Ben Gvir ne se prononce pas sur son intention – ou non – de modifier le status quo
Le ministre de la Sécurité nationale a condamné l'hypocrisie des USA, entre autres, pour avoir critiqué sa visite ; "le gouvernement d'Israël ne pliera pas", a-t-il assuré
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a refusé mardi soir de dire s’il chercherait à modifier le status quo sensible sur le mont du Temple pour y permettre la prière juive. Sa visite, sur ce lieu saint ultra-sensible, a déclenché la fureur à l’étranger et les critiques dans le pays. Il a accusé d’autres pays d’hypocrisie pour avoir condamné sa visite.
« Vous savez que je donne que des réponses claires. Si je ne veux pas répondre, je ne répondrai pas », a-t-il déclaré lorsqu’on lui a demandé, lors d’une interview sur la Douzième chaîne, s’il allait proposer de modifier le status quo afin que les visiteurs juifs du site, le lieu le plus sacré du judaïsme, soient autorisés – par le gouvernement – à y prier.
« Ce n’est pas le problème. La problématique du mont du Temple, c’est le racisme. Les Juifs ne peuvent pas y monter. Les Juifs sont traités comme s’ils étaient impurs. Les Juifs n’ont pas le droit de boire l’eau du robinet », a-t-il déclaré, esquivant également la question de savoir s’il autoriserait de s’adonner au sacrifice de Pessah sur le site.
Ben Gvir est depuis longtemps partisan d’une modification officielle du status quo sur le mont du Temple, où les musulmans sont autorisés à prier et à entrer sans trop de restrictions, tandis que les Juifs ne peuvent s’y rendre que pendant des périodes limitées, en passant par une seule porte et en suivant un itinéraire prédéterminé, escortés par la police. Le ministère de Ben Gvir supervise les forces de police.
Lors de son interview télévisée, la Douzième chaîne a diffusé des images de lui datant de la fin de l’année dernière. « C’est du racisme – vous ne pouvez pas dire que les Arabes peuvent y prier et que les Juifs ne le peuvent pas », y avait-il déclaré.
« Ne me mettez pas de mots dans la bouche », a-t-il répondu lorsqu’on lui a demandé s’il allait maintenant s’atteler, en tant que ministre de la Sécurité nationale, à changer le status quo.
« Je me battrai contre le racisme [sur le mont du Temple]. Au demeurant, la prière juive, je vous le dis, a lieu sur le mont du Temple. [L’ancien Premier ministre] Bennett l’a autorisée. [L’ancien Premier ministre] Lapid l’a autorisée. [L’ancien ministre de la Sécurité intérieure] Omer Barlev l’a autorisée », a-t-il ajouté.
Les Juifs ne sont pas autorisés à prier sur le site, ni à y apporter des objets religieux ou des drapeaux israéliens, bien que ces dernières années, la police ait de plus en plus souvent autorisé une prière silencieuse.
Ben Gvir a accusé les pays étrangers de faire preuve d’hypocrisie en condamnant sa visite sur le lieu saint, et non le groupe terroriste palestinien du Hamas ni l’Autorité palestinienne (AP) qui subventionne des terroristes.
Les États-Unis figurent parmi les pays qui ont décrié sa visite, de même que les pays arabes et musulmans avec lesquels Israël a des liens, notamment l’Égypte, la Jordanie, les Émirats arabes unis, le Bahreïn et la Turquie.
« Ce que disent les États-Unis a toujours de l’importance », a déclaré Ben Gvir. « J’aime les États-Unis, ils sont nos amis, mais j’attends d’eux qu’ils comprennent qu’ils doivent réellement se prononcer contre ceux qui lancent des bombes sur nos soldats, qui tentent d’assassiner nos bébés. »
Les États-Unis condamnent régulièrement les violences palestiniennes contre les Israéliens.
Ben Gvir a déclaré que sa visite du mont du Temple avait été planifiée à l’avance, même si elle a été perçue comme une surprise. Il a semblé confirmer que le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient approuvé la visite, hochant la tête lorsque les journalistes lui ont demandé si c’était le cas.
« Le gouvernement d’Israël ne pliera pas », a-t-il dit, citant les menaces du Hamas contre sa visite.
« Le statu quo » a « longtemps contribué à maintenir une paix et une sécurité fragiles autour des lieux saints », a souligné sur Twitter l’ambassadeur allemand en Israël, Steffen Seibert. L’Union européenne et la France ont aussi appelé au maintien du status quo.