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Aux urnes, les Israéliens n’ont pas que Netanyahu en tête

"Mon cousin de 4 ans m'a demandé : 'si Bibi est soupçonné de corruption, pourquoi est-il Premier ministre ?' C'est aussi simple que ça, c'est surréaliste !", affirme Tamara Hacohen

  • Un ultra-orthodoxe vote à Jérusalem, le 9 avril 2019. (Crédit : MENAHEM KAHANA / AFP)
    Un ultra-orthodoxe vote à Jérusalem, le 9 avril 2019. (Crédit : MENAHEM KAHANA / AFP)
  • Une Israélienne vote à Jérusalem, le 9 avril 2019. (Crédit : MENAHEM KAHANA / AFP)
    Une Israélienne vote à Jérusalem, le 9 avril 2019. (Crédit : MENAHEM KAHANA / AFP)
  • Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et sa femme Sara votent à Jérusalem, le 9 avril 2019. (Crédit : MENAHEM KAHANA / AFP)
    Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et sa femme Sara votent à Jérusalem, le 9 avril 2019. (Crédit : MENAHEM KAHANA / AFP)

Tamara Hacohen, 18 ans, a « grandi avec Bibi », le surnom de Benjamin Netanyahu, et a « l’impression que rien n’a avancé ». Au contraire, pour Benny Saville, 49 ans, le Premier ministre israélien sortant « est le meilleur ».

Tamara Hacohen et Benny Saville font partie des Israéliens qui sont allés mardi, à flux constant, glisser leur bulletin dans les urnes pour les législatives. Le scrutin est largement considéré comme un référendum sur la personne de M. Netanyahu, au pouvoir depuis plus de 13 ans au total, qui divise les électeurs.

Les impressions recueillies à la sortie des bureaux de vote confirment que M. Netanyahu est présent dans les esprits, mais aussi qu’à travers lui les préoccupations comme la sécurité et le coût de la vie guident les électeurs.

Le mot « changement » revient régulièrement dans les bouches, mais pas forcément pour espérer la fin des années Netanyahu.

Tamara Hacohen vote pour la première fois de sa vie et participera au décompte dans la soirée dans le quartier d’Arnona à Jérusalem. Elle arbore un tee-shirt Kakhol lavan, la liste de centre-droit de M. Gantz, et entreprend les passants pour « faire pencher les indécis ».

Benny Gantz, chef du parti Kakhol lavan, lors d’une campagne électorale à Petah Tikva, le 13 mars 2019. (Gili Yaari /Flash90)

« Mon cousin de 4 ans m’a demandé :’si Bibi est soupçonné de corruption, pourquoi est-il Premier ministre ?’ C’est aussi simple que ça, c’est surréaliste ! », s’exclame-t-elle en faisant référence à le menace d’inculpation pesant sur M. Netanyahu.

Dans le quartier populaire de Katamon, Marina Dyachenka, 42 ans et d’origine biélorusse, a décidé de donner sa voix à Kakhol lavan elle aussi. Venue voter avec ses deux garçons, elle dénonce la cherté de la vie.

Gantz est « dangereux »

Infirmière aux urgences d’un hôpital de Jérusalem, elle évoque le « manque de lits, de moyens, de personnel. On n’a aucun soutien, nulle part ».

Shahar Levinson, venu voter avec sa femme et ses trois enfants en bas âge, a opté lui pour le Likud, pour la sécurité, et pour « un gouvernement de droite et capitaliste ».

Un homme passe devant une affiche de la campagne électorale de Benjamin Netanyahu, Premier ministre et chef du parti du Likud à Jérusalem le 2 avril 2019.
(Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

On votait aussi dans les implantations israéliennes de Cisjordanie. A Elazar, trois partis affichent leurs couleurs à l’entrée du bureau: le Likud de M. Netanyahu, l’Union des partis de la droite, alliance de partis nationalistes et religieux, et Zehut (identité en hébreu), dirigé par un ex-membre extrémiste du Likud qui prône – entre autres – l’annexion de la Cisjordanie.

Benny Saville, comptable, soutient M. Netanyahu comme aux élections de 2015 parce qu’il est « le meilleur et (qu’il) faut le renforcer contre M. Gantz qui est dangereux ». Le Likud était arrivé en tête dans la colonie il y a quatre ans.

Ishay Dror, banquier de 28 ans, a en revanche choisi Zehut, surtout en raison de leur programme économique totalement hostile à toute intervention de l’Etat. Il croit en une coalition entre Zehut et le Likud : « le bloc de droite sera fort ».

Le leader du parti Zehut Moshe Feiglin au marché Mahane Yehuda pendant la campagne électorale, le 4 avril 2019 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

A Jérusalem, peu d’Arabes peuvent prendre part au vote. L’immense majorité d’entre eux n’ont pas la nationalité israélienne et disposent d’un permis de résidence, révocable à tout moment.

« Je paie des taxes »

Dans le bureau quasi désert de Beit Safafa, l’un des rares du côté majoritairement palestinien de la Ville sainte, Marwan Alyan, 65 ans, a voté Ahmed Tibi, député arabe le plus populaire chez les Arabes israéliens.

Une publicité de campagne de la liste conjointe Hadash-Taal montrant, à gauche, Ayman Odeh et Ahmad Tibi devant des bus avec la légende : « Déferlement aux urnes » (Crédit : Facebook)

Ces derniers sont les descendants de Palestiniens restés sur leurs terres après la création d’Israël en 1948. Ils représentent environ 17,5 % des près de 9 millions d’Israéliens.

Beaucoup sont tentés par le boycott des élections, mais Marwan Alyan voulait prouver que « les Arabes palestiniens, malgré tous les défis, veulent voter et montrer qu’ils sont là ». Il espère que M. Gantz battra M. Netanyahu.

En dehors de Jérusalem, à Taibe, dans le secteur d’Israël majoritairement arabe, Yasmine Faydeh a également résisté aux appels au boycott : « Je paie des taxes pour ce pays, donc j’ai le droit de voter et je veux l’exercer aujourd’hui ».

« Si quelqu’un ne nous plaît pas, nous ne devons pas boycotter mais unir nos voix pour le faire partir », dit-elle.

A distance des bureaux de vote, les préoccupations quotidiennes paraissaient cependant lointaines. Cette journée d’élections était aussi une journée de congé pour les Israéliens, et beaucoup en ont profité pour aller à la mer ou pique-niquer en famille. Des centaines d’entre eux ont convergé par exemple vers la vallée d’Elah noyée de soleil à l’ouest de Jérusalem.

Des Israéliens profitent du jour férié à l’ocasion des élections, le 9 avril 2019,à Tel Aviv. (Crédit : JALAA MAREY / AFP)

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