Barkat critique le Trésor, propose un plan d’urgence aux firmes touchées par la guerre
Le ministre de l'Économie affirme que le plan d'indemnisation du ministère des Finances n'est pas complet et ne suffit pas à combler les pertes des entreprises dues à la guerre
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Le ministre des Finances, Nir Barkat, a fustigé mercredi le programme d’aide économique du ministère des Finances en temps de guerre et a présenté son propre plan de compensation pour aider les entreprises dont les revenus ont été affaiblis par la guerre contre le groupe terroriste du Hamas.
La proposition de Barkat remet directement en question le plan d’aide d’urgence présenté par les responsables du ministère des Finances la semaine dernière, qui a fait l’objet d’un examen minutieux ces derniers jours par les chefs des conseils régionaux des communautés du sud du pays ainsi que par des groupes de représentants d’entreprises.
« Les responsables du ministère des Finances ne comprennent pas que nous sommes en guerre », a déploré Barkat. « Le département du budget du ministère a présenté un plan qui ne va pas assez loin, et à mon avis, c’est une erreur. »
« Nous devons présenter un plan approfondi et à long terme », a-t-il demandé.
S’exprimant lors d’une réunion de la commission de l’Économie de la Knesset, Barkat a appelé à l’élargissement des zones géographiques ayant droit à l’aide d’urgence. Selon le plan du ministère des Finances, les entreprises de tout le pays qui ont été touchées par la guerre recevront une compensation pour la perte de revenus, mais seules celles qui se trouvent à moins de sept kilomètres de la frontière de Gaza auront droit à une compensation totale pour les dommages de guerre.
« Je ne vois pas quelle est la différence entre Ofakim, Sderot et Netivot… L’idée de départ devrait reposer sur le fait que les entreprises gravement impactées ont besoin d’un soutien plus important de la part de l’État », a affirmé Barkat. « Notre objectif est de permettre aux entreprises de survivre pendant la guerre et, simultanément, de les encourager à continuer d’employer des travailleurs ».

Plusieurs responsables du ministère des Finances invités à participer à la réunion de la commission ont déclaré qu’ils ne pouvaient pas y assister parce qu’ils étaient appelés à servir comme réservistes.
Barkat a expliqué que son plan permettrait à chaque entreprise d’employer des travailleurs à temps partiel. Les jours où un employé ne peut pas travailler, le gouvernement indemniserait les entreprises à hauteur de 70 %. Son plan propose également d’augmenter le montant des subventions pour les dépenses fixes présentées dans le schéma du Trésor pour les entreprises qui ont subi des pertes.
Gilad Kariv (Avoda) a appelé le ministre des Finances Bezalel Smotrich et Barkat à se ressaisir, déplorant qu’au 19e jour de la guerre avec le Hamas, le gouvernement n’ait toujours pas été capable de se mettre d’accord sur un programme complet d’aide d’urgence à l’économie.
Environ 200 000 Israéliens ont été déplacés à l’intérieur du pays en raison de la guerre entre Israël et le Hamas, qui a éclaté à la suite du massacre de 1 400 personnes par le groupe terroriste le 7 octobre dans le sud d’Israël, et compte tenu de l’escalade des accrochages avec le groupe terroriste du Hezbollah et les factions palestiniennes qui lui sont alliées à la frontière avec le Liban, au nord du pays.
« Cela fait presque trois semaines que la guerre a éclaté et le ministre des Finances et le ministre de l’Économie continuent à se faire la guerre aux dépens des citoyens », a affirmé Kariv.
Des associations professionnelles, dont l’Association des fabricants israéliens, ont déclaré ces derniers jours que le plan du Trésor était un pas dans la bonne direction mais déplorent le fait qu’il ne réponde pas aux besoins d’un grand nombre d’entreprises et de centaines de milliers de travailleurs, dont la situation est critique.

Selon l’association des fabricants, de nombreux employés pourraient se retrouver sans salaire parce qu’ils ne peuvent pas travailler soit par manque de services de garde d’enfants, soit à cause de la fermeture de nombreuses écoles et jardins d’enfants, ou encore par manque d’espaces protégés ou parce qu’ils ont eux-mêmes été mobilisés comme réservistes.
« Il y a une crise de confiance entre le secteur des affaires et le gouvernement », a déclaré Uriel Lynn, président de la Fédération des chambres de commerce israéliennes. « Les priorités budgétaires doivent être modifiées afin de transférer en premier lieu des fonds aux entreprises touchées ainsi qu’aux résidents qui ont été évacués de leur domicile ».
« Les entreprises ne doivent pas fermer pendant la guerre, les employeurs doivent être en mesure de payer les salaires et les travailleurs doivent gagner leur vie », a poursuivi Lynn.
Ron Tomer, président de l’association des fabricants, s’est également exprimé lors de la réunion de la commission et a déclaré qu’il était tout à fait d’accord avec le plan de Barkat.
« La flexibilité de l’emploi est extrêmement importante pour les entreprises et la population dans son ensemble », a déclaré Tomer. « Nous sommes dans une situation de détresse économique et nous devons créer un plan large et approfondi. »
De même, le président de la commission de l’Économie de la Knesset, David Bitan (Likud), a déclaré qu’il soutenait le plan de Barkat et a exhorté le gouvernement à en discuter.
« Le plan fournit une enveloppe économique adaptée aux besoins du secteur des affaires ; il nous faut cependant apporter des solutions à chaque secteur séparément », a ajouté Bitan. « Les entreprises ne cherchent pas à faire des bénéfices pendant la guerre, mais à survivre ».