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Audience de remise en liberté provisoire pour la pédophile présumée Leifer

Malgré les avis de trois psychiatres qui ont estimé que la femme était apte à être extradée en Australie, un dernier jugement a semé le doute sur les preuves

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Malka Leifer. (Crédit : YouTube)
Malka Leifer. (Crédit : YouTube)

Une cour de Jérusalem a convenu mercredi d’organiser une audience de remise en liberté concernant la pédophile multi-récidiviste présumée Malka Leifer, quarante-huit heures après qu’un magistrat a semé le doute sur les preuves existantes à son encontre, ordonnant la convocation d’un panel psychiatrique pour déterminer si elle simule éventuellement une maladie psychiatrique pour éviter l’extradition.

Une audience a été programmée le 2 octobre à 10 heures du matin par le juge Ram Vinograd de la cour de district de Jérusalem. Les victimes présumées de Leifer ont dit être craindre que cette dernière, âgée de 52 ans, ne soit assignée à domicile après le jugement de lundi, que l’avocat de la défense a salué comme étant une avancée majeure pour sa cliente.

Leifer est accusée de 74 chefs d’abus sexuels sur enfants remontant à l’époque où elle était à la tête de l’école pour filles Adass Israel, située à Melbourne. L’Australie a réclamé son extradition en 2014 mais le processus s’est trouvé à plusieurs reprises dans l’impasse. Un psychiatre, expert auprès des tribunaux, a ainsi changé son expertise judiciaire concernant l’aptitude mentale de Leifer à partir vers l’Australie – en raison, ont clamé certaines informations, de pressions qui avaient été exercées par le vice-ministre de la Santé Yaakov Litzman.

Lors la 57e audience dans ce dossier, la juge Chana Lomp devait prendre une décision, lundi, sur l’aptitude de Leifer à se présenter à une audience d’extradition.

La principale de l’école ultra-orthodoxe pour filles Adass Israel Malka Leifer, à gauche, avec ses élèves, et parmi elles Nicole Meyer, au centre, en 2003 (Autorisation)

Elle a toutefois estimé que les preuves étaient insuffisantes pour pouvoir prendre une décision au vu des avis médico-légaux différents sur une éventuelle simulation de maladie psychique de la part de Leifer.

Elle a ordonné qu’un panel de trois psychiatres se réunisse pour émettre une recommandation, le 10 décembre. Une audience supplémentaire est prévue en date du 6 octobre pour déterminer la constitution de l’instance médicale, après que la magistrate a pris la décision de prendre en compte la demande de la défense qui réclamait que le groupe puisse inclure des psychologues privés plutôt que des fonctionnaires.

« Nous sommes très stressées et anxieuses au sujet de la libération provisoire qui s’annonce dorénavant au vu du verdict de la dernière audience et nous espérons vraiment qu’elle restera en détention jusqu’à son renvoi en Australie », a indiqué dans un communiqué Nicole Meyer, l’une des victimes présumée de Leifer.

Pour sa part, l’équipe de la défense, constituée des avocats Tal Gabay et Yehuda Fried, ont paru satisfaits du jugement de Lomp, disant aux journalistes aux abords de la salle du tribunal, lundi, que le juge avait dans les faits rejeté l’affirmation faite par l’Etat que Leifer simulait une maladie psychique.

(De gauche à droite) Les avocats de Malka Leifer Tal Gabay et Yehuda Fried parlent aux journalistes au tribunal de district de Jérusalem le 23 septembre 2019. (Crédit : Jacob Magid/Times of Israel)

Lomp s’est davantage concentrée sur l’éventualité d’une simulation de maladie mentale chez Leifer que sur sa réelle aptitude à être extradée, ce qui semble avoir renforcé le dossier présenté par la défense. En ordonnant à un nouveau panel de se focaliser sur la première question, tout en ajoutant que les preuves actuelles à ce sujet n’étaient pas concluantes, la mise en liberté provisoire de Leifer pourrait devenir une fois encore une possibilité.

La décision de Lomp a frustré les procureurs qui se sont opposés à la désignation d’un nouveau panel. Ils ont par ailleurs ajouté que si une telle instance médicale devait être convoquée, elle devrait se focaliser sur la question sur laquelle le tribunal va émettre un jugement – l’aptitude psychologique de Leifer. La décision prise de convoquer un groupe de psychiatres pour déterminer si un suspect simule est assez inhabituelle.

Manny Waks, directeur-général de Kol V’Oz, une organisation israélienne de lutte contre les violences sexuelles contre les enfants dans la communauté juive à dans le monde entier, suppose que Leifer pourrait être libérée la semaine prochaine dans la mesure où elle doit être encore inculpée depuis son arrestation au mois de février 2018 pour avoir feint une maladie mentale.

« De mon point de vue, Leifer devrait se trouver en prison ou dans une structure médicale jusqu’à ce qu’elle soit en mesure de faire face à la justice – cela offrirait également une forme de réconfort à ses victimes présumées tout en assurant une plus grande sécurité aux enfants israéliens », a-t-il déclaré dans un communiqué émis jeudi.

Manny Waks témoigne devant la commission royale sur les réponses institutionnelles aux violences sexuelles sur les enfants (Autorisation : Manny Waks)

Le juge Vinograd a présidé à plusieurs reprises des audiences de remise en liberté provisoire pour Leifer dont les avocats ont cherché la libération dans un contexte d’impasse de la procédure d’extradition.

Au mois de février dernier, il avait refusé la remise en liberté, disant qu’il avait besoin d’un avis psychiatrique supplémentaire pour le faire – une requête à laquelle la défense comme les procureurs s’étaient opposés. Un an auparavant, Vinograd avait ordonné que Leifer soit assignée à domicile après qu’un rabbin éminent, connu pour son travail réalisé auprès des Israéliens défavorisés, le rabbin Yitzchak Dovid Grossman, s’est porté garant d’elle. La cour suprême avait ensuite renversé cette décision et elle est restée depuis derrière les barreaux.

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