Avant ses élections, le mouvement pro-implantation se demande s’il doit favoriser l’international ou le national
Oded Revivi s'enorgueillit de sa capacité à se lier aux communautés juives à l'étranger, tandis que Yigal Lahav affirme pour sa part que le prochain dirigeant du conseil de Yesha devra favoriser le dialogue interne
L’élection pour désigner le dirigeant de l’organisation cadre du mouvement pro-implantation est en train de se transformer en référendum : le responsable du groupe doit-il en premier lieu servir ses électeurs en Cisjordanie, ou agir en tant qu’ambassadeur international en faveur de cette entreprise controversée ?
Les membres du Conseil de Yesha, qui représente les habitants des implantations israéliennes de Cisjordanie, se réuniront lundi pour élire un nouveau dirigeant et devront choisir entre Oded Revivi, le maire d’Efrat, et Yigal Lahav, celui de Karnei Shomron, pour remplacer le président sortant, Avi Roeh.
Revivi est considéré comme le favori. Cet homme de 48 ans, père de six enfants, a gagné une reconnaissance considérable au cours des neuf dernières années passées à la barre de la municipalité d’Efrat, une implantation du sud de Jérusalem prisée des anglophones.
Il parle couramment l’anglais et est le porte-parole à l’étranger du conseil de Yesha depuis août 2016. Il a en outre figuré dans une délégation de partisans du mouvement pro-implantation qui s’est rendue à l’investiture du président américain Donald Trump.
Il a également construit des relations avec des représentants de tout le gouvernement, notamment avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Revivi est considéré comme un homme relativement modéré. Il s’est exprimé contre l’annexion de la Cisjordanie, affirmant qu’elle pourrait mener à l’apartheid, et s’est opposé à la construction d’une barrière de sécurité autour d’Efrat, disant qu’isoler les Israéliens des Palestiniens n’apporterait pas la paix.
Un ancien responsable du conseil de Yesha a indiqué au Times of Israël que, même si les deux candidats présentent des précédents impressionnants, Revivi est « le bon candidat au bon moment […]. Sa relation avec Netanyahu et sa finesse avec les médias étrangers en font l’homme naturellement adapté à la fonction. »
Alors qu’il est le moins connu de ceux qui évoluent à l’extérieur du conseil de Yesha, Yigal Lahav a gagné l’attention d’un public assez considérable depuis qu’il a pris la tête du conseil local de Karnei Shomron en 2013. L’année prochaine, l’implantation située à l’ouest de Naplouse devrait accueillir 500 nouvelles familles, ce qui la rendra la communauté se développant le plus rapidement à l’est de la Ligne verte. Il a indiqué qu’il souhaiterait voir la population totale des habitants d’implantations doubler, en passant à un million de personnes.
Lahav, 56 ans, représente également une part croissante de résidents d’implantations laïcs, dans une organisation où il est rare d’apercevoir une tête sans kippa. Alors que le candidat Lahav souligne que son point de vue sur la religion est une question sans importance, l’organisation a prospéré sous la direction de son dernier président laïc, Dani Dayan, remplacé il y a quatre ans par Roeh. Le candidat a également déclaré au Times of Israël qu’il était soutenu par 15 chefs de conseils locaux au sein du Conseil de Yesha.
Même si les deux candidats ont souligné l’importance de mettre en place un plan à long terme pour l’organisation, qui puisse inclure des améliorations de planification et d’infrastructure pour les habitants de la Cisjordanie, ils diffèrent dans leur diagnostic des problèmes rencontrés dernièrement par le Conseil de Yesha.
« Il y a eu un formidable leadership au cours des trois dernières années, mais durant les deux, trois derniers mois, le contact entre les chefs de conseils locaux a manqué », a expliqué Lahav, ajoutant qu’il œuvrerait à faire venir chaque membre du Conseil de Yesha à la table des décisionnaires.
Revivi s’est intéressé à une autre question. « Au cours des dernières années, le Conseil de Yesha n’a pas été largement représenté dans les médias et, sur ce sujet-là, je pense que je peux incarner un bon représentant », a-t-il dit.
Le maire d’Efrat estime que les habitants de Cisjordanie sont traités comme des « citoyens de seconde zone » par la loi qui, a-t-il dit, prend plus de temps à être appliquée au-delà de la Ligne verte.
« Les gens ne comprennent pas cette réalité et accordent plutôt du crédit à des idées fausses, notamment celle que le gouvernement offrirait un traitement préférentiel aux habitants de Judée et de Samarie », a poursuivi Revivi.
« Je peux présenter nos besoins aux médias de manière à ce qu’ils ne soient pas appréhendés comme les besoins d’un certain secteur, mais plutôt comme ceux d’une communauté toute entière qu’il n’est pas possible d’ignorer », a-t-il dit.
Mais Lahav a considéré que les relations externes ne sont pas la priorité du président du conseil de Yesha. « Nous ne devons pas nous concentrer sur la réponse permanente au monde extérieur et sur la démonstration que nous avons raison », a-t-il dit.
Le maire de Karnei Shomron a ajouté qu’il était préférable de consacrer du temps à cimenter la présence israélienne en Cisjordanie. « Si nous faisons cela, nous n’aurons plus besoin de nous justifier, a-t-il déclaré. Cela sera simplement clair pour tout le monde. »
Toutefois, Lahav a expliqué que les habitants d’implantations ont un rôle à jouer dans le renforcement des identités juives des membres de la communauté vivant à l’étranger. « Je veux atteindre les Juifs réformés et conservateurs, car ils devraient absolument prendre part à ce que nous réalisons ici », a-t-il dit.
« Mais 80 % de notre mission devraient être consacrés aux habitants de la Judée et de la Samarie, et 20 % aux relations étrangères », a-t-il clarifié.
« Et en fin de compte, je préfère m’adresser aux résidents d’Amona qu’aux médias étrangers, et c’est pour cela que les gens m’apprécient », a-t-il estimé, faisant référence aux personnes évacuées d’un avant-poste illégal qui a été démantelé au mois de février, et pour qui une nouvelle implantation est actuellement en cours de construction.
Le point de vue du président en exercice
Reconnaissant des différences de style entre les deux candidats, le président sortant, Roeh, a déclaré que chacun tente de montrer quels seront ses points forts. Le prochain président devra-t-il, selon lui, favoriser le dialogue externe ou interne ? A cette question, Roeh a répondu avec diplomatie qu’un équilibre est nécessaire.
Il a indiqué avoir ressenti un sentiment de soulagement lorsqu’il a pris la décision de quitter ses fonctions. « J’ai accompli tout ce que je devais mener à bien lorsque j’ai pris ce poste, il y a plus de quatre ans. Nous sommes beaucoup plus unis aujourd’hui en tant que mouvement et c’est quelque chose dont je suis fier », a indiqué Roeh au Times of Israël.
L’homme, âgé de 63 ans, continuera à travailler comme président du conseil régional de Binyamin, mais a expliqué s’être senti de plus en plus mal à l’aise face à l’évolution des exigences du poste de président du Conseil de Yesha. « Je n’apprécie pas vraiment les apparitions publiques. Cela ne correspond tout simplement pas à qui je suis, a-t-il dit. Mais lorsque je rejette une invitation de l’ambassadeur américain pour assister à une fête organisée lors de la Journée de l’Indépendance, cela devient un problème susceptible de nuire à l’organisation. »
Le président du conseil régional de la vallée du Jourdain, David Elhayani, fait partie de la vingtaine de dirigeants d’implantations qui désigneront le prochain président du Conseil de Yesha. Ce résident d’Argaman a refusé de soutenir un candidat, disant que cet appui dépendrait des réponses que chacun des deux hommes en lice pour le scrutin donnerait lors de la réunion organisée lundi, avant le vote.
Il a toutefois tenu à commenter l’intention des deux candidats de conserver leurs rôles de président de conseils locaux, comme cela a été également le cas des anciens dirigeants du Conseil de Yesha.
« Cette mission est trop importante pour être partielle, a-t-il estimé, ajoutant qu’un certain nombre de membres du Conseil de Yesha ont tenté de recruter un troisième candidat venu de l’extérieur de l’organisation, et qui aurait consacré 100 % de son temps au poste.
Les responsables ont indiqué que d’éventuels autres postulants étaient en droit de soumettre leur candidature jusqu’au jour du vote.
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