Aux Etats-Unis, solidarité avec la France, et débat très politisé
La classe politique, surtout à droite, a immédiatement porté le débat sur la stratégie de Barack Obama contre les djihadistes et la crise des réfugiés

Les Américains continuaient samedi d’afficher leur solidarité avec la France après les attentats de Paris.
La flèche du World Trade Center de New York, la patinoire de l’équipe de hockey de Washington, des immeubles à San Francisco, à Dallas… ont affiché les couleurs du drapeau français. De Hollywood au monde du sport et au Congrès, des milliers de personnalités ont exprimé leur solidarité sur Twitter.
Toute la journée samedi, des Américains sont venus déposer des fleurs devant l’ambassade de France à Washington, solidaires et parfois indignés, comme Patricia Morehouse, qui était déjà venue après les attentats contre Charlie Hebdo : « La France a ouvert ses frontières, et c’est ce qu’ils reçoivent en échange ? », lance-t-elle.
Des rassemblements étaient aussi prévus à Washington devant la Maison Blanche, et d’autres villes dont Los Angeles et San Francisco. Au Metropolitan Opera à New York, le choeur a chanté samedi la Marseillaise, et le drapeau français a été porté haut par des joueurs de football américain de l’académie militaire West Point.
Mais en pleine campagne des primaires présidentielles, les républicains ont vu dans les attentats la validation de leurs critiques contre la stratégie supposément déficiente de Barack Obama contre le groupe Etat islamique (EI) et l’ « islam radical », terminologie qu’ils reprochent au président américain de ne pas employer.
« Tant que notre commandant en chef refuse de même prononcer les mots de terrorisme islamique radical, nous n’aurons pas d’effort concerté pour vaincre ces radicaux », a déclaré le sénateur ultra-conservateur Ted Cruz, candidat à la Maison Blanche. Il réclame une pause dans l’accueil de réfugiés aux Etats-Unis.
« Il est insensé d’accueillir chez nous des réfugiés si nos services de renseignement ne peuvent pas déterminer s’ils sont des terroristes venus pour nous tuer ou pas », a dit Ted Cruz sur Fox News.

‘Choc de civilisation’
Un autre candidat, le gouverneur républicain John Kasich (Ohio), a lié les attentats à la vague d’immigration vers l’Europe. « Les causes profondes sont les suivantes : les gens doivent s’assimiler », a-t-il déclaré lors d’une réunion publique vendredi, selon le Washington Post.
Beaucoup considéraient les attentats comme un coup de semonce, révélateur de la menace croissante posée par l’EI.
« C’est un choc de civilisation », a déclaré Marco Rubio, autre prétendant à la Maison Blanche. « Soit ils gagnent, soit nous gagnons ».
Son rival Jeb Bush a appelé à rouvrir le débat sur le renseignement et le pouvoir de la NSA, l’Agence de sécurité nationale, le grand service d’écoutes mondiales des Etats-Unis.
« Quel est l’équilibre entre nos libertés civiques et le besoin de sécurité? Nous devons avoir une conversation sur ces sujets, car j’estime que nous avons réduit nos capacités au mauvais moment », a-t-il déclaré dans une interview radio dans le Hugh Hewitt Show.
Explicitement, les républicains critiquent le manque supposé de poigne de Barack Obama au Moyen Orient.
« Cette menace croissante marque l’échec de la politique étrangère américaine et si l’administration ne la combat pas plus sérieusement, notre pays et notre peuple paieront un prix élevé », a déclaré samedi le sénateur républicain John McCain.
Le milliardaire Donald Trump, en tête des sondages pour l’investiture, a raillé une interview de Barack Obama, diffusée quelques heures avant les attentats, dans laquelle le président américain affirmait que les Etats-Unis « maîtrisaient l’élan » du groupe jihadiste en Irak et en Syrie.
« Le président Obama doit changer de stratégie », a martelé samedi sur NBC le sénateur républicain Lindsey Graham, un faucon interventionniste du Congrès, qui plaide depuis des mois pour l’envoi de contingents américains au combat contre l’organisation jihadiste.
Il a aussi déploré la baisse des dépenses militaires sous la présidence Obama, la hausse du budget du Pentagone étant la pierre angulaire du programme républicain.
« Nous (le Congrès, NDLR) sommes partiellement responsables d’avoir créé toutes les conditions pour un nouveau 11-Septembre », a-t-il prévenu.
Une discussion que les démocrates dont Hillary Clinton évitaient encore samedi, mais à laquelle ils ne devraient pas pouvoir échapper lors du second débat des primaires démocrates dans la soirée de samedi.