteurs considèrent comme une milice privée.
Netanyahu accuse depuis des semaines les manifestants anti-gouvernementaux, qui sont en grande majorité pacifiques, de violences et de comploter des assassinats politiques.
Le député de l’opposition Benny Gantz, qui dirige le parti HaMahane HaMamlahti, a publié sur Twitter qu’il avait reçu « des témoignages difficiles de manifestants qui ont été attaqués par des partisans de la législation ».
Il a exhorté Netanyahu « à appeler sans équivoque à s’abstenir de toute violence ».
« Tout le monde a le droit et le devoir de faire entendre sa voix – et il est absolument interdit de lever la main sur autrui, de le harceler ou de lui faire du mal. Arrêtez maintenant ! », a-t-il ajouté.
Netanyahu n’a pas fait de commentaires, mais le ministre des Communications et un membre du cabinet Shlomo Karhi a tweeté que « la police doit poursuivre toute personne qui s’en prend à des journalistes. N’attaquez pas les journalistes, ne recourez en aucun cas à la violence. C’est une ligne rouge qui ne devrait jamais être franchie ! ».
Parmi les manifestants favorables à la réforme judiciaire à Jérusalem se trouvaient des dizaines de membres du groupe d’extrême droite La Familia, dont certains ont été filmés en train d’attaquer des passants arabes. Des membres de ce groupe ont également été accusés d’avoir commis d’autres agressions.
Le groupe ultra-nationaliste La Familia est à la base un club de supporters de l’équipe de football Beitar de Jérusalem, mais l’équipe s’est distanciée à plusieurs reprises de l’organisation en raison de la rhétorique raciste du groupe et de sa violence. Les responsables de la sécurité ont déjà demandé qu’elle soit déclarée illégale et considérée comme une organisation terroriste.
La Treizième chaîne a déclaré que, suite à l’incident, ses équipes de journalistes seront désormais accompagnées de deux gardes du corps lorsqu’elles couvriront les manifestations liées aux législations controversées.
Dans un communiqué, la chaîne a déclaré qu’elle condamnait l’agression de son équipe de journalistes et qu’elle comptait sur la police pour traduire en justice les auteurs de l’agression.
L’Union des journalistes d’Israël a également exhorté la police à trouver les responsables. « L’attaque contre Eli succède à une série de cas semblables d’agressions de journalistes et d’équipes de secouristes ces derniers jours », a déclaré le syndicat dans un communiqué.
Eli aurait déjà été attaqué lors d’une manifestation dimanche, mais par les forces de l’ordre à cette occasion. Le caméraman de la Treizième chaîne, Shai Toni, aurait lui aussi déjà été malmené et sa caméra saccagée.
Les attaques ont eu lieu lors de manifestations de masse dans les grandes villes pour et contre la réforme judiciaire menée par le gouvernement, et ont entraîné des affrontements avec la police qui tentait de dégager les routes et de rétablir l’ordre pendant la nuit, alors que le pays était toujours en ébullition après l’annonce de Netanyahu annonçant que son gouvernement allait temporairement suspendre la législation qui a déclenché les protestations.
Les manifestations les plus importantes ont eu lieu à Jérusalem et à Tel-Aviv, la première étant le lieu de rassemblement de dizaines de milliers de manifestants favorables à la réforme et la seconde accueillant un nombre similaire de manifestants opposés aux efforts du gouvernement pour réduire radicalement le pouvoir de la Haute Cour de justice. Cinquante-trois manifestants ont été arrêtés pour avoir bloqué des routes et créé des troubles à l’ordre public tout au long de la journée dans tout le pays, mais surtout à Tel-Aviv.
Plus tôt dans la journée, Netanyahu a promis de créer une « garde nationale » qui serait placée sous l’autorité directe de Ben Gvir en échange du soutien du ministre d’extrême droite à sa décision de suspendre le projet de loi sur la réforme du système judiciaire. Ben Gvir est déjà à la tête des forces de police et de la Police des frontières.
Des manifestations de masse hebdomadaires ont eu lieu pendant près de trois mois pour protester contre le projet de loi, qui, selon ses détracteurs, politiserait la Cour, supprimerait des contrôles essentiels du pouvoir gouvernemental et porterait gravement atteinte au caractère démocratique d’Israël. Les partisans de ces mesures affirment qu’elles permettront de contrôler un système judiciaire qui, selon eux, a dépassé ses limites.
Lundi soir, Netanyahu a annoncé qu’il suspendait temporairement la législation pour permettre des négociations.