Sarit Ahmad avait contacté la police pour dénoncer les menaces de ses frères en 2020
L’ado, alors âgée de 15 ans, avait déclaré que l'un de ses frères avait offert 200 000 NIS pour son meurtre et que l'autre avait menacé de la poignarder suite à son coming-out
Une jeune femme abattue au cours du week-end s’était plainte il y a trois ans auprès de la police que ses frères menaçaient de l’assassiner, l’un d’eux offrant 200 000 shekels à celui qui la tuerait après qu’elle eut parlé de sa relation amoureuse avec une autre femme.
Sarit Ahmad, 18 ans, a été abattue vendredi, un meurtre que la police soupçonne d’être lié à son orientation sexuelle. Elle était le 99e membre de la communauté arabe tué depuis le début de l’année 2023, un bilan qui s’élève depuis à 102.
La police a déclaré samedi qu’elle était à la recherche de l’un de ses frères, qui a disparu après le meurtre présumé. Elle a affirmé détenir des preuves le reliant à l’assassinat.
« Le frère qui a découvert [ma relation] a 30 ans. Il a pris mon téléphone et a menacé de payer quelqu’un pour me tuer. Il a proféré ces menaces plusieurs fois dans la même journée », avait déclaré Ahmad à la police en 2020, alors qu’elle avait 15 ans, selon les détails de la plainte diffusée dimanche sur la Douzième chaîne.
« J’ai parlé à mon père et je lui ai dit : ‘Je suis ta fille et tu dois m’accepter’. Je lui ai dit que j’étais lesbienne. Il a commencé à dire : ‘Tu n’es pas comme ça et si tes frères l’entendent, ils te tueront' », avait-elle déclaré.
Interrogée par la police sur la fin de la conversation, Ahmad avait déclaré que son père pensait qu’elle pouvait changer son orientation sexuelle.
« Lorsque je suis rentrée chez moi, je me suis assise dans le salon avec ma mère et ma sœur. Mon père était debout et mon frère m’a dit : ‘Qu’est-ce qui se passe entre toi et cette fille ?’ Je ne voulais pas dire que c’était ma petite amie, alors j’ai dit : ‘C’est juste une amie’. Il m’a dit : ‘Tue-toi, c’est mieux pour toi’. J’ai dit d’accord et je suis partie », avait rapporté Ahmad.
Elle avait ensuite décrit une dispute entre son frère et son père, au cours de laquelle le frère avait menacé de « payer 200 000 shekels à celui qui me tuera ».
Elle avait également déclaré que son autre frère avait menacé de la poignarder après l’avoir entendue parler de sa petite amie avec ses parents.
« Je vais lui planter un couteau dans l’estomac. Après cela, je boirai une bière, comme si rien ne s’était passé », avait déclaré son autre frère.
Selon des informations parues dans la presse israélienne, Ahmad avait été contrainte de se réfugier dans un foyer pour femmes où elle a vécu pendant un an après avoir été menacée par ses frères. Le mois dernier, elle avait déposé une autre plainte auprès des forces de l’ordre après avoir été une nouvelle fois menacée par son frère, et avait accepté de s’installer dans un refuge à Beer Sheva.
Elle avait toutefois rapidement regretté sa décision et était allée vivre avec sa sœur à Sajur, dans le nord du pays.
Le père de la jeune femme a affirmé dans divers interviews que ses fils ne pouvaient pas être responsables du meurtre de leur sœur et qu’ils ne l’avaient jamais menacé.
Un journaliste de la Treizième chaîne a été agressé samedi alors qu’il couvrait un événement pro-LGBTQ à la mémoire d’Ahmad.
Ali Mugrabi, qui était accompagné du caméraman Gideon Lev Ari, a déclaré que les suspects s’étaient approchés d’eux lors de la dispersion de l’événement et qu’ils étaient furieux qu’ils couvrent un événement de la communauté LGBTQ.
Le journaliste a tenté d’expliquer qu’ils ne participaient pas à la cérémonie et qu’ils faisaient leur travail en la couvrant. « Mais ils ont arraché mon téléphone, l’ont cassé et ont commencé à me frapper dans le dos et sur le bras jusqu’à ce que Gideon m’appelle pour que je monte dans la voiture. »
« Je ne sais pas comment nous avons pu nous en sortir sains et saufs et nous échapper de là », a ajouté Mugrabi, qui a été conduit à l’hôpital par précaution.
Lev Ari a déclaré qu’un grand nombre de policiers se trouvaient sur place et qu’il leur avait demandé d’intervenir. « Mais ils ont fait demi-tour et sont partis. »
La police a semblé contester cette version, publiant une déclaration selon laquelle les agresseurs présumés ne sont arrivés « qu’après le départ des forces de l’ordre ». Elle a également indiqué que le téléphone de Mugrabi avait été cassé et que les drapeaux LGBTQ avaient été arrachés.
La police a déclaré qu’elle recherchait des suspects et qu’elle « considérait les actes de violence avec gravité ».